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Novembre

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3. 7. 3. Incitations au viol et à la grossesse forcée<br />

D’après les enquêtes menées par nos organisations, une propagande misogyne visant les femmes<br />

liées de façon réelle ou supposée à l’opposition est diffusée par des agents affiliés à l’État depuis<br />

avril 2015.<br />

D’après des informations de terrain, des Imbonerakure, des représentants ou des partisans du<br />

CNDD-FDD ainsi que des membres des forces de défense et de sécurité burundaises ont tenu<br />

et continuent de tenir des propos incitant au viol et à rendre enceintes de force des femmes<br />

perçues comme opposées au régime (c’est-à-dire perçues comme Tutsi ou comme ayant des<br />

liens avec des « adversaires » du pouvoir).<br />

Pendant les manifestations d’avril 2015, des Imbonerakure ont entonné le refrain suivant : « Terinda<br />

Abakeba Bavyare Imbonerakure » (« Engrossez les adversaires pour qu’ils mettent au monde des<br />

Imbonerakure », en kirundi). Cet air est régulièrement repris par des groupes d’Imbonerakure ou<br />

des membres du parti présidentiel dans les slogans utilisés lors des manifestations ou au cours<br />

d’activités sportives des Imbonerakure.<br />

Lors de leur mission d’enquête à Bujumbura, nos organisations se sont entretenues avec un<br />

observateur international qui a déclaré, sous couvert d’anonymat, que des témoins lui ont raconté<br />

que des Imbonerakure ont été encouragés à violer des femmes tutsi afin de « mettre au monde<br />

des petits Imbonerakure tutsi ». Ces propos avaient été tenus les 11 et 12 décembre 2015 par des<br />

membres des services de sécurité burundais et de la milice Imbonerakure, d’après des témoins.<br />

D’autres informations indiquent que ces incitations ne sont pas circonscrites aux événements de<br />

décembre 2015.<br />

Le 16 avril 2016, lors des travaux communautaires qui se sont tenus dans la zone de Nyagasasa,<br />

commune de Mugamba, dans la province de Bururi, au sud du pays, de nombreux membres<br />

du CNDD-FDD ont entonné des chants et proféré des discours incitant également à « engrosser<br />

les adversaires pour qu’ils mettent au monde des Imbonerakure », ont déclaré des témoins. Des<br />

observateurs locaux ont rapporté avoir entendu des membres du CNDD-FFD chanter le même air<br />

le 17 septembre 2016 dans le quartier de Kinanira à Bujumbura, ce qui indique que ce phénomène<br />

extrêmement inquiétant se poursuit.<br />

Le rapport du Secrétaire général des Nations unies sur les violences sexuelles liées aux conflits<br />

va également dans ce sens et indique qu’« au Burundi, les femmes liées à l’opposition politique sont<br />

représentées comme des prostituées dans les caricatures de presse ». Il ajoute que « cette pratique<br />

n’est pas sans rappeler le génocide rwandais en 1994, quand les médias incitaient à la violence contre<br />

les femmes, ou la reprise du conflit au Soudan du Sud en avril 2014, quand Radio Bentiu FM appelait au<br />

viol ethnique ». Et de conclure que « [...] l’histoire montre que la propagande misogyne dans les médias<br />

et les atteintes aux droits et aux libertés des femmes ont souvent été le prélude à l’utilisation de la<br />

violence sexuelle comme tactique de guerre, de terrorisme et de répression politique ». Le rapport<br />

recommande ainsi de « tenir compte de la dimension sexuelle dans toutes les initiatives de prévention<br />

des atrocités » 162 .<br />

Nos organisations sont extrêmement alarmées de la diffusion d’une telle propagande qui pourrait<br />

amener les forces de sécurité et leurs supplétifs à utiliser la violence sexuelle comme une arme au<br />

service de la répression voire de violences de masse.<br />

162. Ibid.<br />

92<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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