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Novembre

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II. CONTEXTE ET ANALYSE<br />

LA CANDIDATURE HAUTEMENT CONTESTÉE<br />

DU PRÉSIDENT NKURUNZIZA<br />

Depuis avril 2015, le Burundi est plongé dans une crise politique majeure, qui s’accompagne d’une<br />

crise des droits humains ayant déjà fait plus de 1 000 victimes, 8 000 personnes détenues pour des<br />

motifs politiques, 300 à 800 personnes disparues, des centaines de personnes torturées, plusieurs<br />

centaines de femmes victimes de violence sexuelle, et des milliers d’arrestations arbitraires, d’après<br />

les informations recueillies par nos organisations. La majorité de ces exactions sont commises<br />

par les forces de sécurité burundaises sur ordre des autorités en place, affectent principalement<br />

les civils et ont déjà poussé plus de 310 000 personnes à fuir le pays 5 .<br />

Cette crise a été déclenchée par l’annonce, le 25 avril 2015, de la candidature du président<br />

Nkurunziza pour briguer un troisième mandat. L’élection présidentielle, prévue le 5 juin 2015, a été<br />

finalement reportée au 21 juillet 2015 après 3 mois de contestation populaire réprimée dans le sang<br />

par les forces de sécurité, et en particulier la police et le Service national de renseignement (SNR).<br />

Le président sortant a été reconduit, sans surprise, en raison du boycott de la grande majorité<br />

de l’opposition et d’une répression violente des manifestations populaires contestant la tenue du<br />

scrutin. À la tête de l’ancien groupe rebelle hutu des Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD)<br />

– reconverti en parti politique sous le nom de CNDD-FDD 6 – le président Nkurunziza avait été élu<br />

une première fois en 2005, moment où le Burundi cherchait à reconstruire une démocratie au<br />

lendemain d’une violente guerre civile (1993-2005) ayant fait près de 300 000 morts 7 entre 1993<br />

et 2006. Il avait été réélu en 2010 au cours d’une élection contestée 8 boycottée par l’opposition qui<br />

avait fait l’objet d’un rapport de la FIDH et de la Ligue ITEKA. Ce rapport décrivait déjà les ressorts<br />

autoritaires mis en place par le jeune parti du CNDD-FDD pour conserver le pouvoir 9 .<br />

Les mois précédant l’élection présidentielle de 2015, de nombreuses voix, parmi lesquelles celles de<br />

l’opposition politique, des organisations de la société civile nationale et internationale 10 , des églises,<br />

des diplomaties étrangères et de la communauté internationale, se sont inquiétées de la nouvelle<br />

candidature du président Nkurunziza, jugée contraire aux dispositions de l’Accord d’Arusha pour<br />

5. D’après les chiffres fournis par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), actualisés le 27 septembre 2016, UNHCR,<br />

Burundi Situation, http://data.unhcr.org/burundi/regional.php<br />

6. P. Nkurunziza est un ancien professeur d’éducation physique ayant rejoint un groupe rebelle hutu, les Forces pour<br />

la défense de la démocratie (FDD), en 1995, au cours de la guerre civile. Ce groupe rebelle hutu a été créé à la suite<br />

de l’assassinat du premier président hutu, Melchior Ndadaye, le 21 octobre 1993. Ndadaye est tué au cours d’un<br />

coup d’État sanglant orchestré par un groupe de militaires de l’armée, à dominante tutsi. Rapidement, des Tutsi<br />

sont victimes de massacres et l’armée lance alors une campagne de représailles à l’encontre des populations hutu :<br />

le pays sombre dans la guerre civile. P. Nkurunziza participe à la guérilla aux côtés des FDD, avant de s’élever dans<br />

la hiérarchie et d’en prendre la tête en 2001. Les FDD se transforment en parti politique en novembre 2003 (le CNDD-<br />

FDD) et participent à la signature des Accords d’Arusha, mettant fin à presque dix ans de guerre civile.<br />

7. Voir notamment Centre d’actualité de l’ONU, « PAM : les inondations au Burundi menacent deux millions<br />

de personnes d’une crise alimentaire », le 6 février 2007, http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.<br />

asp?NewsID=13604&Cr=&Cr1=#.V_0QirVb89p<br />

8. À l’issue de la promulgation des résultats des élections communales organisées en mai 2010, au terme desquelles le<br />

parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD)<br />

devait recueillir 64 % des voix, les principaux partis de l’opposition, dont les Forces nationales de libération (FNL), le<br />

Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD), l’Union pour la paix et le développement (UPD), le Sahwanya-<br />

Frodebu ont dénoncé ces résultats, invoquant de nombreuses irrégularités et remettant en cause l’impartialité de la<br />

CENI. Ces contestations ont conduit à la décision de l’opposition de boycotter le reste des scrutins. La reconduction,<br />

en 2012, de la même équipe à la tête de la CENI, notamment de son président, M. Pierre Claver Ndayicariye, a soulevé<br />

des critiques de la part de l’opposition.<br />

9. Voir rapport de la FIDH et de la ligue ITEKA, Burundi - Les élections de 2010 : un test à ne pas rater pour consolider la paix,<br />

04 mai 2010, https://www.fidh.org/IMG/pdf/Burundi_elections-06.pdf<br />

10. Notamment le rapport de la FIDH et ITEKA, Éviter l’embrasement au Burundi, 07 mai 2015, https://www.fidh.org/fr/<br />

regions/afrique/burundi/rapport-eviter-l-embrasement-au-burundi<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 21

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