Novembre
2fUWdE3
2fUWdE3
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
utilisé comme un lieu de détention arbitraire et de torture, et parfois d’exécutions sommaires et<br />
extrajudiciaires. Devant ce bar, situé sur l’une des routes d’accès de Bujumbura, la mission de la<br />
FIDH a pu constater de visu que des barrages (« barrières ») de policiers et d’Imbonerakure y sont<br />
régulièrement dressés.<br />
La FIDH et la Ligue ITEKA ont pu recenser dix cas avérés d’individus ayant été détenus dans ce<br />
bar et ont reçu de nombreuses informations complémentaires indiquant que des dizaines d’autres<br />
individus y auraient été détenus. Par exemple, Ernest Niyungeko, président du parti d’opposition<br />
MSD à Karusi, a été arrêté dans la matinée du 31 octobre 2015 au barrage de police situé sur la<br />
route nationale n° 1, dans la zone urbaine de Kamenge, à la sortie nord de la ville de Bujumbura.<br />
D’après les informations fournies par sa famille ainsi que des témoins, il a été sommé de descendre<br />
d’un bus qui se rendait vers Karuzi par des agents du SNR et conduit au bar Iwabo w’Abantu avant<br />
d’être emmené vers une destination inconnue. Ces informations sont confirmées dans le rapport<br />
annuel de 2015 de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH) 142 .<br />
Ernest Niyungeko est toujours porté disparu et aucune information concernant sa situation n’a<br />
pu être obtenue par nos organisations 143 .<br />
Le 19 janvier 2016, Bernard Banranjoreje, membre du parti d’opposition MSD, a été arrêté par des<br />
policiers dans le quartier de Kigobe, d’après les enquêtes menées par nos organisations. D’après<br />
des sources internes de la police, il aurait été détenu dans ce bar.<br />
Écoles<br />
Les écoles comme les habitations civiles délaissées par les personnes qui ont fui la ville ou le<br />
pays sont réquisitionnées par les services de sécurité comme positions militaires ou de police<br />
(voir supra). Elles servent principalement de premiers lieux de regroupement et de transit pour<br />
les personnes arrêtées – notamment à la suite des nombreuses opérations de ratissage dans<br />
les quartiers – avant que ces dernières ne soient redirigées vers un lieu de détention officiel ou<br />
officieux. La mission a pu observer ces positions militaires dans les écoles, notamment :<br />
• Le lycée municipal situé à la première avenue du quartier de Musaga (position de police) ;<br />
• Le lycée municipal de Cibitoke (position de police) ;<br />
• L’école fondamentale à Ngagara 3 (position militaire) ;<br />
• L’école primaire à Ngagara 5 (position militaire).<br />
Ainsi, une source crédible a également indiqué à nos organisations : « en fonction de leur lieu de<br />
détention, les individus peuvent être détenus dans des écoles réquisitionnées par les services de sécurité<br />
ou dans des bâtiments désaffectés ».<br />
De nombreuses informations ont été recueillies par nos organisations concernant des bâtiments<br />
civils (anciens hôtels, bars, maisons individuelles, entreprises, écoles, etc.) utilisés par les services<br />
de sécurité ou les Imbonerakure comme bases opérationnelles, lieux de détention arbitraire, de<br />
torture et parfois d’exécution sommaire et extrajudiciaire.<br />
142. Rapport annuel de 2015 de la CNIDH, http://cnidh.bi/sites/default/files/CNIDH_Rapport%20annuel%202015%20.<br />
pdf<br />
143. Voir également la déclaration du Forum pour la Conscience et le Développement (FOCODE), le 26 mai 2016,<br />
http://www.focode.org/declaration-du-focode-n0092016-du-26-mai-2016/<br />
FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 83