Novembre
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l’Homme et Assemblée générale) et aux autres organes internationaux concernés. La Commission<br />
d’enquête aura notamment pour mission de « mener une enquête approfondie sur les violations des<br />
droits de l’Homme […] commises au Burundi depuis avril 2015, notamment pour en évaluer l’ampleur et<br />
déterminer s’il s’agit de crimes de droit international » et d’« identifier les auteurs présumés de violations<br />
[…] en vue de faire pleinement respecter le principe de responsabilité » 400 .<br />
L’identification des responsables de violations et d’atteintes aux droits humains est un élément<br />
nouveau par rapport au mandat donné aux trois experts indépendants précédemment nommés<br />
par le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme. Autre élément nouveau : la<br />
commission d’enquête bénéficiera, via l’appui du HCDH, de « toutes les ressources nécessaires<br />
à l’exécution de son mandat », notamment « des compétences spécialisées voulues en matière de<br />
balistique et de médecine légale, ainsi que de violence sexuelle et sexiste ». Elle pourra transmettre<br />
ses rapports au Bureau de la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI). Cette réponse à<br />
la crise est la plus forte que le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies pouvait formuler<br />
dans le cadre de son mandat et le CDH devra veiller à la mise en œuvre effective et rapide de cette<br />
résolution 401 .<br />
6. 3. 2. Retrait du Burundi de la CPI : entre aveu de culpabilité et pari de<br />
l’impunité ?<br />
La décision de la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda d’ouvrir 402 un<br />
examen préliminaire sur la situation au Burundi depuis avril 2015, le 25 avril 2016, fait aussi écho<br />
à cet impérieux besoin de justice. Fatou Bensouda a indiqué que son « Bureau a examiné un certain<br />
nombre de communications et de rapports faisant état de meurtres, d’emprisonnements, d’actes de<br />
torture, de viols et autres formes de violence sexuelle, ainsi que de cas de disparitions forcées » et a<br />
ajouté que « tous ces actes semblent relever de la compétence de la CPI » 403 . Nos organisations se<br />
félicitent d’une telle décision, qu’elles avaient plébiscitée de retour de leur mission 404 et espèrent<br />
que, au regard de la gravité des crimes commis et de l’absence de justice au niveau national, la<br />
CPI ouvrira rapidement une enquête sur les graves crimes commis au Burundi. Nos organisations<br />
tiennent à souligner que la longue tradition d’impunité au Burundi et l’absence de mécanisme<br />
institué pour enquêter sur les graves violations commises dans le pays depuis l’indépendance<br />
sont un facteur majeur dans la perpétration des violations des droits humains actuelles. Il est donc<br />
urgent de rompre cette culture de l’impunité afin d’enrayer le cycle de la violence.<br />
Le 12 octobre 2016, les députés et sénateurs burundais ont voté massivement 405 en faveur du<br />
projet de loi adopté deux jours plus tôt par le Conseil des ministres prévoyant le retrait du Burundi<br />
du Statut de la Cour pénale internationale (CPI), auquel il avait adhéré dès 2004 406 . Le 18 octobre<br />
400. Le lien de la résolution n’était pas disponible au moment de la rédaction du rapport.<br />
401. Voir FIDH, « Le Conseil des droits de l’Homme prend ses responsabilités pour empêcher le pire au Burundi »,<br />
le 30 septembre 2016, https://www.fidh.org/fr/regions/afrique/burundi/le-conseil-des-droits-de-l-homme-prendses-responsabilites-pour<br />
402. https://www.icc-cpi.int//Pages/item.aspx?name=otp-stat-25-04-2016&ln=fr<br />
403. Déclaration du Procureur de la Cour pénale internationale, Mme Fatou Bensouda, à propos de l’examen préliminaire<br />
entamé dans le cadre de la situation au Burundi, le 25 avril 2016, https://www.icc-cpi.int/Pages/item.aspx?name=otpstat-25-04-2016&ln=fr<br />
404. FIDH, « Répression aux dynamiques génocidaires, la réponse de l’ONU doit être à la hauteur », le 14 avril 2016,<br />
https://www.fidh.org/fr/regions/afrique/burundi/repression-aux-dynamiques-genocidaires-la-reponse-de-l-onudoit-etre<br />
405. Le 12 octobre, l’Assemblée nationale burundaise a adopté à 94 voix pour, 2 voix contre et 14 abstentions le projet<br />
de loi prévoyant le retrait du Burundi du Statut de la CPI. Ce projet a été entériné, à l’unanimité, par le Sénat dans<br />
les heures qui ont suivi. https://www.fidh.org/fr/regions/afrique/burundi/burundi-retrait-de-la-cpi-et-rupture-de-lacooperation-internationale<br />
406. Le Statut de Rome est entré en vigueur le 1 er juillet 2002.<br />
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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires