Le rôle des sociétés d'Anatolie du sud-est dans la ... - IFEA
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sur les résultats d'une expérience unique, menée à Jalès par <strong>la</strong> Maison de l'Orient, sur un<br />
champ de céréales sauvages identiques à celles qui furent l'objet <strong>des</strong> premières<br />
dom<strong>est</strong>ications (Willcox 2000).<br />
II- les origines de l’apparition de l’agriculture<br />
Il semble logique de croire que l'agriculture, une fois inventée, <strong>est</strong> passée par une<br />
longue période d'essai avant d'être utilisée à grande échelle. D'ailleurs, il me semble peu<br />
probable que son invention ait eu lieu en contexte de pression extérieure et, sans discuter<br />
ici <strong>la</strong> possibilité d'une révolution mentale, je suivrai Cauvin pour dire qu'il s'agit d'une<br />
invention mettant en scène l'homme <strong>dans</strong> sa capacité intellectuelle à s'adapter à son<br />
milieu. Si cette idée peut paraître banale, on a longtemps cru, et on croit encore, que<br />
l’invention de l’agriculture était le simple pro<strong>du</strong>it <strong>des</strong> pressions extérieures, <strong>la</strong><br />
conséquence d’une nécessité dénuée de tout génie humain. L'homme vit, à cette époque,<br />
<strong>dans</strong> le milieu d'abondance naturelle qui a suivi le dernier épisode g<strong>la</strong>ciaire <strong>du</strong> Dryas. Il<br />
<strong>est</strong> maintenant reconnu que l’homme préhistorique, vivait <strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tive abondance<br />
(Sahlins 1976). Cependant, au Mésolithique et au Néolithique, cette abondance en<br />
végétaux sauvages et en gibier au Moyen-Orient fut telle qu’elle a permis à l'homme<br />
d’abandonner son mode de vie mobile, désormais inutile à l'obtention de nourriture. On a<br />
longtemps cru que c'<strong>est</strong> à cause d'une certaine pression (climatique telle que <strong>dans</strong> l'Oasis<br />
Theory de R. Pumpelly, ou démographique suivant le marginality model de Binford ) que<br />
l'homme a été poussé à inventer l'agriculture (Bar-Yosef 1992: 11). Etant donné les<br />
excellentes conditions naturelles qui régnaient partout à l'époque et <strong>la</strong> difficulté<br />
d’inventer et de bénéficier d’une technique aussi complexe que l’agriculture en peu de<br />
temps (sous <strong>la</strong> menace d’une pression), cette hypothèse <strong>est</strong> à sérieusement remettre en<br />
cause. Ainsi, puisque rien ne semb<strong>la</strong>it - et ne pouvait- presser l'homme à cette découverte,<br />
le phénomène a dû prendre beaucoup plus de temps que <strong>la</strong> "Révolution Néolithique" ne<br />
l'implique. Son invention <strong>est</strong>, à mon avis, à mettre au compte de <strong>la</strong> curiosité humaine<br />
envers les mécanismes de <strong>la</strong> nature. L'hypothèse de l’accident n'<strong>est</strong> pas non plus à écarter<br />
et peut être même complémentaire à <strong>la</strong> curiosité ; il <strong>est</strong> possible, par exemple, que les<br />
nouvelles pousses, visibles chaque année autour <strong>des</strong> aires de battage, aient éveillé leur<br />
attention (Willcox 2000: 135). <strong>Le</strong>urs observations se sont peut-être affinées <strong>du</strong> fait que,<br />
depuis leur sédentarité, les hommes étaient en permanence confrontés au même<br />
environnement. Une fois le procédé compris, l'homme a dû passer par de longues<br />
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