15.11.2016 Views

Novembre

2fUWdE3

2fUWdE3

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

EXÉCUTIONS SOMMAIRES ET EXTRAJUDICIAIRES PAR<br />

LES CORPS DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ BURUNDAIS<br />

« Les exactions sont le fait de “comportements individuels”, […] mais le pouvoir<br />

n’organise pas cela. C’est un pouvoir qui prêche la paix tous les jours ».<br />

Le Secrétaire permanent aux Relations extérieures du Burundi dans un entretien avec la FIDH,<br />

le 24 mars 2016, Bujumbura.<br />

Depuis le début de la crise, plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’exécutions sommaires<br />

et extrajudiciaires ont été perpétrées par les services de défense et de sécurité burundais 83 . Les<br />

victimes sont le plus souvent des civils non armés, en particulier des hommes suspectés d’être<br />

opposés au régime en place, d’avoir participé aux manifestations ou de soutenir des groupes<br />

armés rebelles. Ces violences touchent de plus en plus des femmes et des mineurs. Avant les<br />

événements des 11 et 12 décembre 2015, ces exécutions étaient pour la plus part commises au vu<br />

et au su de tous, même si l’on estime que nombre d’entre elles ont échappé à tout recensement 84 .<br />

Depuis janvier 2016, les services de sécurité cherchent à ce que ces violations « passent sous le<br />

radar » de la communauté internationale et de nombreuses exécutions sont commises dans des<br />

endroits reculés, à l’abri des regards. Les « disparus », en fait le plus souvent des personnes qui<br />

ont été exécutées, sont placées dans des fosses communes pour dissimuler l’ampleur, la nature<br />

et les preuves de la répression.<br />

3. 1. 1. Exécutions au grand jour : opérations de représailles contre des civils<br />

Au début de la crise, des exécutions sommaires publiques ont été commises dans deux cas de<br />

figure : à la suite des grandes manifestations et à la suite d’attaques réelles ou supposées de<br />

jeunes armés ou des groupes armés rebelles. Les exécutions sommaires sont utilisées comme<br />

un outil de représailles ou de punition à l’encontre d’une partie de la population perçue comme<br />

opposée au pouvoir en place et tendent à démontrer la détermination du régime à se maintenir<br />

au pouvoir en toute impunité.<br />

La FIDH et la Ligue ITEKA ont documenté des dizaines d’exécutions extrajudiciaires commises<br />

par les services de sécurité depuis avril 2015. Les cas documentés ci-dessous ne constituent en<br />

rien une liste exhaustive. Ils permettent cependant de mettre en avant l’intention à l’œuvre et le<br />

modus operandi auquel ont recours les auteurs de ces exactions.<br />

Les exécutions de Mutakura du 1 er juillet 2015<br />

Le 1 er juillet 2015, la police a mené des opérations de recherche d’armes dans le quartier de<br />

Mutakura, fief de la contestation anti-troisième mandat. D’après des sources policières, une<br />

patrouille avait été attaquée dans la matinée par un groupe d’hommes armés qui auraient lancé<br />

en leur direction trois grenades, ayant blessé deux policiers et tué l’un d’entre eux. Les forces de<br />

l’ordre ont bouclé les lieux, les journalistes se voyant refuser l’accès au quartier et ont procédé à une<br />

83. D’après les informations recueillies par la FIDH et la Ligue ITEKA depuis avril 2015. Voir également le rapport de<br />

l’EINUB (op. cit.), paragraphe 40, « Les informations reçues et vérifiées par l’EINUB appuient la conclusion que les<br />

exécutions ont été commises à grande échelle par les forces de sécurité, souvent soutenues par les Imbonerakure ».<br />

http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/UNIIB/Pages/UNIIB.aspx<br />

84. Notamment en raison des difficultés que rencontrent les organisations de défense des droits humains nationales et<br />

internationales pour documenter ces violations (les témoins sont intimidés, menacés parfois arrêtés et exécutés ;<br />

les exactions sont commises dans des lieux secrets ; les preuves sont dissimulées par les auteurs des crimes ; etc.).<br />

46<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!