la justice de proximite au burundi realites et perspectives

La justice de proximité au Burundi, réalités et perspectives
3. LES PRATIQUES SOCIALES
S’il est vrai que, comme le dit un vieux brocard latin, « sans droit il
n’existe pas de société », 13 il n’en reste pas moins que le droit n’arrive
pas toujours à pénétrer la vie sociale jusque dans ses moindres replis.
Le champ d’application du droit positif reste limité et la coutume 14 garde
un rôle important dans les relations sociales et humaines. Cependant,
les pratiques sociales et les usages ont aussi une influence sur les
rapports sociaux.
Les pratiques sociales se distinguent de la coutume par leur
particularisme et leur caractère récent. Les pratiques sociales sont plus
localisées au sein d’un groupe ou terroir particulier et régissent un
groupe de gens plus limité que ceux placés sous l’empire de la coutume.
D’autre part, autant la coutume vient des temps immémoriaux, autant les
pratiques sociales sont relativement récentes.
Par exemple, la dot était pendant longtemps versée en nature (bétail,
instruments agricoles…). Depuis un certain temps cependant, elle est
versée en espèces et on préfère parler d’« Agashimwe » en lieu et place
d’« Inkwano ». Un autre exemple peut être trouvé dans le fait que de
plus en plus de fiancés font faire un test sérologique de dépistage du
VIH avant de s’engager dans le mariage.
Pour conclure, il faut rester vigilant et ne pas céder à la tentation de
penser qu’il faudrait tout régler au plus vite par le droit écrit.
Déjà en 1961, E. Lamy avait prévenu contre les risques d’un tel
empressement, et conseillé la prudence et la patience, en ces termes :
13 Ubi societas, ibi jus. Voir LAMY, E., Au carrefour de deux droits. Leçon inaugurale
faite à la rentrée le 26 octobre 1961. Bujumbura, 1961, p.3.
14 On gardera à l’esprit que la coutume constitue une source du droit non négligeable,
à côte de la loi.
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