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Eau, assainissement et développement durable – Les ... - pseau

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EAU, ASSAINISSEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE : LES ENJEUX DANS LES VILLES DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT<br />

> CHAPITRE 2<br />

• Comment fixer le volume limite de la tranche sociale ?<br />

Le premier paramètre à définir est le volume de la tranche de consommation correspondant aux<br />

besoins de base. Ce volume peut varier considérablement selon les pays. Il est, par exemple, de 6<br />

m 3 mensuels en Afrique du Sud, 14 au Tchad <strong>et</strong> 25 à Bangalore (Inde). Il est raisonnable de considérer<br />

qu’une tranche supérieure à 10 m 3 par mois est trop élevée <strong>et</strong> ne cible qu’insuffisamment<br />

les p<strong>et</strong>its consommateurs.<br />

• Comment fixer le prix de la tranche sociale ?<br />

La tranche sociale peut être subventionnée grâce aux revenus générés par les autres tranches,<br />

grâce aux apports des contribuables, ou encore à ceux des institutions financières internationales.<br />

L’objectif est de modérer le tarif du service utilisé pour les besoins vitaux des usagers les<br />

plus démunis, tout en restant cohérent <strong>et</strong> en conservant les principales caractéristiques de ce<br />

service. Un tarif socialement acceptable peut se définir en pourcentage du revenu : il doit alors<br />

rester inférieur à 3% environ des revenus du ménage.<br />

• Comment répartir les charges fixes ?<br />

Une structure de tarifs mal définie est préjudiciable à la fois à l’opérateur <strong>et</strong> aux usagers. De façon<br />

générale, un forfait tout compris pour les dix ou quinze premiers mètres cubes pénalise les<br />

ménages défavorisés qui consomment moins. La présence de coûts fixes élevés tend à alourdir la<br />

facture des p<strong>et</strong>its consommateurs. De nombreux systèmes n’introduisent donc ces coûts qu’à<br />

partir de la deuxième tranche de consommation.<br />

La mise en place d’un système de tarification progressive, par tranches, comporte plusieurs risques.<br />

Tout d’abord, les subventions associées à la tranche sociale ne doivent pas entraîner l’apparition de<br />

tarifs trop élevés pour les autres catégories d’usagers. En eff<strong>et</strong>, dans certaines grandes villes, la population<br />

composée par les foyers défavorisés éligibles à la tranche sociale peut représenter une part<br />

très importante de la population totale (jusqu’à 30% dans certains cas) <strong>et</strong> constituer alors une<br />

charge financière considérable. Ensuite, ces systèmes de tarification sont susceptibles de s’accompagner<br />

d’eff<strong>et</strong>s pervers difficiles à corriger.<br />

Par exemple, le partage d’une même connexion entre plusieurs foyers entraîne automatiquement<br />

une augmentation des volumes consommés. Ce partage annule donc l’eff<strong>et</strong> positif induit par le<br />

système de tarification progressive. On observe cependant que la revente de voisinage est relativement<br />

développée, car un certain nombre d’abonnés deviennent des fournisseurs de leurs voisins<br />

non-abonnés en les laissant s’approvisionner à leur branchement extérieur en échange d’une rémunération.<br />

Ces revendeurs agissent alors comme des agents économiquement rationnels <strong>et</strong> ils ont<br />

tendance à indexer leur tarif de revente sur le prix au mètre cube pratiqué dans la tranche de<br />

consommation la plus élevée. Dans certains cas, le tarif de revente augmenté du bénéfice réalisé par<br />

le revendeur dépasse même largement le prix pratiqué dans les tranches les plus élevées. Le nombre<br />

de ménages non abonnés augmente alors, bien qu’ils paient finalement très cher l’accès à un service<br />

dont ils ne profitent pas officiellement, mais qui devient en réalité très rentable pour d’autres.<br />

A Hô Chi Minh Ville (Vi<strong>et</strong>nam), le système de revente d’eau à partir d’un branchement est accepté<br />

sous réserve que l’abonné-revendeur possède un compteur. En eff<strong>et</strong>, c<strong>et</strong>te pratique a été progressivement<br />

légalisée. A Jakarta (Indonésie), la revente d’eau par les abonnés de la PAM JAYA, quoique<br />

couramment pratiquée, a été interdite jusqu’en 1990, puis récemment légalisée. Aucun barème de<br />

prix n’a cependant été fixé. Ainsi, les tarifs de revente restent déterminés par la loi de l’offre <strong>et</strong> de la<br />

demande de voisinage, selon une logique de concurrence.<br />

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