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Novembre

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fils n’a jamais été dans l’armée ou (sic) côtoyé de prêt ou de loin des militaires, il ne connaît que le vol » .<br />

Et son frère d’ajouter : « Il ment. Il a sûrement été utilisé par le Burundi dans un contexte de relations<br />

tendues entre les deux pays. Peut-être qu’on lui a proposé de l’argent pour ternir l’image du Rwanda. » 222<br />

Les autorités rwandaises ont également démenti tout lien avec cet homme. Les témoignages de la<br />

famille de Cyprien Rucyahintare semblent donc indiquer que les autorités auraient incité ou forcé<br />

ce dernier à se présenter comme un « espion » afin d’alimenter leur propagande anti-Rwanda.<br />

Parallèlement, de plus en plus de Rwandais ou d’individus d’origine rwandaise sont arbitrairement<br />

arrêtés et détenus, parfois torturés ou tués dans des circonstances souvent non élucidées, d’après<br />

les informations recueillies par nos organisations. Le 14 avril, le cadavre d’un menuisier d’origine<br />

rwandaise qui vivait sur le site de réfugiés de Butare, dans la commune de Bukemba, province<br />

Rutana, située à l’est du pays, a été retrouvé pendu à un arbre dans la forêt de Gisikara. Des<br />

habitants ont démenti la thèse du suicide sans pour autant être en capacité de fournir davantage<br />

d’informations.<br />

Ainsi, nos organisations ont reçu des informations crédibles indiquant que l’évangéliste pentecôtiste<br />

rwandais Emmanuel Bizimana a disparu à la suite de son arrestation arbitraire par la police et de<br />

sa détention par des agents du Service national de renseignement. Emmanuel Bizimana aurait été<br />

arrêté à Kibago le 20 avril 2016 sur la colline de Jimbi, dans la commune Kibago, dans la province<br />

de Makamba, lors d’une opération administrative d’enregistrement auprès du chef de colline local.<br />

Il se rendait à Makamaba pour rendre visite à l’un de ses amis, avait déjà séjourné à plusieurs<br />

reprises sur cette colline et aurait présenté tous ses papiers en règle. Emmanuel Bizimana aurait<br />

passé une nuit au cachot de Kibago avant d’être transféré dans la province de Makamba à bord<br />

d’une camionnette appartenant au responsable régional de la police de sécurité intérieure 223 .<br />

Il aurait par la suite été détenu pendant un mois à la résidence de Samuel Destino Bapfumukeko,<br />

le chef du SNR à Makamba. Il est depuis porté disparu et aucune information n’a pu être obtenue<br />

sur sa situation. Des proches de la victime ont indiqué à des informateurs de la FIDH que la seule<br />

raison qui semblait expliquer son arrestation et sa disparition était le fait qu’il était Rwandais. Nos<br />

organisations n’ont cependant pas pu vérifier cette information.<br />

Même si cette propagande anti-Rwanda est fondée sur des allégations crédibles – le Rwanda<br />

soutient des groupes armés rebelles burundais –, elle est aussi l’occasion pour le pouvoir de<br />

montrer que, loin de traverser une crise politique interne, le Burundi est victime d’une « agression »<br />

extérieure, selon la rhétorique employée par les autorités. C’est une nouvelle façon pour les<br />

autorités de rejeter leurs responsabilités dans les violences à l’œuvre. L’intensification de la<br />

rhétorique ethnique se fait donc en toile de fond de l’augmentation d’actes de violence contre des<br />

Rwandais, qui s’ils se généralisaient, pourraient attiser davantage les tensions avec le Rwanda<br />

et mener à une régionalisation de la crise. Ces éléments, couplés à la rhétorique génocidaire des<br />

autorités, alimentent l’amalgame entre « opposants », « rebelles », « Tutsi » et « génocidaires ».<br />

Au début du mois de mars 2016, les autorités burundaises ont débuté une campagne de<br />

recensement obligatoire des étrangers présents sur tout le territoire national pour des séjours<br />

de plus de deux mois. Tous les étrangers visés par cette mesure ont l’obligation de s’enregistrer<br />

auprès du commissariat général à la Police de l’Air, des Frontières et des Étrangers (PAFE) pour<br />

obtenir une carte biométrique payante 224 . Nos organisations s’inquiètent de ce que cette mesure<br />

puisse, dans le contexte actuel, attiser les sentiments xénophobes et renforcer les tensions entre<br />

les communautés.<br />

222. http://www.rfi.fr/afrique/20160327-burundi-famille-rwandais-accuse-espionnage-dement-version-officielle<br />

223. D’après les informations du FOCODE, le véhicule était immatriculé A014APN.<br />

224. Voir notamment le site internet de l’ambassade de France à Bujumbura, http://www.ambafrance-bi.org/Campagned-enregistrement-des-etrangers-presents-au-Burundi<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 113

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