VI - Structures sociales et affiliations culturelles <strong>des</strong> sociétés anatoliennes 67
Suite aux différentes innovations de type économique et technique, et aux changements environnementaux et démographiques que nous avons traités, <strong>la</strong> néolithisation entraîne un changement irréversible <strong>des</strong> structures sociales, qu’il nous faut maintenant tenter d’établir et de comprendre. Pour ce<strong>la</strong>, il faut essayer d’élucider les modalités de cette transformation, afin de pouvoir identifier au mieux le type de société correspondant à chaque période. Nous pouvons supposer d’emblée que ces structures sociales évoluent par étapes, parallèlement aux autres innovations humaines <strong>du</strong> Néolithique, et ainsi corroborer, ou non, nos conclusions. Parallèlement, nous résumerons les affiliations culturelles de ces groupes, <strong>dans</strong> un but de reconstitution historique et chrono-culturelle, et en les rattachant à ces types d’organisation sociale. <strong>Le</strong>s travaux <strong>des</strong> anthropologues évolutionnistes, notamment marxistes, ont échafaudé <strong>des</strong> systèmes de lignée comprenant <strong>des</strong> phases d’organisation sociale très strictes par lesquelles tout groupe humain doit, tôt ou tard, passer. Ces phases telles que <strong>la</strong> bande, <strong>la</strong> tribu, <strong>la</strong> chefferie ou l’Etat sont attribuées à <strong>des</strong> concepts socio-économiques comme l’esc<strong>la</strong>vagisme, le féodalisme, le capitalisme ou le communisme (Trigger 1989 : 292). Nous savons aujourd’hui que ce schéma évolutif <strong>est</strong> beaucoup plus complexe et doit tenir compte <strong>des</strong> déterminations environnementales, <strong>des</strong> diffusions culturelles brutales etc. Si l’on peut cependant définir un type de société auquel les groupes étudiés ici doivent appartenir, nous nous p<strong>la</strong>cerons <strong>dans</strong> une vision également évolutionniste. Nous nous fonderons sur <strong>des</strong> travaux ethnologiques pour nous permettre de réaliser ces identifications. Pour <strong>la</strong> Période I, il <strong>est</strong> c<strong>la</strong>ir que, même parmi les sociétés les plus anciennes étudiées ici, nous ne sommes déjà plus <strong>dans</strong> un cas de communisme primitif tel que T<strong>est</strong>art (1985 : 84-5) le définit, c’<strong>est</strong>-à-dire <strong>dans</strong> un système de non-appropriation <strong>des</strong> pro<strong>du</strong>its par le pro<strong>du</strong>cteur, mais par <strong>la</strong> communauté. Nous sommes plutôt <strong>dans</strong> une société de chasseurs-cueilleurs sédentaires et stockeurs où les inégalités commencent déjà à apparaître (T<strong>est</strong>art 1982 : 136-7 ; Trigger 1989 : 399). Selon T<strong>est</strong>art, c’<strong>est</strong> le stockage et le développement <strong>des</strong> techniques de conservation <strong>des</strong> denrées saisonnières qui sont à <strong>la</strong> base de <strong>la</strong> sédentarisation et <strong>des</strong> inégalités, à travers l’appropriation <strong>du</strong> surtravail <strong>des</strong> pro<strong>du</strong>cteurs par un exploiteur. 68