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Novembre

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Brice 256 , un observateur de la Ligue ITEKA, a également raconté à nos organisations les menaces<br />

et actes d’intimidation qu’il a reçus de la part du chef de la Documentation à Muyinga, Péniel<br />

Hatungimana, et de la gouverneure de la province, Aline Manirabarusha. Cette dernière l’a convoqué<br />

au début du mois d’avril 2016 pour qu’il s’explique sur un rapport de monitoring des violations<br />

des droits humains du Réseau national des Observateurs des droits de l’Homme (RNODH) 257<br />

dans la province de Muyinga. Ce rapport documentait notamment des cas d’enlèvement par des<br />

agents du SNR, et incriminait directement Péniel Hatungimana. Brice a été accusé de soutenir<br />

« les bandes armées en provenance du Rwanda » et d’être leur « espion ». Il a été forcé de « demander<br />

pardon », de démentir les allégations formulées dans le rapport et de fournir une copie rectifiée à<br />

l’administration provinciale. Il a également été sommé de leur transmettre tous les rapports de<br />

monitoring qu’il avait en sa possession. Quelques jours plus tard, il a été averti par des collègues<br />

que certains observateurs de Muyinga avaient accepté de « collaborer avec la Documentation afin<br />

de lui faire du mal, sous prétexte qu’il est Tutsi et qu’il est de la Ligue ITEKA, organisation bannie de<br />

travailler sur le sol burundais ». Ils ont ajouté que les autorités cherchaient à l’éliminer, d’après son<br />

témoignage. En mai 2016, des hommes en tenue policière se sont présentés chez lui alors que<br />

Brice avait quitté son domicile pour des raisons de sécurité et qu’un mandat d’arrêt avait été émis<br />

à son encontre. Brice a indiqué avoir été suivi jusque dans l’aéroport de Bujumbura par Désiré<br />

Uwamahoro, chef de la Brigade anti-émeute de la police, alors qu’il cherchait à sortir du territoire<br />

afin d’échapper au SNR. Il a finalement réussi à embarquer à bord de son avion avant que la police<br />

des frontières ne soit informée.<br />

Le 2 août, le journaliste Esdras Ndikumana, correspondant de RFI et de l’AFP au Burundi, a été<br />

arrêté alors qu’il prenait des photos sur les lieux de l’assassinat du général Adolphe Nshimirimana<br />

et conduit dans les bureaux du Service national de renseignement (SNR) où il a été passé à tabac<br />

pendant deux heures 258 . Son agression n’a été condamnée par la présidence burundaise que plus<br />

d’une semaine après les faits (et après des demandes insistantes de RFI), assurant qu’une enquête<br />

serait menée concernant ces faits. À ce jour, aucune suite judiciaire n’a pourtant été donnée.<br />

Le 3 août, Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Association pour la protection des droits<br />

humains et des personnes détenues (APRODH), a été victime d’une tentative d’assassinat par<br />

balles 259 . M. Mbonimpa est l’une des éminentes figures de la société civile burundaise et est, à ce<br />

titre, la cible d’un harcèlement judiciaire constant depuis 2014, renforcé suite à son implication<br />

dans la campagne de la société civile « Halte au 3 ème mandat » 260 . À ce jour, nos organisations<br />

n’ont pu recueillir aucune information concernant l’enquête qui aurait été ouverte par les autorités<br />

judiciaires dans le cadre de cette affaire. Le principal suspect, Ngendakuriyo surnommé « Family »,<br />

a été assassiné le 30 septembre 2015 à Bujumbura.<br />

Le vendredi 9 octobre 2015, Pascal Nshimirimana, époux de Zigène Mbonimpa, la fille de Pierre<br />

Claver Mbonimpa, a été assassiné devant son domicile par un jet de grenade et des tirs d’armes à<br />

feu alors qu’il se trouvait dans son véhicule, d’après les enquêtes menées par nos organisations.<br />

256. Le prénom a été modifié.<br />

257. Voir la Partie III ; 3.14.1 ; Pouvoir de nuisance des ONG nyakuri : l’exemple du RNODH.<br />

258. Voir notamment FIDH, « Détérioration de la situation des droits humains au Burundi », le 8 septembre 2015, https://<br />

www.fidh.org/fr/regions/afrique/burundi/deterioration-de-la-situation-des-droits-humains-au-burundi et Reporters<br />

Sans Frontières, « RSF dénonce avec force l’agression du correspondant de RFI et de l’AFP au Burundi », le 3 août<br />

2015, https://rsf.org/fr/actualites/rsf-denonce-avec-force-lagression-du-correspondant-de-rfi-et-de-lafp-au-burundi<br />

259. Appel urgent de l’Observatoire, « Burundi : Tentative d’assassinat perpétrée à l’encontre de M. Pierre Claver<br />

Mbonimpa », le 4 août 2015, https://www.fidh.org/fr/regions/afrique/burundi/burundi-tentative-d-assassinatperpetree-a-l-encontre-de-m-pierre<br />

; voir également la note de position de la FIDH, « Burundi : Enlisement du dialogue<br />

politique sur fond de répression accrue », https://www.fidh.org/IMG/pdf/20151009_burundi_draft-position-paper_<br />

fr_tj_iteka_ldgl_cleanfinal_final.pdf<br />

260. Lire le communiqué de presse de la FIDH publié le 4 août 2015 : « Burundi : il faut un dialogue ouvert pour éviter<br />

l’embrasement ».<br />

120<br />

FIDH - BURUNDI : Répression aux dynamiques génocidaires

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