Novembre

• « Tuer les politiciens de l’opposition, les journalistes et les autres fauteurs de trouble, mais aussi
exterminer leur descendance » 230 ;
• « Détruire tous les sites de déplacés intérieurs car c’est là où les enseignements insurrectionnels
sont donnés » 231 ;
• « Que les organisations de la société civile qui ne soutiennent pas le gouvernement soient
interdites » 232 ;
• « Que les Accords d’Arusha pour la paix et la réconciliation soient supprimés » 233 ;
• « Que le vocable de “mandat” soit banni au Burundi » 234 ;
• « Introduire le service militaire obligatoire chez les jeunes pour que ces derniers sachent combattre
les putschistes » 235 ;
• « Que le président de la République actuel le reste à vie » 236 ;
• « Que celui qui tue soit lui aussi tué immédiatement » 237 (attribué à l’Honorable Rémégie
Bazirahomponyoye de Muramvya, député élu dans la circonscription de Muramvya) ;
• « Que la peine de mort soit réintroduite » 238 .
Au cours d’une session de la CNDI qui a eu lieu le 29 janvier 2016 dans la province de Cibitoke,
Pasteur Habimana, de son vrai nom Methusselah Nikobamye, président du FNL-Iragi Rya Gahutu,
un parti politique d’opposition issu du FNL d’Agathon Rwasa, et perçu comme proche du parti au
pouvoir, a tenu des propos tout aussi inquiétants.
Il a ainsi déclaré : « Il a existé au Burundi une seule ethnie, les Tutsi, je les aime, mais il faut qu’ils
acceptent la vérité. Il est temps de le dire et l’avouer, cette ethnie nous disait que pour gouverner le
Burundi, on devait provenir du ciel et naître avec des semences 239 … Je ne mens pas. A cette époque le
Belge n’était pas encore venu, alors comment peux-tu me dire à moi, Pasteur Habimana, que c’est le
Belge qui nous a divisés sur des critères ethniques alors qu’il y a ceux [les Tutsi] qui se disent nés avec
des semences pour nous tromper au vu et au su de tout le monde… Nous avons été gouvernés par le
mensonge. Nous avons accepté et vécu l’esclavage [par les Tutsi] pendant longtemps. […] Et à un certain
moment nous avons dit “plus jamais l’esclavage” et nous nous sommes libérés de l’esclavage. Après
notre libération, il y a eu les fameuses négociations de mensonge d’Arusha, pilotées par Buyoya 240 pour
se couvrir, […] et des militaires tutsi ont refusé la démocratie en plein jour. […] Ils ont réclamé leurs quotas
[ethniques]. […] Chers Tutsi, ces Blancs [la communauté internationale] veulent creuser les minerais car
230. En kirundi : « Hagaruke igihano co guta abantu mu gisumanyenzi ku banyapolitique, abamenyeshamakuru n’abandi
bahungabanya umutekano. Ababigize babahonye n’imiryango yabo yose. »
231. « Sites z’abadéplacés zifutwe kuko ariho urwaruka rwigishirizwa imigumuko. »
232. « Amashirahamwe adashigikira Leta bayafute. »
233. « Amasezerano ya Arusha afutwe asubirizwe n’ibi turiko turashikiriza. »
234. « Ijambo mandat ntirisubire kuvugwa mu Burundi. »
235. « Ni haje inyigisho za gisirikare, service militaire obligatoire, urwaruka rumenye kurwanya utugwi tugira coup d’État. »
236. « Umukuru w’igihugu ahari natware gushika aze asaze. »
237. « Uwuzofatwa yishe nawe ace yicwa. »
238. « Igihano co gupfa gisubizweho. »
239. Référence au mythe selon lequel pour être roi du Burundi, il fallait naître avec des semences dans les mains.
Les partisans du CNDD-FDD répandent l’idée que ces rois, qui ont gouverné le pays du xvii e siècle à 1966, étaient
des Tutsi, ce qui est historiquement faux.
240. Ancien président du Burundi de 1987 à 1993 et de 1996 à 2003. Il est d’ethnie tutsi.
FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 115