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Alain Christal Dushime, arrêté et « ligoté comme un avion » le 19 juin 2015 par des militaires du Bataillon génies des combats (BGC), dans le quartier de Mutakura, à Bujumbura, Burundi. Photo prise par un observateur local et diffusée sur les réseaux sociaux au moment de l’arrestation. 76 FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires
PRATIQUE GÉNÉRALISÉE DE LA TORTURE PAR LES FORCES DE SÉCURITÉ BURUNDAISES 3. 5. 1. « Ils me torturaient matin, midi et soir » Depuis le début de la crise qui secoue le Burundi, de très nombreuses sources ont fait état du recours à la torture et aux mauvais traitements par des membres de la police, du SNR, des Imbonerakure, et dans une moindre mesure de l’armée. Ces pratiques peuvent aller jusqu’à la commission d’actes de torture pouvant entraîner la mort de certains détenus 127 . Si la torture n’est pas une pratique nouvelle au Burundi, et qu’elle s’était déjà intensifiée depuis avril 2015, elle s’est généralisée et systématisée 128 depuis le début du mois de janvier 2016 notamment dans des lieux de détention du Service national de renseignement, de la police et, dans une moindre mesure, de l’armée. Divers témoignages de victimes et d’observateurs locaux et internationaux attestent que les Tutsi sont plus durement battus et torturés. Le rapport de l’enquête indépendante des Nations unies au Burundi signale que « le recours à la torture ou à d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants contre les opposants au troisième mandat et des membres ciblés de l’opposition ou leurs proches pour extraire des informations ou comme punition a été une caractéristique de la crise ». Il indique que les experts ont mené « 65 entretiens avec des témoins ou des victimes de torture et de mauvais traitements » et que « les éléments de la SNR, de la PNB [Police nationale du Burundi], des Imbonerakure et, dans une moindre mesure, des FDN [Forces de défense nationales], sont identifiés comme les auteurs, et certaines personnes, y compris de hauts responsables de l’appareil de sécurité, ont été cités à plusieurs reprises » 129 . De façon générale, les actes de torture et de mauvais traitement sont souvent commis au moment de l’arrestation arbitraire, à l’arrivée dans le lieu de détention et au cours de la période détention. En effet, toutes les victimes d’arrestations arbitraires interrogées par nos organisations ont déclaré avoir été « tabassées » au moment de leur arrestation. Elles révèlent avoir été frappées sur tout le corps, souvent avec des crosses de fusils, des bâtons, des barres de fer ou des ceintures. Elles sont parfois déshabillées dans le but d’infliger de plus grandes souffrances. Des Imbonerakure prennent régulièrement part à ces sévices. Les personnes arrêtées sont souvent ligotées les bras dans le dos avec des cordes épaisses infligeant des souffrances supplémentaires aux victimes. Nos organisations ont pu identifier parmi les principaux lieux de détention où des actes de torture sont commis de façon régulière à Bujumbura : • dans les locaux des postes de police des différents quartiers de la capitale, notamment ceux de Nyakabiga, Cibitoke, Mutakura et Musaga ; • dans les locaux du Bureau spécial de recherches (BSR) de la police judiciaire dans la zone de Buyenzi, commune Muha ; • dans les locaux de la police judiciaire dans la zone de Bwiza, quartier Jabe, commune Muha ; • dans les locaux du SNR, notamment ceux situés au centre-ville et au quartier 10 de Ngagara. 127. Entretiens de la FIDH avec différents témoins, victimes et observateurs. 128. Voir également les Observations finales du Comité contre la torture des Nations unies, http://tbinternet.ohchr.org/ Treaties/CAT/Shared%20Documents/BDI/INT_CAT_COC_BDI_24871_F.pdf 129. Rapport de l’EINUB, op. cit, http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/UNIIB/Pages/UNIIB.aspx FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 77
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