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Novembre

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choisit de revenir au Burundi. Sur le chemin du retour, il est arrêté à bord d’un bus et conduit dans<br />

un endroit inconnu après qu’on lui a injecté dans le sang un produit non identifié. Il témoigne de<br />

son calvaire :<br />

« Je prends le bus OTRACO et je traverse la frontière de Kanyaru sans problème. Arrivé en<br />

province de Kayanza, le chauffeur de notre bus s’arrête brusquement et je vois quatre personnes<br />

toutes armées de fusils. La première d’entre elles (en tenue de police) va parler au chauffeur, la<br />

deuxième se pointe à la portière du côté des passagers, les deux autres se dirigent directement<br />

à la fenêtre à côté de laquelle je suis assis. Ils m’ordonnent en me visant avec leurs fusils de<br />

descendre du bus. Dès que je suis sorti, ils menacent les autres passagers en disant : “Si l’un<br />

d’entre vous ouvre la bouche pour dire ce qui s’est passé on le cherchera et on le tuera” et ils<br />

disent au chauffeur de partir à grande vitesse sans se retourner.<br />

Ils me font quitter la route principale et me font marcher à peu près 10 mètres jusque là où<br />

était garée une voiture de type probox. Pendant qu’on va vers la voiture, ils me frappent, me<br />

donnent des coups de pied en disant : “Sale chien de Tutsi, tu croyais qu’on ne t’attraperait<br />

pas ? Nous allons te tuer et personne ne saura où se trouvent tes restes.” Ils me font alors<br />

entrer dedans et ils m’injectent quelque chose dans le bras après m’avoir mis une cagoule.<br />

La voiture démarre et après quelques minutes, je sombre dans un profond sommeil pour me<br />

réveiller la nuit dans une maison toute obscure.<br />

Quand je me suis réveillé, je ne voyais personne, mais j’entendais des voix. À en juger par<br />

les voix que j’entendais, je crois qu’il y avait entre 5 et 8 personnes qui étaient dans la même<br />

situation que moi, mais je ne peux pas le confirmer étant donné que je n’ai vu personne à<br />

cause de l’obscurité. Nos bourreaux utilisaient des lampes torches. Je me suis réveillé avec<br />

beaucoup de douleurs surtout dans les côtes et des maux de tête intenses. J’avais aussi des<br />

troubles de mémoire à tel point que ça m’a pris du temps pour que je puisse me souvenir de<br />

ce qui s’est passé.<br />

Alors que mes bourreaux discutent dehors du sort qu’ils vont me réserver – les uns disaient<br />

qu’il fallait me tuer tandis que les autres disaient que je n’ai rien fait de mal puisqu’ils avaient<br />

vu mon badge de service –, je constate que j’ai encore mon téléphone sur moi et profite pour<br />

envoyer un message à deux membres de la famille sur whatsApp<br />

et l’efface vite fait.<br />

Mes bourreaux reviennent, me posent beaucoup de questions, me<br />

fouillent partout, et prennent tout ce que j’avais sauf mon badge de<br />

service et mon passeport. Après quelque temps, mes ravisseurs se<br />

disputent et reçoivent des appels sans cesse : “Qui a lancé cette<br />

alerte sur les réseaux sociaux ? Qui nous a trahis ? Qu’est-ce qu’on<br />

fait maintenant ? On le tue ?” L’un parmi eux intervint en disant<br />

qu’apparemment je ne suis pas rebelle (comme ils avaient vu mon<br />

badge de travail), et que c’est dangereux de me tuer puisqu’on sait<br />

déjà que j’ai été enlevé. Après je ne sais combien de temps, on me<br />

Message de Ferdinand Niyonkuru diffusé sur Twitter alors qu’il est détenu dans un<br />

lieu secret :<br />

« S’il vous plaît, je vous demande de me porter secours, je suis arrêté à Kirundo<br />

en provenance de Kigali. Maintenant, ils m’ont conduit dans un lieu que je ne connais<br />

pas et que je ne peux identifier mais où il y a beaucoup d’autres personnes, et<br />

c’est l’une d’entre elles qui me prête le téléphone car on m’a pris le mien. Je vous<br />

demande de l’aide, vous ferez le bien et Dieu vous récompensera. Ferdinand ».<br />

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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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