Novembre
2fUWdE3
2fUWdE3
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Au moment de la rédaction du présent rapport, nos organisations continuent de recenser des<br />
cas de disparitions forcées. Cette pratique, qui tend à revêtir un caractère massif, est constitutive<br />
de crime contre l’humanité, visé à l’article 7 du Statut de la Cour pénale internationale ainsi qu’à<br />
l’article 196 du Code pénal burundais.<br />
5. 1. 5. Les autres crimes constitutifs : tortures, détentions, etc.<br />
Le Code pénal burundais reprend en son article 196 la définition de crime contre l’humanité<br />
consacrée à l’article 7 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale et les crimes constitutifs.<br />
Sont ainsi reconnus comme crime contre l’humanité les crimes de tortures, de détention, de<br />
traitements dégradants et inhumains ou encore de déportation ou transfert forcé de population,<br />
perpétrés dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population<br />
civile et en connaissance de cette attaque.<br />
Les actes de détentions légales et non légales se sont systématisés depuis les manifestations<br />
d’avril 2015. Ainsi, les Nations unies ont établi officiellement le chiffre de 5 881 arrestations et<br />
détentions qui avoisinerait plutôt les 8 000 cas d’arrestation et de détention si l’on comprend les<br />
lieux secrets de détention in communicado. Dans la logique répressive du régime en place, tous<br />
ceux qui sont considérés comme opposants sont détenus légalement ou pas. Le caractère massif<br />
de ces détentions, y compris d’enfants et de jeunes, peut constituer un élément supplémentaire<br />
du caractère systématique et généralisé relevant du crime contre l’humanité.<br />
Par « torture », on entend le fait d’infliger intentionnellement une douleur ou des souffrances<br />
aiguës, physiques ou mentales, à une personne se trouvant sous sa garde ou sous son contrôle ;<br />
l’acception de ce terme ne s’étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de<br />
sanctions légales, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles. Les actes de tortures<br />
perpétrés de façon systématique au cours de ces détentions contrôlées par les forces du régime<br />
ou ses supplétifs apparaissent rentrer dans un schéma de répression visant une population civile<br />
spécifique. Ainsi, la pratique de la « correction » pratiquée de façon systématique lors de l’entrée en<br />
détention constitue un acte de torture et de traitement dégradant et inhumain. Les nombreuses<br />
pratiques de coercition à l’encontre de milliers de détenus dans les lieux de privation de liberté,<br />
notamment illégaux, constituent des actes de tortures et de traitements dégradants et inhumains<br />
perpétrés à large échelle sur une partie de la populations civile. Indépendamment du sexe ou du<br />
contexte, les personnes en détention sont systématiquement soumisses à la torture ou des actes<br />
dégradants et inhumains relevant d’une organisation planifiée et conduite contre une population<br />
civile.<br />
Enfin, par « déportation ou transfert forcé de population », on entend le fait de déplacer des<br />
personnes, en les expulsant ou par d’autres moyens coercitifs, de la région où elles se trouvent<br />
légalement, sans motifs admis en droit international. Les 311 000 personnes ayant fui le Burundi<br />
depuis avril 2015 ont pour partie fui le pays en raison des risques de persécution et de mort de la<br />
part des forces du régime. Le gouvernement n’a pas appelé ses concitoyens à revenir massivement<br />
au Burundi, laissant penser que pour partie au moins de cette population, leur déplacement en<br />
dehors du Burundi pouvait constituer un objectif stratégique.<br />
5. 1. 6. Persécution<br />
Le Statut de la Cour pénale international définit la « persécution » comme « le déni intentionnel<br />
et grave de droits fondamentaux en violation du droit international, pour des motifs liés à l’identité du<br />
FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 165