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Novembre

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hommes, 351 mineurs et 138 femmes), dont au moins 3 477 peuvent être qualifiées d’arbitraires » 34 ,<br />

dont la majorité étaient des arrestations arbitraires motivées politiquement. Rien que pour le mois<br />

de septembre 2015, le HCDH a indiqué que plus de 704 arrestations avaient eu lieu 35 et qu’une<br />

grande partie de ce phénomène échappait à toute possibilité de recensement. Comme l’ont attesté<br />

de nombreux habitants de Bujumbura, à partir du mois de septembre, les quartiers contestataires<br />

de la capitale ont commencé à se « vider » et les échoppes à fermer. La grande majorité des<br />

hommes de ces quartiers ont été victimes de la répression du régime : ils ont été menacés et<br />

arrêtés, ont été voire sont toujours détenus, ont fui la capitale ou le pays, ont parfois été enlevés<br />

sans qu’aucune information sur leur sort ne soit connue. Certains ont même été exécutés, leur<br />

corps étant retrouvé peu après leur arrestation dans divers quartiers de la capitale ou en dehors.<br />

D’après les informations de la FIDH et de la Ligue ITEKA, entre avril 2015 et avril 2016, plus de<br />

8 000 personnes ont été détenues pour des motifs politiques et des milliers d’autres arrêtées.<br />

Ces arrestations à caractère massif, généralisé et systématique et à motivation d’ordre politique<br />

et parfois ethnique – les membres de la minorité tutsi étant des cibles privilégiées – pourraient<br />

être constitutives de crime contre l’humanité, dont les auteurs devront répondre devant la justice.<br />

Les opérations d’arrestations massives ou les affrontements avec de jeunes Burundais ayant<br />

rejoint des bandes armées à Bujumbura et ailleurs dans le pays ont également été l’occasion pour<br />

les forces de sécurité burundaises de se livrer à des exécutions sommaires et extrajudiciaires.<br />

Avant janvier 2016, et de façon régulière, des cadavres de civils étaient retrouvés dans les rues<br />

de Bujumbura à la suite de descentes des forces de l’ordre dans les quartiers contestataires.<br />

À chaque fois, les victimes – en grande majorité des individus en tenue civile – semblaient avoir<br />

été assassinées par des balles tirées à bout portant et bout touchant dans la tête, dans l’abdomen<br />

ou dans le dos. À la suite de tels épisodes de violence et à diverses reprises au cours de l’année<br />

passée 36 , nos organisations ont interrogé des habitants, des témoins et des victimes qui ont attesté<br />

avoir vu des éléments des forces de sécurité, souvent accompagnés d’Imbonerakure, pénétrer dans<br />

des parcelles et tirer à balles réelles sur des civils. Parfois, ils sont entrés dans les maisons, ont<br />

demandé aux hommes de sortir, les ont fait s’agenouiller sur la voie publique et les ont exécutés<br />

publiquement. De nombreuses photos, qui ont été directement envoyées à nos organisations par<br />

des observateurs locaux ou qui ont circulé sur Internet et les réseaux sociaux immédiatement<br />

après les faits ont corroboré ces informations. Elles montrent des cadavres d’hommes perforés<br />

de balles, vêtus de tenues civiles, portant parfois des traces de torture et souvent retrouvés les<br />

mains liées dans le dos.<br />

Depuis le début de la crise, la police, le SNR, les Imbonerakure et parfois certaines unités de l’armée<br />

infligent également des mauvais traitements et actes de torture de façon généralisée et de plus<br />

en plus systématique aux personnes arrêtées et suspectées d’être opposées au pouvoir en place.<br />

De nombreux témoignages recueillis par la FIDH et la Ligue ITEKA indiquent qu’au moment des<br />

arrestations, les individus sont systématiquement passés à tabac. Les détenus sont également<br />

torturés à leur arrivée dans les lieux de détention, qu’ils soient légaux ou illégaux, et pendant toute<br />

la période de la détention. En avril 2016, les Nations unies, qui ont accès aux lieux de détention<br />

officiels, ont indiqué avoir recensé 595 cas de personnes victimes de torture ou de mauvais<br />

traitements depuis avril 2015 37 , précisant que ce chiffre était probablement sous-estimé compte<br />

34. Rapport du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme sur la situation des droits de l’Homme<br />

au Burundi, A/HRC/32/30, 17 juin 2016, www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/.../A_HRC_32_30_<br />

en.docx<br />

35. Déclaration du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, publiée le 28 septembre 2015 :<br />

http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=16507&LangID=F<br />

36. Notamment après les exécutions sommaires par les forces de sécurité burundaises du 3 octobre à Cibitoke (8 civils<br />

tués), du 13 octobre à Ngagara (8 civils tués), du 30 octobre à Buringa (7 civils tués), du 7 novembre dans un bar à<br />

Kanyosha (9 civils tués), du 9 décembre dans la zone de Cibitoke (5 civils tués).<br />

37. Rapport du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.<br />

asp?NewsID=37041#.V-5O99Fb89 ; « Les cas de torture et de détention illégale en hausse », le 18 avril 2016,<br />

30<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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