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Novembre

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qu’il se trouvait à son domicile, d’après les enquêtes menées par nos organisations 284 . D’après des<br />

récits de témoins, des policiers de l’Agence de protection des Institutions (API) sont entrés dans<br />

la parcelle de Christophe Nkezabahizi située au quartier 3 de Ngagara vers 15 h de l’après-midi. Ils<br />

auraient discuté quelques minutes avec M. Nkezabahizi, qui se trouvait devant son domicile, avant<br />

de lui tirer dessus à bout portant. La femme de M. Nkezabahizi, Alice Niyonzima, qui travaillait<br />

pour FHI360, une ONG internationale financée par l’agence de coopération américaine, l’USAID, a<br />

également été assassinée ainsi que leurs deux enfants âgés d’une quinzaine d’années, tout comme<br />

son cousin, Evariste Mbonihankuye, qui résidait à son domicile. Ce dernier était un psychologue<br />

âgé de 32 ans qui faisait partie de l’équipe humanitaire de l’Organisation internationale pour les<br />

migrations (OIM) au Burundi 285 . Il portait son accréditation des Nations unies au moment où il a<br />

été assassiné. En tout, neuf civils ont trouvé la mort cet après-midi-là au quartier 3 de Ngagara.<br />

Le porte-parole du ministère de la Sécurité publique a indiqué qu’il s’agissait de « victimes<br />

collatérales » 286 d’affrontements ayant eu lieu entre des policiers et des « criminels » au quartier<br />

Ngagara. D’après les sources officielles, trois policiers avaient été enlevés un peu plus tôt dans<br />

la journée et deux d’entre eux tués par des tirs de grenades. C’est au cours des opérations de<br />

poursuite que la famille de Christophe Nkezabahizi aurait été victime de « balles perdues ».<br />

Face à l’indignation internationale générée par ces meurtres, qui revêtent toutes les allures<br />

d’exécutions extrajudiciaires, le porte-parole de la police a annoncé quelques jours après les<br />

faits qu’une commission d’enquête allait être ouverte pour faire la lumière sur les événements du<br />

13 octobre. Le 24 octobre, soit onze jours après les faits, la porte-parole du parquet général, Agnès<br />

Bangiricenge, a déclaré que la famille de Christophe Nkezabahizi avait été assassinée par un<br />

prénommé « Joris », sans révéler l’identité précise de cet individu, et un « groupe de délinquants »<br />

qui avaient par ailleurs attaqué les trois policiers à Ngagara peu de temps avant le massacre de<br />

la famille Nkezabahizi. D’après la commission d’enquête, ces « délinquants » auraient cherché<br />

à récupérer des images que M. Nkezabahizi avait tournées au moment de l’attaque. Celui-ci ne<br />

voulant pas coopérer, il aurait été assassiné avec sa famille par ces malfaiteurs.<br />

Pourtant, différentes sources affirment que Christophe Nkezabahizi ne travaillait pas ce jour-là<br />

et qu’il était à son domicile. D’après des membres de sa famille et certains de ses collègues de la<br />

RTNB avec lesquels la FIDH a pu rentrer en contact via des informateurs locaux, celui-ci possédait<br />

des images susceptibles d’incriminer les autorités burundaises pour des actes de violence<br />

commis sur des civils par des policiers. Il aurait été contacté par le président de la RTNB la veille<br />

de son assassinat afin de lui remettre ces images, ce qu’il a refusé. Ces informations pourraient<br />

laisser suspecter que la famille Nkezabahizi ait été sommairement exécutée du fait des activités<br />

de journaliste de Christophe Nkezabahizi.<br />

284. Voir également RFI, « Violences à Bujumbura : plusieurs morts, dont un journaliste de la RTNB », le 13 octobre 2015,<br />

http://www.rfi.fr/afrique/20151013-burundi-violences-bujumbura-journaliste-famille-plusieurs-morts<br />

285. Voir le communiqué de l’Organisation internationale pour les migrations, « L’OIM condamne le décès d’un collègue<br />

au Burundi », le 16 octobre 2015, https://www.iom.int/fr/news/loim-condamne-le-deces-dun-collegue-au-burundi<br />

286. Voir l’article de France 24, « Neuf civils tués au Burundi : “exécutions” par la police ou “victimes collatérales” ? »,<br />

le 14 octobre 2015, http://observers.france24.com/fr/20151014-burundi-ngagara-civils-morts-executions-policevictimes-collaterales-nkezabahizi<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 127

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