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Novembre

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désigné Yoweri Museveni, le président ougandais, comme médiateur dans la crise burundaise. Ce qui<br />

n’empêchera pas les autorités burundaises d’organiser au forceps le scrutin le 21 juillet, soit seulement<br />

deux semaines après la date initialement prévue et malgré le boycott des partis d’opposition.<br />

Le 1 er août 2015, après des discussions menées à Addis-Abeba en Éthiopie, des leaders de<br />

l’opposition burundaise, d’anciens membres du CNDD-FDD, d’anciens chefs d’État, et des figures<br />

de la société civile ont annoncé se réunir au sein du Conseil national pour le respect de l’Accord<br />

d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi, et la restauration de l’État de droit (CNARED).<br />

À la lecture du premier communiqué et de l’acte constitutif du CNARED 362 , on comprend que ce<br />

conseil se veut être la plate-forme de l’opposition politique et citoyenne en fédérant toutes les<br />

forces opposées au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, à la fois celles au Burundi et celles<br />

en exil. Les conditions préalables à tout dialogue politique posées par le CNARED comprennent :<br />

le respect des Accords d’Arusha et de la Constitution burundaise, la restauration de la paix et de<br />

la concorde nationale (notamment par le démantèlement de toutes les milices, la restauration<br />

des libertés publiques et la reprise du dialogue national), et le rétablissement d’un environnement<br />

propice à l’organisation d’élections libres, inclusives et démocratiques.<br />

D’emblée, le gouvernement burundais a exprimé sa méfiance vis-à-vis de ce conseil : il ne le reconnaît<br />

pas et refuse catégoriquement de négocier avec lui 363 , contribuant ainsi à exacerber les tensions.<br />

Le 23 septembre 2015, Willy Nyamitwe, conseiller principal en charge de la communication du<br />

président, déclarait 364 que le gouvernement burundais rejetait toute possibilité de négociation avec<br />

les figures de l’opposition et de la société civile engagées dans la campagne contre le troisième<br />

mandat de Pierre Nkurunziza – dont certaines sont toujours poursuivies pour l’organisation d’un<br />

« mouvement insurrectionnel ». Il avait notamment déclaré qu’« il n’y aura jamais de négociations avec<br />

ceux qui sont poursuivis pour insurrection et veulent ramener notre pays dans le chaos et la guerre » 365 .<br />

Le même jour, le gouvernement burundais annonçait la création d’une Commission nationale de<br />

dialogue interburundais (CNDI), censée permettre la reprise des discussions entre tous les acteurs<br />

politiques et la société civile sur le territoire burundais 366 . Les enquêtes de la FIDH et de la Ligue<br />

ITEKA ont mis en lumière la nature réelle de cette Commission (cf. supra) et l’on pouvait douter<br />

dès septembre 2015 de ses capacités à instaurer un dialogue effectif dans la mesure où la société<br />

civile et l’opposition politique indépendantes étaient exclues du processus.<br />

Jusqu’à la fin de l’année 2015, les appels et efforts internationaux 367 pour qu’un dialogue inter-<br />

362. Communiqué du CNARED, le 1 er août 2015, https://bujanews.wordpress.com/2015/08/01/communiquesanctionnant-la-reunion-constitutive-du-cnared-signe-a-addis-abeba/<br />

; Acte Constitutif du CNARED, http://cnared.<br />

info/wordpress/connaitre-le-cnared/<br />

363. À l’annonce de la création du CNARED, Willy Nyamitwe, conseiller principal en charge de la communication du<br />

président a déclaré : « [...] quand vous additionnez putschistes, frondeurs, opposants radicaux, des gens qui ont été<br />

finalement des rejetés de la société burundaise qui sont à l’étranger, loin de la réalité burundaise, vous avez un groupe de<br />

gens qui au regard de la configuration de l’échiquier politique burundais sont des personnes qui n’ont aucune crédibilité.<br />

C’est un groupe de gens qui sont hors jeu de commun accord. » (Lire l’article publié par Iwacu le 11 août 2015 :<br />

http://www.iwacu-burundi.org/le-cnared-aujourdhui-et-demain/)<br />

364. Voir notamment Jeune Afrique, « Burundi : le gouvernement ne négociera pas “avec ceux poursuivis pour<br />

insurrection” », le 23 septembre 2015, http://www.jeuneafrique.com/267071/politique/burundi-gouvernement-nenegociera-poursuivis-insurrection/<br />

365. Ibid.<br />

366. Lire le décret n° 100/34 du 23 septembre 2015 portant création, mandat, composition, organisation et fonctionnement<br />

de la Commission nationale de dialogue interburundais<br />

367. Voir également l’appel lancé par l’Église catholique burundaise, RFI, « Crise au Burundi : la conférence épiscopale<br />

appelle au dialogue », le 23 septembre 2015, http://www.rfi.fr/afrique/20150922-crise-burundi-conferenceepiscopale-appelle-dialogue-pierre-nkurunziza-troisieme-ma<br />

; ceux lancés par l’Union européenne et notamment<br />

la Déclaration de la haute représentante Federica Mogherini au nom de l’Union européenne suite à l’élection<br />

présidentielle au Burundi, le 23 juillet 2015, http://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2015/07/23-<br />

eeas-mogherini-burundi/?utm_source=dsms-auto&utm_medium=email&utm_campaign=D%C3%A9claration%20<br />

de%20la%20Haute%20Repr%C3%A9sentante%20Federica%20Mogherini%20au%20nom%20de%20<br />

l%27Union%20europ%C3%A9enne%20suite%20%C3%A0%20l%27%C3%A9lection%20pr%C3%A9sidentielle%20<br />

au%20Burundi ; ainsi que les efforts des États-Unis : voir notamment le communiqué de l’Ambassade des États-<br />

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FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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