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Novembre

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C’est ensuite au tour d’Epitace Ningabire d’affirmer qu’il a été recruté par un certain Jean-Régis<br />

Nduwimana, lui-même en contact avec un enquêteur de Human Rights Watch (HRW), pour simuler,<br />

en uniforme policier, des actes de viols sur une fille. Il ajoute que des photos ont alors été prises<br />

pour faire accuser les forces de l’ordre de commettre des violences sexuelles contre des femmes.<br />

Pourtant, les rapports de l’organisation de défense des droits humains sont essentiellement<br />

fondés sur des témoignages et non sur des photos. Il soutient également que HRW, par le biais de<br />

Jean-Régis Nduwimana, a contribué à l’alimentation et au ravitaillement de manifestants. Selon<br />

les dires d’Epitace Ningabire, Jean-Régis Nduwimana était aussi l’informateur de Sonia Rolley,<br />

l’envoyée spéciale de RFI, qui a rédigé en janvier 2016 un article sur les viols commis par les<br />

services de sécurité burundais 186 , laissant entendre que la journaliste a fondé son article sur de<br />

fausses informations. Médecins Sans Frontières et les équipes de la Croix Rouge présentes au<br />

Burundi sont également accusées d’avoir soigné, protégé et caché des insurgés.<br />

Alors que certains tenants du pouvoir ont profité de cette occasion pour dénoncer un complot<br />

international, les enquêtes de nos organisations semblent bien plutôt révéler que ces discours<br />

sont au service d’une propagande d’État visant à blanchir les autorités de crimes qu’elles<br />

ont vraisemblablement commandités et à incriminer l’opposition armée sur la base de faux<br />

témoignages. Cette propagande, fondée sur une désinformation et une rhétorique complotiste<br />

est illustrée par cette phrase tirée d’un communiqué du parti au pouvoir daté du 26 mars 2016 :<br />

« Les organisations non étatiques nationales et internationales ont été citées dans cette insurrection<br />

comme agents organisateurs de déstabilisation du pays. Toute la communauté Internationale s’est<br />

liguée pour les défendre et a mis en marche la machine de diabolisation contre le pouvoir du Parti CNDD-<br />

FDD et son Gouvernement qui en est issu » 187 .<br />

3. 10. 3. Décrédibiliser le travail des organisations de défense des droits<br />

humains<br />

Différentes organisations de la société civile burundaise et internationale – notamment Amnesty<br />

International, Human Rights Watch, la FIDH et la Ligue ITEKA – sont régulièrement accusées de<br />

soutenir les opposants au régime et de diffuser de fausses informations sur les crimes commis par<br />

les services de sécurité burundais. Par exemple, dans son communiqué du 26 juillet 2016, Pascal<br />

Nyabenda, le président du parti, déclare ainsi que « les associations dites de respect des droits de<br />

l’Homme dans le monde telles que Human Right Watch, FIDH, Ligue ITEKA, Amnesty International, etc.,<br />

jusqu’au Haut Commissaire aux droits de l’Homme, M. Zeid Ra’ad Ali-Hussein, [...] ont exprimé depuis<br />

2014 leur soutien sans faille aux putschistes du 13 mai 2015 contre les institutions démocratiquement<br />

élues ». Ajoutant que « là où les ennemis de la démocratie ne sont pas arrivés, ces organisations et<br />

leurs responsables ont agi en lieu et place de leurs protégés » 188 . La FIDH et la Ligue ITEKA sont ainsi<br />

accusées de protéger et de soutenir les « putschistes », remettant ainsi en cause l’indépendance<br />

de nos organisations dans le but de décrédibiliser leur travail de documentation et de dénonciation<br />

des exactions du régime 189 .<br />

186. Voir l’article de RFI, « Crise au Burundi: recrudescence des violences sexuelles à Bujumbura », 3 janvier 2016,<br />

http://www.rfi.fr/afrique/20160103-burundi-recrudescence-viols-quartiers-contestataires<br />

187. Communiqué n° 006/2016 du parti CNDD-FDD du 26 mars 2016, http://cndd-fdd.net/2016/03/29/communique-n-<br />

0062016-du-parti-cndd-fdd-du-26-mars-2016/<br />

188. Communiqué du CNDD-FDD du 26 juillet 2016, http://cndd-fdd.net/2016/03/29/communique-n-0062016-du-particndd-fdd-du-26-mars-2016/<br />

189. Voir également les accusations portées par le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, contre les organisations<br />

de défense des droits humains et « leurs satellites », suite aux révélations faites par certaines de ces organisations<br />

(Amnesty International, la FIDH et la Ligue ITEKA) sur les exactions des forces de sécurité au moment des<br />

événements du 11 décembre 2015, Iwacu, « Controverse autour d’un charnier », 7 mars 2016, http://www.iwacuburundi.org/controverse-autour-dun-charnier/<br />

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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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