la justice de proximite au burundi realites et perspectives

La justice de proximité au Burundi, réalités et perspectives
de force politiques dans la communauté, des conseils plus ou moins
intéressés de parents, amis et voisins.
Les justiciables, et singulièrement les paysans ont une conception
utilitaire de la justice et non une conception légale, juridique. En situation
de litige, ils étudieront les meilleures stratégies pour obtenir gain de
cause et au moindre coût. La question qu’ils se posent est « qui va
résoudre mon problème ? » et non pas « que dit la loi ? »
Les justiciables jouent parfois de cette confusion en saisissant la
police pour le remboursement de dettes car le remboursement sera plus
rapide et qu’ainsi le débiteur indélicat sera puni…
Ils iront voir les bashingantahe pour des cas de viols car le délinquant
aura ainsi une chance d’échapper à la prison et la victime à la
stigmatisation et à la honte, surtout si le violeur et la victime étaient
familiers.
Ils porteront plainte chez l’administrateur communal car ils
considèrent qu’il a plus de pouvoir que le juge (n’a-t-il pas un véhicule
alors que le juge devra solliciter un déplacement ?) et surtout de pouvoir
de coercition sur ses administrés. S’ils perdent la partie chez l’un des
acteurs de la justice de proximité, ils feront recours en toute innocence
chez l’autre dans le désir secret d’obtenir enfin gain de cause.
Les acteurs de la justice de proximité peuvent aussi se livrer une
sorte de lutte d’influence ou de combat des chefs entre plusieurs
notables dans leur circonscription au lieu de coopérer pour le meilleur
service de justice à la population.
Les enjeux ne manquent pas : conflits politico-ethniques, attitudes
revanchardes liées au renversement de rapports de force à l’occasion
des élections locales, compétition pour l’appropriation des dons des
populations en termes de bière, de prestations et de prestige social.
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