Novembre
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FOSSES COMMUNES<br />
Depuis les événements des 11 et 12 décembre 2015, la dissimulation des preuves des exactions<br />
commises par des agents de l’État est devenue caractéristique du mode opératoire des forces de<br />
sécurité burundaises. L’enterrement des corps des individus exécutés par les services de sécurité<br />
burundais dans des tombes ou des fosses communes est, depuis le début de l’année 2016, une<br />
pratique généralisée.<br />
3. 6. 1 Les charniers des 11 et 12 décembre 2015<br />
L’enquête indépendante des Nations unies sur le Burundi indique que « des allégations de l’inhumation<br />
collective des personnes exécutées au cours de ces incidents ont été largement rapportées » et que « des<br />
images satellite 144 suggèrent que les corps auraient été enterrés dans des fosses communes au cours<br />
de cette période [11 décembre 2015], y compris à Bujumbura (à Kanyosha et Mpanda) et Bubanza ».<br />
Ajoutant que « l’EINUB a reçu des témoignages corroborant l’existence de fosses communes » et que<br />
« des cas d’intimidation de personnes en possession d’informations sur ce sujet par des membres<br />
des Imbonerakure et du SNR ont été rapportés à l’EINUB et donnent encore plus de crédibilité aux<br />
témoignages en question » 145 .<br />
Dans son rapport 146 du 15 janvier 2016, le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de<br />
l’Homme indique que « des témoins ont rapporté qu’au moins neuf charniers existeraient à Bujumbura<br />
et dans ses environs, y compris un dans un camp militaire, et qu’ils contiendraient au moins 100 corps,<br />
tous de personnes qui auraient été tuées le 11 décembre 2015 ».<br />
D’après les informations recueillies par nos organisations et confirmées par les images satellites<br />
publiées par Amnesty International le 29 janvier 2016 147 , cinq fosses communes, vraisemblablement<br />
creusées le 12 décembre, ont été identifiées à Buringa, dans la périphérie de Bujumbura, et cinq<br />
corps ont été enterrés dans chaque fosse, soit 25 corps.<br />
D’après les enquêtes menées par nos organisations en décembre 2015 et pendant la mission de<br />
mars 2016, à l’intérieur du cimetière de Mpanda, dans la commune Gihanga, cinq autres fosses<br />
ont été creusées, dans lesquelles cinq corps par fosse auraient été enterrés. D’après des témoins,<br />
parmi ces 25 corps se trouveraient ceux de trois jeunes hommes exécutés sur place le samedi<br />
12 décembre avant midi par des hommes en tenue policière et des jeunes identifiés comme étant<br />
des Imbonerakure. D’après plusieurs sources concordantes, l’enterrement des corps dans les<br />
fosses de Buringa et du cimetière de Mpanda a notamment été supervisé par Joseph Niyonzima,<br />
alias « Kazungu », un agent du SNR très actif dans la répression, ainsi que par le commissaire de<br />
police Ayub Sindayigaya.<br />
Des témoins et des sources locales ont également affirmé que trois fosses communes ont été<br />
creusées dans le cimetière de Kanyosha. 28 corps auraient été enterrés dans deux de ces fosses<br />
qui sont, semble-t-il, surveillées par des Imbonerakure.<br />
144. Référence aux images satellites publiées par Amnesty International.<br />
145. Rapport de l’EINUB, op. cit.<br />
146. Rapport du Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, 15 janvier 2016, http://www.ohchr.org/FR/<br />
NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=16953&LangID=F<br />
147. Amnesty International, « Burundi : des images satellites confirment l’existence de fosses communes »,<br />
http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Crises-et-conflits-armes/Actualites/Burundi-des-images-satellitesconfirment-existence-de-fosses-communes-17460<br />
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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires