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Novembre

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Des témoignages de victimes et de témoins attestent que les hommes du major Minani procèdent<br />

à des campagnes d’arrestations massives dans le quartier de Musaga puis à la détention de civils<br />

à l’intérieur du camp Muha. Certains ont révélé avoir été torturés par des militaires à l’intérieur du<br />

camp. À la suite de l’assassinat du lieutenant-colonel Darius Ikurakure le 22 mars 2015, un bataillon<br />

du camp Muha a été déployé à Musaga. La mission de la FIDH était à Musaga à ce moment-là, et a pu<br />

observer comment les militaires ont procédé au bouclage de ce quartier aux environs de 19 h et alors<br />

que tout était calme. Des arrestations arbitraires ont eu lieu et des coups de feu ont été entendus.<br />

Dans son rapport du 15 janvier 2016, le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme<br />

a rapporté qu’une fosse commune avait été creusée au sein du camp Muha à la suite des exécutions<br />

extrajudiciaires du 11 décembre et qu’au moins 100 corps y avaient été enterrés 335 .<br />

Des chaînes de commandement parallèle au sein de l’armée<br />

Les corps de l’armée impliqués dans la répression des opposants au régime sont dirigés et coordonnés<br />

par le chef d’État-major général des armées, Prime Niyongabo, et l’adjoint du chef d’État-major<br />

interarmées, Marius Ngendabanka. Le ministre de la Défense et des anciens combattants, Emmanuel<br />

Ntahomvukiye, est un civil tutsi qui est de facto évincé des prises de décision stratégiques et de la<br />

chaîne de commandement.<br />

4. 3. Le Service national de renseignement (SNR), « La Documentation »<br />

Le Service national de renseignement (SNR), communément appelé « la Documentation », est un des<br />

piliers du système répressif mis en place par les autorités depuis plusieurs années et en particulier<br />

depuis 2010. Mis à part le fait qu’il dépende officiellement de la présidence de la République, très<br />

peu d’informations circulent sur la structuration et les chaînes de commandement internes de cet<br />

organe dont l’opacité est quasi totale.<br />

Les similitudes qui existent entre le SNR et la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS)<br />

d’Hissène Habré – qui avait une place de premier rang dans les atrocités de masse commises dans<br />

les années 1980 sous le régime du dictateur tchadien – en disent long sur les horreurs commises<br />

par ce service. La Documentation, nom également donné à la DDS, a le même rôle dans la répression,<br />

en marge de toute légalité, commet le même type de violences, a les mêmes liens directs avec la<br />

présidence, le même maillage du territoire et est au service de la même paranoïa du pouvoir.<br />

Ce service est dirigé depuis février 2015 par le général Étienne Ntakirutimana, un homme de l’ombre<br />

méconnu et dont la photo est quasiment impossible à obtenir. Les noms de certains agents du SNR<br />

reviennent dans les récits de victimes mais aucun organigramme précis de ce service ne peut être établi.<br />

Joseph-Mathias Niyonzima, alias « Kazungu », s’est affiché comme l’un des agents les plus actifs du<br />

service depuis le début de la crise. Cet ancien membre des Forces de Défense de la Démocratie (FDD)<br />

a été « débauché » par le SNR. Il a rapidement gagné la confiance d’Adolphe Nshimiramana, ancien<br />

numéro 2 du régime et ancien chef du SNR, assassiné en août 2015. Bénéficiant de pouvoirs sans<br />

limite depuis avril 2015, il est à la fois un cadre du GMIR ainsi que le chef des opérations du SNR et<br />

est directement impliqué dans plusieurs dizaines de cas d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions<br />

forcées et d’actes de torture, d’après les enquêtes de terrain menées par nos organisations. Une<br />

source bien informée a affirmé à nos organisations : « Kazungu a toute sa liberté, et reçoit des ordres<br />

directs de la présidence, cela est certain. Toutes les semaines, des gens me contactent pour me dire qu’il<br />

335. Rapport du Haut Commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies, 15 janvier 2016, http://www.ohchr.org/FR/<br />

NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=16953&LangID=F<br />

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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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