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Eau, assainissement et développement durable – Les ... - pseau

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EAU, ASSAINISSEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE : LES ENJEUX DANS LES VILLES DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT<br />

> CHAPITRE 2<br />

<strong>Les</strong> associations de quartier <strong>et</strong>, dans certains cas, les ONG sont susceptibles d’apporter des expériences<br />

de terrain <strong>et</strong> des solutions innovantes en matière de fixation des tarifs. Elles connaissent également<br />

les modes de recouvrement <strong>et</strong> de paiement adaptés à la situation des ménages défavorisés qu’elles<br />

côtoient au quotidien. Elles peuvent ainsi m<strong>et</strong>tre en œuvre des systèmes de proximité pour le relevé,<br />

la facturation <strong>et</strong> le recouvrement, systèmes à la fois plus efficaces <strong>et</strong> adaptés aux besoins des populations.<br />

Enfin, ces associations peuvent aider les habitants à mieux négocier les tarifs des services <strong>et</strong><br />

les conditions de paiement afin d’éviter, notamment, de se trouver sous la pression d’un monopole.<br />

> Quand le tarif social s’avère onéreux : les limites de la tarification sociale<br />

Jusqu’au début des années 1990, la plupart des pays en développement ont conçu le service public d’approvisionnement<br />

en eau potable comme un service étatique. Ce service se déclinait suivant deux grands principes<br />

: une gestion entièrement assurée par un opérateur public <strong>et</strong> des règles tarifaires discriminantes.<br />

La discrimination tarifaire reposait sur une logique économique <strong>et</strong> sociale. Elle était économique dans la<br />

mesure où la régie, le service ou la société publique cherchaient à assurer l’équilibre financier du service<br />

procuré <strong>et</strong> sociale dans la mesure où elle visait à répercuter sur les gros consommateurs, réputés riches, le<br />

prix social (voire la gratuité) qu’elle accordait aux p<strong>et</strong>its consommateurs, réputés pauvres. Ce système fonctionnait<br />

selon le principe des subventions croisées. La discrimination était positive.<br />

Afin de m<strong>et</strong>tre en œuvre c<strong>et</strong>te logique sociale, le tarif de l’eau s’échelonnait par tranches. Une première<br />

tranche de consommation était à un prix réduit, bien en deçà du coût de revient de l’eau produite. C<strong>et</strong>te<br />

première tranche perm<strong>et</strong>tait ainsi à tout abonné de profiter d’un minimum de consommation qui lui garantissait<br />

de l’eau potable. Une seconde tranche, au-delà d’un cubage minimum, correspondait plus ou moins<br />

au prix de revient. Une troisième tranche, concernant des consommations élevées, était facturée à un prix<br />

supérieur. En résumé, le tarif était dit progressif avec un minimum de consommation. Enfin, tandis que ce<br />

système fonctionnait entre abonnés par subventions croisées, une péréquation existait aussi entre abonnés<br />

<strong>et</strong> non abonnés grâce à l’existence de bornes fontaines publiques, gratuites pour tous.<br />

Ce système tarifaire a montré la théorie des eff<strong>et</strong>s pervers. En eff<strong>et</strong>, les usagers ne se sont pas comportés de<br />

la manière souhaitée. Tout d’abord, les tarifs sociaux n’ont pas incité les usagers à s’abonner, le coût d’accès<br />

au branchement étant souvent hors de portée. Ensuite, un nouveau type de consommateurs, les « voisins »,<br />

s’est développé autour des bornes fontaines entre les abonnés <strong>et</strong> les usagers.<br />

<strong>Les</strong> non-abonnés éloignés des bornes-fontaines publiques ont très souvent adopté de nouvelles stratégies<br />

d’approvisionnement, en sollicitant essentiellement leurs voisins abonnés. Ces derniers sont ainsi devenus<br />

des revendeurs d’eau, laissant leurs voisins s’approvisionner à leur branchement extérieur contre une rémunération<br />

du service. Ces revendeurs ont trouvé un intérêt certain à revendre l’eau.<br />

En répercutant sur leurs nouveaux clients le coût total de leur facture, ils ont ainsi assuré la gratuité de leur<br />

propre consommation. Il leur suffisait d’adopter le principe du coût marginal consistant à faire payer au<br />

voisin non le coût moyen des trois tranches, mais le coût du mètre cube de la dernière tranche, donc le coût<br />

le plus élevé. Ces revendeurs (présumés riches) ont prélevé une marge sur le service octroyé afin de répercuter<br />

sur leurs clients (présumés pauvres) leur propre consommation si bien que le prix de revente au voisinage<br />

est devenu largement supérieur au coût de la troisième tranche, assurant ainsi une rentabilité pour les<br />

vendeurs.<br />

Source : GRET, programme Solidarité-<strong>Eau</strong><br />

Figure 2.5<br />

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