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Novembre

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annonçant le programme de son nouveau quinquennat, le président a tenu des propos laissant<br />

craindre un durcissement des conditions d’obtention de financements pour les ONG 246 .<br />

Au mois d’août 2015, la Commission chargée « d’enquêter sur le mouvement insurrectionnel<br />

déclenché le 26 avril 2015 », établie par le Procureur général le 29 avril et composée exclusivement<br />

de magistrats du ministère public, a publié son rapport. Elle s’y applique à nier toute responsabilité<br />

de l’État burundais dans les actes de violence commis lors des manifestations et à les attribuer<br />

aux organisations de la société civile et aux partis politiques d’opposition. Pas une seule fois<br />

les violations commises par les éléments des forces de l’ordre ne sont mentionnées. La grande<br />

majorité des leaders de la société civile et de l’opposition sont nommément cités comme<br />

« organisateurs et responsables » du mouvement insurrectionnel 247 . Ils sont tenus responsables<br />

des « crimes de sang comme des assassinats et des coups et blessures non seulement sur des civils<br />

mais aussi sur des forces de l’ordre », de la « privation des citoyens de jouir de leurs droits et libertés »,<br />

et des « dégâts matériels causés aux infrastructures publiques et privées » 248 .<br />

En droite ligne avec les conclusions de la Commission, le Procureur général de la République,<br />

Valentin Bagorikunda, a affirmé lors d’une conférence de presse organisée le 17 septembre<br />

2015, que les membres de la société civile à l’origine de la campagne « Halte au 3 ème mandat »,<br />

certains partis d’opposition et médias étaient responsables de l’organisation d’un mouvement<br />

d’insurrection au Burundi et complices de la tentative de putsch du 13 mai. Mi-octobre 2015, il a<br />

autorisé l’émission d’une quarantaine de mandats d’arrêt internationaux contre des personnalités<br />

hostiles au troisième mandat du président Nkurunziza 249 . Sur la liste, figurent quatre dirigeants<br />

d’organisations de la société civile à savoir Justine Nkurunziza de la Coalition de la société civile<br />

pour le monitoring électoral (COSOME), Pacifique Nininahazwe du Forum pour la Conscience et<br />

le Développement (FOCODE), Vital Nshimirimana du Forum pour le Renforcement de la Société<br />

Civile au Burundi (FORSC), et Armel Niyongere de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la<br />

Torture au Burundi (ACAT-Burundi), des journalistes, dont le très populaire Bob Rugurika 250 ,<br />

président de la RPA, ainsi que des opposants et des frondeurs du CNDD-FDD 251 .<br />

être révisée afin que le désordre que l’on a observé par le passé ne se répète plus. » – « Au cours de ces cinq années<br />

pour lesquelles nous avons la confiance du peuple pour diriger le Burundi, le projet de société que nous avons<br />

annoncé s’articule autour de trois axes, et nous allons y revenir après la formation du nouveau gouvernement. I<br />

l s’agit de […] Démanteler les groupes de malfaiteurs et traquer, dans un délai ne dépassant pas deux mois seulement, les<br />

criminels qui ont endeuillé le Burundi ces derniers jours et qui continuent. »<br />

246. Extrait du message à la nation du 26 août 2015 : « Nous allons faire examiner en profondeur comment mettre sur pied<br />

une commission chargée des ONGs nationales et internationales, de les agréer et de faire le suivi sur la manière dont elles<br />

font leur travail : il est démontré qu’un certain désordre existe dans ces organisations. Cette commission fera le suivi des<br />

réalisations de ces ONGs afin que leur apport au développement du pays soit plus visible et qu’il augmente conformément<br />

aux nouvelles dispositions réglementaires qui vont être bientôt définies. Les financements de ces organisations devront<br />

passer par des canaux bien connus et servir à des fins auxquels ils avaient été destinés. Au cas contraire, les lois et<br />

règlements seront appliqués, et celui qui les aura enfreints, qui qu’il soit, sera sanctionné. »<br />

247. Lire le rapport de la Commission d’enquête, https://www.fidh.org/IMG/pdf/20150909_justice_burundaise_rapportcommission-enquete_insurrection_final.pdf.<br />

Quasiment tous les leaders de la société civile burundaise indépendante<br />

et de l’opposition sont cités comme les « organisateurs » et « responsables », notamment : Prof. Gertrude Kazoviyo<br />

(ITEKA), M. Vital Nshimirimana (FORSC), M. Pierre Claver Mbonimpa (APRODH), M. Armel Niyongere (ACAT<br />

Burundi), M. Alexis Sinduhije (MSD), M. Charles Nditije (Amizero Ya’Barundi), M. Jean Minani (Frodebu), M. Léonce<br />

Ngendakumana (ADC-Ikibiri).<br />

248. Rapport de la Commission d’enquête, ibid.<br />

249. Douze mandats d’arrêt ont été émis en Belgique, un aux Pays-Bas et neuf au Rwanda. Voir notamment RFI,<br />

« Une quarantaine de mandats d’arrêt internationaux émis par le Burundi », le 23 octobre 2015, http://www.rfi.<br />

fr/afrique/20151023-burundi-plusieurs-mandats-arret-emis-contre-ennemis-regime. En date du 2 février 2016,<br />

34 personnalités burundaises étaient toujours l’objet de mandats d’arrêts internationaux. 15 de ces mandats d’arrêt<br />

ont été levés par la justice burundaise en février 2016. Voir notamment RFI, « Burundi : la justice lève les mandats<br />

d’arrêt contre 15 personnalités », le 20 février 2016, http://www.rfi.fr/afrique/20160220-burundi-justice-leveemandats-arrets<br />

250. Voir notamment le communiqué de presse de la FIDH sur le cas de Bob Rugurika, arrêté en septembre 2014,<br />

« Bob Rugurika libéré : une première étape pour la liberté d’expression au Burundi mais le combat continue », le<br />

24 février 2016, https://www.fidh.org/fr/regions/afrique/burundi/17048-bob-rugurika-libere-une-premiere-etapepour-la-liberte-d-expression-au<br />

251. Des mandats d’arrêt internationaux ont aussi été émis contre des militaires putschistes qui ont participé aux<br />

violences au moment du coup d’État raté de mai 2013.<br />

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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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