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Novembre

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Les cas de Christa Bénigne Irakoze, responsable de la branche féminine du Parti SAHWANYA-<br />

FRODEBU en Province de Bujumbura, et Eddy Claude Ndabaneze, ancien officier ex-FAB le<br />

confirment. Le 29 décembre 2015, ces deux individus ont été arrêtés à Rubirizi vers 11 h 30 par<br />

des militaires conduits par le lieutenant-colonel Darius Ikurakure, ancien commandant du Camp<br />

du Bataillon génie des combats (BCG) de Muzinda, d’après les informations transmises à nos<br />

organisations par des sources crédibles. D’après le Forum pour la Conscience et le Développement<br />

(FOCODE), organisation burundaise de défense des droits humains, informée par une source<br />

interne au SNR, ils auraient d’abord été détenus dans un cachot du SNR situé au quartier 10 de<br />

Ngagara où ils ont subi des actes de torture. Ils auraient ensuite été conduits dans une maison<br />

louée par le SNR à Mutanga nord, avant d’être conduits à Muberure en zone Benga dans la province<br />

de Bujumbura où ils auraient été exécutés par deux policiers. Le FOCODE indique que « selon les<br />

familles des deux victimes, le véhicule que conduisait Madame Christa Bénigne Irakoze le jour de<br />

son arrestation (une Toyota Allion de couleur grise Plaque IA 1878) est utilisé par un employé du<br />

SNR. Une maison de Monsieur Eddy Claude Ndabaneze située à Kinyankonge a été transformée<br />

en une position militaire après la disparition de son propriétaire. » 172<br />

La FIDH et la Ligue ITEKA ont également recueilli le témoignage de Jean 173 , un étudiant de<br />

l’université des Grands Lacs, habitant à Mutakura. Il a confié à la mission avoir été arrêté mi-janvier<br />

2016 vers midi par des militaires du BGC alors qu’il rentrait de la faculté. Après qu’on lui a posé<br />

les questions habituelles : « Où se trouvent les rebelles ? », « Où sont les caches d’armes ? », il dit<br />

avoir été transféré et détenu dans une maison privée au sein d’une parcelle inhabitée, transformée<br />

en position militaire administrée par le lieutenant-colonel Darius Ikurakure au numéro 19 de la<br />

3 ème avenue du quartier de Cibitoke. Ce témoignage est corroboré par plusieurs témoignages<br />

d’habitants du quartier de Cibitoke. Jean affirme avoir été détenu avec au moins onze autres<br />

hommes. Il a été libéré le jour même après que sa famille a payé une rançon de 300 000 francs<br />

burundais (environ 160 euros) 174 – (cf. infra – Lieux illégaux et secrets de détention).<br />

EMPÊCHER LA DOCUMENTATION DES VIOLATIONS DES<br />

DROITS HUMAINS<br />

Ce climat d’intimidation des victimes rentre dans une stratégie plus large d’empêchement de la<br />

documentation des crimes commis par les forces de sécurité burundais. En effet, de nombreux<br />

témoignages confirment que les forces de sécurité se livrent à des pratiques illégales afin de limiter<br />

voire d’empêcher la documentation des violations des droits humains. Par exemple, l’accès des<br />

journalistes aux lieux d’homicides est souvent refusé ou restreint. Les quartiers sont bouclés pour<br />

éviter que de potentiels témoins ne circulent dans les rues.<br />

Les agents de l’État tentent d’empêcher les habitants de prendre des photos ou des vidéos<br />

lorsque des crimes sont commis. Ils réquisitionnent les téléphones portables lors de fouilles et<br />

de perquisitions, afin d’éviter que des éléments de preuve pouvant directement les incriminer ne<br />

soient rassemblés. Les voisins sont empêchés de sortir dans la rue et d’assister aux fouilles, le but<br />

étant de minimiser le nombre de témoins. Un jeune homme, arbitrairement arrêté par la police en<br />

février 2016 dans une rue du quartier de Nyakabiga, à Bujumbura, a déclaré à la mission qu’un des<br />

policiers « a frappé un voisin qui était sorti pour regarder la scène ». Cet habitant a été intimé de<br />

rentrer chez lui après avoir reçu des coups au visage.<br />

172. FOCODE, Déclaration du 10 février 2016, http://www.focode.org/declaration-du-focode-du-10-fevrier-2016/<br />

173. Le prénom a été modifié.<br />

174. Au mois d’octobre 2016.<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 97

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