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Novembre

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4. 1. 1. La police<br />

Brigade anti-émeute (BAE)<br />

La BAE a été créée au début du mois de septembre 2015 par une ordonnance du ministère de<br />

la Sécurité Publique indiquant qu’elle est chargée de « prévenir et de gérer les grands événements<br />

et les actes de terrorisme graves » 319 . Elle est un corps spécial de la police nationale burundaise<br />

dont les activités sont concentrées à Bujumbura. Ses agents revêtent un uniforme spécifique qui a<br />

l’apparence d’une tenue camouflage grise. Sa mission est officiellement d’intervenir en cas d’émeutes.<br />

Officieusement, cette brigade spéciale mène des actions d’une violence extrême dans les quartiers<br />

contestataires du troisième mandat du président Nkurunziza, arrête, torture, fait disparaître et exécute.<br />

Le colonel Désiré Uwamahoro, ancien officier des renseignements, a été désigné 320 pour diriger cette<br />

unité alors que sa responsabilité pour des faits de violations graves des droits humains, notamment<br />

des actes de torture, a été mise en cause ces dernières années par plusieurs organisations de défense<br />

des droits humains et par la justice burundaise 321 . Il avait notamment été condamné en 2010 à une<br />

peine de cinq ans de prison par le tribunal de Muramvya pour avoir commis des actes de torture en<br />

2007 contre une vingtaine de détenus à Rutegama, dans le centre du pays 322 .<br />

D’après des sources internes de la police et des sources proches des services de sécurité, la BAE<br />

est composée d’environ 300 policiers triés sur le volet, pour l’essentiel des tireurs d’élite. Une de ces<br />

sources a notamment déclaré : « On a choisi les meilleurs au sein des différentes sections de la police,<br />

ceux qui sont “forts”, c’est-à-dire prêts à tuer. La quasi-totalité des éléments de la brigade sont des Hutu et<br />

si Tutsi il y a, ils sont prêts à assumer la tâche qu’on leur a donnée. » Une autre source bien informée a<br />

affirmé que les meilleurs éléments de la Brigade de recherches et d’investigations judiciaires (BRIJ)<br />

avaient été choisis pour intégrer la BAE et que c’est notamment pour cette raison que la BRIJ était<br />

moins « visible » sur le terrain depuis le mois d’octobre 2015, et moins engagée dans les violations<br />

des droits humains commises par les forces de sécurité.<br />

Le siège de la BAE est situé place de l’Indépendance, dans la zone de Mukaza, à Bujumbura, et est<br />

communément appelé « Chez Ndadaye » 323 . Des victimes civiles ont rapporté avoir été emprisonnées<br />

de manière arbitraire dans ces locaux et certaines avoir subi des actes de torture. Une victime a<br />

notamment indiqué qu’elle y avait été détenue avec une trentaine d’autres personnes en tenues civiles.<br />

De nombreux témoins et victimes avec lesquels la mission s’est entretenue ont évoqué la participation<br />

d’éléments de la BAE dans les violations graves des droits humains auxquelles ils ont assisté ou<br />

qu’elles ont subies. Le nom de Désiré Uwamahoro revient très fréquemment dans ces récits et ce<br />

colonel est à chaque fois accusé d’avoir lui-même commis ou ordonné des exécutions extrajudiciaires,<br />

actes de torture, disparitions forcées, arrestations arbitraires, ou des actes de rançonnage.<br />

319. Voir l’ordonnance n° 215/1182 du 7 septembre 2015 sur le site du ministère de la Sécurité publique du Burundi,<br />

http://www.securitepublique.gov.bi/spip.php?article15<br />

320. Le colonel Désiré Uwamahoro a été remplacé à la tête de la BAE par Emmanuel Manariyo par le ministre<br />

de la Sécurité publique (ordonnance 2015/2028/CAB/ du 04/11/2016, https://twitter.com/radio_rpa/<br />

status/794611714155085824/photo/1) le 4 novembre 2016 après que Désiré Uwamahoro a été arrêté le 29 octobre<br />

2016 pour une tentative d’escroquerie liée à un trafic d’or d’une valeur de 2,5 et 10 millions de dollars selon RFI.<br />

http://www.rfi.fr/afrique/20161104-burundi-pourquoi-chef-brigade-anti-emeutes-arrete-desire-uwamahoro<br />

321. Voir FIACAT, Burundi, police, arrêtez de torturer, juin 2008, http://www.fiacat.org/IMG/pdf/AM_0608_Burundi_FR.pdf.<br />

Voir aussi HRW, « Ils me tabassaient tous les matins », Exactions de la police au Burundi, avril 2008, https://www.hrw.<br />

org/fr/report/2008/04/30/ils-me-tabassaient-tous-les-matins/exactions-de-la-police-au-burundi<br />

322. Voir notamment FIDH, « Les violences continuent au Burundi : la communauté internationale doit adopter une<br />

action concertée d’urgence », le 9 octobre 2015, https://www.fidh.org/fr/regions/afrique/burundi/les-violencescontinuent-au-burundi-la-communaute-internationale-doit#nb1<br />

; U.S Department of State, 2010 Human Rights<br />

Report : Burundi, April 8, 2011, http://www.state.gov/j/drl/rls/hrrpt/2010/af/154334.htm<br />

323. Les locaux de la BAE sont situés à proximité du mausolée dédié au président Ndadaye.<br />

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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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