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Novembre

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Diverses victimes interrogées par nos organisations indiquent que leurs yeux ont été bandés au<br />

moment de leur arrestation afin qu’elles ne puissent ni identifier les lieux où elles étaient conduites<br />

ni leur éventuel bourreau. Les victimes ne voient ainsi dans l’incapacité de fournir des témoignages<br />

incriminants dans le cas où elles survivraient.<br />

L’utilisation de voiture sans numéro d’immatriculation par des agents de l’État semble également<br />

de plus en plus courant. Des sources concordantes affirment que les détenus ayant subi des actes<br />

de torture étaient cachés au moment des visites du Comité international de la Croix rouge (CICR)<br />

et du HCDH dans les prisons. Alors que l’APRODH et l’ACAT-Burundi 175 faisaient un suivi régulier de<br />

la situation des prisonniers, plus aucune ONG nationale de défense des droits des humains n’a<br />

accès aux lieux de détention depuis le déclenchement de la crise. De même, aucune organisation<br />

(nationale et internationale) n’a accès aux lieux de détention non-officiels, où de graves actes de<br />

torture et mauvais traitements sont commis.<br />

Les activités des principales ONG de défense des droits humains burundaises ont été<br />

suspendues 176 et leurs comptes bancaires gelés 177 . La quasi totalité de leurs cadres ont quitté le<br />

pays. Les défenseurs des droits de l’homme sont harcelés, intimidés, menacés voire victime de<br />

violences pour les empêcher de mener leurs activités légitimes en faveur des droits humains 178<br />

(voir infra – Répression tous azimuts des défenseurs des droits humains).<br />

Le 11 octobre 2016, le gouvernement burundais a également annoncé qu’il suspendait toute<br />

« coopération et collaboration dans toutes ses structures » avec le bureau du HCDH « et ce,<br />

jusqu’à nouvel ordre ». Le motif invoqué est la « complicité jouée par le Bureau de l’Office du Haut<br />

Commissariat des Droits de l’Homme au Burundi [HCDH], dans l’élaboration du rapport mensonger<br />

et controversé des Experts de la prétendue Enquête Indépendante des Nations Unies au Burundi<br />

(EINUB) » 179 . À partir de cette date, les Nations unies ne sont donc plus autorisées à effectuer des<br />

visites dans les prisons, ni à mener des activités de monitoring des violations droits humains.<br />

Cette décision est une tentative délibérée des autorités d’empêcher le travail de documentation et<br />

d’alerte du HCDH et semble être un aveux de leur responsabilité pour les crimes qui sont commis<br />

dans le pays.<br />

175. Associations pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH) et Action des Chrétiens<br />

pour l’Abolition de la Torture (ACAT).<br />

176. L’Observatoire, « Burundi : Suspension provisoire des activités de 10 ONG de défense des droits humains »,<br />

le 25 novembre 2015, https://www.fidh.org/fr/themes/defenseurs-des-droits-humains/burundi-suspensionprovisoire-des-activites-de-10-ong-de-defense-des<br />

177. L’Observatoire, « Burundi : Gel des comptes de trois nouvelles organisations de défense pour les droits de l’Homme »,<br />

le 11 décembre 2015, https://www.fidh.org/fr/themes/defenseurs-des-droits-humains/burundi-gel-des-comptesde-trois-nouvelles-organisations-de-defense<br />

178. Voir la Déclaration des Nations unies de 1998 sur les défenseurs des droits humains, http://www.ohchr.org/<br />

Documents/Issues/Defenders/Declaration/declaration_fr.pdf, notamment l’art. 6 selon lequel « chacun a le droit,<br />

individuellement ou en association avec d’autres : a) De détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations<br />

sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales en ayant notamment accès à l’information quant à<br />

la manière dont il est donné effet à ces droits et libertés dans le système législatif, judiciaire ou administratif national ;<br />

b) Conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’Homme et autres instruments internationaux<br />

applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les<br />

droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales ; c) D’étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect, tant en droit<br />

qu’en pratique, de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales et, par ces moyens et autres moyens<br />

appropriés, d’appeler l’attention du public sur la question. »<br />

179. Déclaration du gouvernement burundais sur la collaboration et la coopération avec l’Office du Haut Commissariat<br />

aux droits de l’Homme au Burundi, le 11 octobre 2016, http://www.burundi.gov.bi/spip.php?article1538<br />

98<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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