Novembre

Les attaques menées par ces groupes sont régulières – même si nombre d’entre elles échappent
à tout recensement – et font très souvent des victimes civiles. Des pics de violence ont aussi pu
être observés : au moment des attaques des 11 et 12 décembre 2015, menées conjointement
par les FOREBU et la Red-Tabara ; après l’échec fin janvier 2016 344 du déploiement de la Mission
africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU) 345 et le passage de différents hauts
responsables africains et internationaux dans le pays en février ; depuis l’assassinat du lieutenant
-colonel Darius Ikurakure le 22 mars 2016. Ce dernier cycle de violence est particulièrement alarmant
en ce qu’il se déroule sur fond de divisions grandissantes au sein de l’armée burundaise. Certaines
informations laissent craindre que les ex-FAB ne s’organisent à leur tour et ne se retournent contre
les autorités en place, ce qui pourrait être le déclencheur d’un conflit ouvert et, en représailles, de
possibles actes de violence à caractère ethnique ou génocidaire visant la minorité tutsi. Signalons
qu’il existe une très grande disproportion entre les forces en présence, les forces fidèles au président
Nkurunziza étant bien mieux armées et coordonnées que les groupes opposés au pouvoir en place,
ce qui pourrait mener à des violences de masse à l’encontre des Tutsi.
4. 5. 1. Résistance pour un État de droit (Red-Tabara)
Une partie des opposants politiques ainsi que des jeunes opposés au pouvoir en place qui se
sont radicalisés dans la lutte armée est coordonnée par la Red-Tabara. Il semblerait que la Red
reçoive le soutien de certains militaires et policiers toujours en fonction, ainsi que de la branche
armée des Forces nationales de Libération (FNL), dirigée par Aloys Nzabampema. D’après des
allégations crédibles, la Red serait en contact avec le général Nzabampema qui se trouverait
en République démocratique du Congo et faciliterait le transit de rebelles entre les frontières
congolaise et burundaise, notamment dans la plaine de la Rusizi. Le 13 février 2016, la Red-Tabara
a désigné son chef d’état-major, le commandant-major hutu Biremba Melchiade 346 , membre du
parti d’opposition du Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD).
De nombreuses allégations laissent entendre que le président du MSD, Alexis Sinduhije, serait
le meneur de la Red-Tabara, même s’il ne l’a pas lui même officiellement revendiqué. Il a déjà
affirmé qu’il soutenait « toute action contre Pierre Nkurunziza », y compris les actions violentes.
Alexis Sinduhidje est sous le coup de sanctions ciblées des États-Unis qui le décrivent comme
« un des leaders majeurs de l’opposition burundaise du fait qu’il bénéficie d’un large réseau logistique
et qu’il ait sous ses ordres des combattants compétents » et affirment qu’il est « impliqué dans des
plans d’assassinats de hauts responsables burundais et continue de planifier activement des attaques
sur des cibles du gouvernement » 347 .
4. 5. 2. Forces Républicaines du Burundi (FOREBU)
Le 23 décembre 2015, Édouard Nshimirimana, un ancien lieutenant-colonel de l’armée, a
344. Les dirigeants africains ont exprimé ce refus au cours du 26 e sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Addis-
Abeba, Éthiopie, du 21 au 31 janvier 2016.
345. Le 17 décembre 2015, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a décidé du déploiement d’une Mission africaine de
prévention et de protection au Burundi (MAPROBU), pour une durée de six mois renouvelable et un effectif initial de
5 000 personnels militaires et de police. Le 21 décembre, les autorités burundaises ont refusé que cette mission
soit déployée sur leur territoire. Au terme du 26 e sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu à Addis-Abeba du 21
au 31 janvier 2016, les dirigeants africains ont décidé de ne pas déployer la MAPROBU sans le consentement du
président Nkurunziza.
346. Communiqué de la Red-Tabara du 13 février 2016, https://drive.google.com/file/
d/0B1RFM8iLlQ8uZW9VLTBYQkp4eFE/view?pref=2&pli=1
347. U. S Department of the Treasury, « Treasury sanctions four Burundian inviduals », 18 December, 2015,
https://www.treasury.gov/press-center/press-releases/Pages/jl0310.aspx
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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires