la justice de proximite au burundi realites et perspectives

Les conflits de compétences entre les autorités locales
bashingantahe. 6 Des compromis ont pu cependant être trouvés. Au
cours du séminaire de novembre 2005 à Buta, des responsables
administratifs ont finalement reconnu après discussions, l’importance du
rôle joué par les notables et ont exprimé le désir d’être investis
traditionnellement. Les bashingantahe ont quant à eux permis aux élus
locaux de siéger avec eux à condition de ne pas toucher à l’intahe ou de
participer aux séances de délibération.
1.2 Les bashingantahe, les OPJ et les magistrats des Tribunaux de
Résidence
Les conflits de compétences entre ces trois autorités sont plus
prononcés dans les affaires pénales que dans les affaires civiles.
Rappelons encore une fois que la loi ne reconnaît aucune
compétence aux bashingantahe à juger les affaires pénales. Néanmoins
dans la pratique, ils interviennent souvent pour arranger des situations
constitutives d’infractions. C’est le cas notamment en matière de viol, de
coups et blessures, d’injures ou de vol de récoltes sur pied. En cas de
viol d’une jeune fille par un jeune homme, les bashingantahe
préconisent un arrangement à l’amiable en obligeant le garçon à prendre
en mariage sa victime, moyennant versement de la dot et
dédommagement moral de la famille humiliée, en termes de cruches de
vin de banane ou de caisses de bière.
L’implication des bashingantahe dans ce genre d’affaires serait
motivée par le souci de préserver ou de rétablir le plus rapidement
possible les bonnes relations entre les deux familles en conflit. La
réconciliation et la paix sociale priment sur la sanction. 7
6 Comme ce fut le cas à Muyinga, lors du séminaire tenu en dates du 14 au 17 mars
2006
7 Ainsi appliquent-ils un adage selon lequel l’intahe soude et ne brise pas (« Intahe
irunga ntivuna » ) ou encore celui qui dit que le linge sale se lave en famille (« Igito
gitabwa iwabo »).
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