Eau, assainissement et développement durable – Les ... - pseau
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EAU, ASSAINISSEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE : LES ENJEUX DANS LES VILLES DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT<br />
> CHAPITRE 3<br />
◗ 3.2 DYNAMIQUE DES RÉFORMES SECTORIELLES<br />
<strong>Les</strong> politiques de décentralisation entreprises dans de nombreux pays en développement, bien qu’encore<br />
souvent imparfaites, ont contribué à rapprocher les décideurs <strong>et</strong> les habitants en favorisant une<br />
participation accrue de ces derniers <strong>et</strong> en leur assurant une meilleure visibilité à la fois en tant que<br />
citoyens <strong>et</strong> usagers.<br />
Service de proximité par excellence, le service de l’eau se trouve au cœur de ces importantes réformes.<br />
Au même titre que les États reconnaissent progressivement l’insuffisance de solutions uniformes <strong>et</strong><br />
centralisées à l’échelle nationale, les collectivités locales prennent conscience que les solutions<br />
conçues pour un territoire urbain trop vaste <strong>et</strong> en pleine expansion souffrent d’importantes limites. A<br />
la fin des années 1990, au Burkina Faso <strong>et</strong> au Mali par exemple, la nécessité de professionnaliser la<br />
gestion <strong>et</strong> la maintenance des équipements de distribution d’eau <strong>et</strong> d’<strong>assainissement</strong> a conduit les<br />
administrations à lancer une réforme de la politique sectorielle, tandis qu’étaient adoptées des lois de<br />
décentralisation prévoyant le transfert de la maîtrise d’ouvrage de l’État vers les collectivités locales<br />
pour l’alimentation en eau potable. Ces nouvelles orientations reposent sur la « délégation en cascade »<br />
des différentes fonctions (production, distribution, maintenance des équipements, conseil, <strong>et</strong>c.) entre<br />
collectifs d’usagers constitués en associations, opérateurs privés d’envergure nationale voire internationale,<br />
p<strong>et</strong>its opérateurs privés du secteur informel <strong>et</strong> collectivités locales.<br />
Dans ces deux pays, ces évolutions se traduisent par la mise en place de partenariats, selon l’expression<br />
de Denis de Rougemont, l’une des grandes voix fédéralistes, « à géométrie variable » :<br />
• Au Burkina Faso, la réforme des modalités de maintenance des équipements d’alimentation en<br />
eau potable en milieu rural <strong>et</strong> semi-urbain prévoit un transfert de responsabilités à des opérateurs<br />
privés. Ces opérateurs, agréés par les services techniques de l’État <strong>et</strong> sélectionnés dans le<br />
cadre de procédures d’appels d’offres, se voient ainsi confier des zones de concession (en moyenne<br />
deux à trois provinces) correspondant à un parc d’équipements suffisamment important pour<br />
rendre une péréquation possible entre les différents centres.<br />
• Au Mali, la stratégie nationale repose sur les compétences des associations d’usagers développées<br />
depuis quelques années. Ces dernières se sont, d’ailleurs, regroupées en syndicats d’exploitants<br />
afin d’exiger le paiement des factures d’eau des services déconcentrés de l’État. Ces associations<br />
d’usagers ont aussi passé avec les autorités publiques un contrat de délégation destiné à la<br />
gestion du service de l’eau. Dans le cadre des lois de décentralisation, ce contrat de délégation sera<br />
passé avec les collectivités locales.<br />
Dans la continuité de ce type de réformes sectorielles engagées par les autorités publiques dans de<br />
nombreux pays en développement, les logiques d’ouverture <strong>et</strong> de partenariats élargis présentent un<br />
intérêt majeur pour l’intégration des quartiers périurbains défavorisés. Ainsi, la spécialisation des<br />
acteurs <strong>et</strong> l’acceptation concertée du transfert de certaines maîtrises d’ouvrage – y compris à niveau<br />
très local – favorisent l’émergence de solutions bien adaptées aux besoins des usagers <strong>et</strong> à leurs<br />
contraintes réelles.<br />
La formalisation de partenariats sur le terrain constitue une première façon d’améliorer la fourniture<br />
globale de services. <strong>Les</strong> collectivités publiques ont intérêt à encadrer les dynamismes citadins informels<br />
par des délégations de service contractualisées <strong>et</strong> confiées à des associations ou à des groupe-<br />
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