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Novembre

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L’onde de choc provoquée par les attaques des groupes rebelles et la répression qui a suivi les 11<br />

et 12 décembre 2015 a marqué une étape de la crise et une évolution significative des stratégies<br />

répressives des autorités burundaises vers des formes de violence moins visibles.<br />

Ainsi, au nom de la « lutte contre le terrorisme » 61 , les services de sécurité ont procédé à des<br />

exécutions extrajudiciaires, des arrestations de masse et des actes de torture contre les<br />

populations civiles des quartiers contestataires de Bujumbura à la suite des attaques menées<br />

par les groupes armés rebelles le 11 décembre 2015 62 . Ces violations ont été attribuées aux<br />

« terroristes» 63 ou aux forces de sécurité dans le cadre de leur mission. Après ces événements,<br />

si les exécutions extrajudiciaires publiques se sont poursuivies, les cas d’exécutions à huis clos,<br />

de disparitions forcées et de dissimulation des cadavres dans des fosses communes se sont<br />

multipliés à un rythme extrêmement alarmant, d’après les informations de la FIDH et de la Ligue<br />

ITEKA. Les enquêtes menées par nos organisations ont aussi permis d’établir que les lieux de<br />

détention secrets se sont multipliés et que les mauvais traitement et actes de torture sur les<br />

détenus et particulièrement les Tutsi sont devenus systématiques. Le niveau de surveillance et de<br />

contrôle de la société burundaise par les organes de sécurité, notamment le très actif SNR et les<br />

Imbonerakure, s’est considérablement accru, permettant aux autorités de menacer, traquer, arrêter,<br />

faire disparaître et exécuter dans l’ombre ceux qu’elles considèrent comme des « ennemis » du<br />

pouvoir, selon la rhétorique employée par les autorités.<br />

Les Tutsi sont toujours plus visés par les violences et assimilés aux « opposants » au pouvoir 64 ,<br />

malgré la présence de beaucoup de Hutu au sein de l’opposition politique, la société civile<br />

indépendante et de l’opposition armée 65 . Ils sont présentés comme les responsables des<br />

« malheurs » du Burundi ou comme « ceux qui veulent revenir au pouvoir » 66 . Les discours des autorités<br />

divisionnistes, complotistes et incitant à la haine 67 semblent désormais faire partie d’une véritable<br />

idéologie ethnique et génocidaire d’État.<br />

Avant les événements des 11 et 12 décembre, certains membres influents du parti au pouvoir<br />

avaient déjà tenu de façon non publique des propos extrêmement alarmants. Le 1 er novembre 2015,<br />

le président du Sénat burundais, Révérien Ndikuriyo, devant ses partisans et des Imbonerakure,<br />

avait notamment déclaré : « Si vous entendez le signal avec une consigne que ça doit se terminer, les<br />

émotions et les pleurs n’auront plus de place ! » avant d’ajouter : « Vous devez pulvériser, vous devez<br />

exterminer ces gens (…). Attendez le jour où l’on dira “travaillez !”, vous verrez la différence ! », lors d’une<br />

réunion à la mairie de Bujumbura, enregistrée à son insu 68 . Ce message fait notamment référence<br />

au terme « travailler » utilisé au Rwanda par le gouvernement génocidaire Hutu Power pour appeler<br />

à l’élimination systématique des Tutsi.<br />

61. Entretien avec le Secrétaire permanent du ministère des Relations extérieures et de la Coopération internationale de<br />

la République du Burundi, le 24 mars, à Bujumbura, Burundi.<br />

62. Ce point est d’ailleurs contesté par certains, quant à savoir si les ratissages des quartiers contestataires ont été<br />

menés presque simultanément ou pas aux attaques des groupes armés rebelles. Certaines sources ont évoqué que<br />

les forces de sécurité avaient été informées d’éventuelles attaques et s’étaient préparées. Aucun élément probant<br />

permettant de privilégier l’une ou l’autre des hypothèses n’a été relevé par la FIDH jusqu’à présent.<br />

63. Communiqué du CNDD-FDD du 26 mars 2016, http://www.cndd-fdd.net/2016/03/28/communique-n-0062016-duparti-cndd-fdd-du-26-mars-2016/<br />

64. Entretiens avec des victimes, Ouganda, mars 2016.<br />

65. Entretiens avec des représentants d’organisations de la société burundaise et des membres de l’opposition politique.<br />

66. Ces propos sont revenus à diverses reprises dans les entretiens que la FIDH a menés au cours de sa mission avec<br />

des victimes et des témoins.<br />

67. Voir notamment les communiqués de presse du parti au pouvoir, op. cit.<br />

68. Voir notamment Le Monde, « Crainte de violences au Burundi après le discours du président », le 6 novembre 2015,<br />

http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/06/crainte-de-violences-au-burundi-apres-le-discours-dupresident_4804870_3212.html<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires 39

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