la justice de proximite au burundi realites et perspectives

Les particularités locales des litiges
Depuis la période coloniale jusqu’à ce jour, les missionnaires
catholiques et protestants ont toujours lutté sans grand succès contre la
sorcellerie. Au cours de la deuxième république, le Président Bagaza et
le parti unique UPRONA se sont également livrés à la lutte contre les
pratiques obscurantistes : « Dans certaines régions du pays, il existe
malheureusement beaucoup de pratiques et de croyances
obscurantistes qui constituent de véritables fléaux sociaux dans les
régions concernées. Ce sont surtout les pratiques et les croyances
relatives aux pluviators (abavurati), aux envoûteurs (abarozi), aux devins
(abapfumu), aux « abategatega », « manayeza », « amashinga »,
« amahembe », « nangayivuza », « ibifaro »… Ces croyances dues
souvent à l’ignorance, au manque d’information, de formation et
d’infrastructures médicales, et à l’esprit d’exploitation détériorent les
relations sociales, favorisent la mésentente et les divisions, sèment la
haine, la suspicion et la zizanie dans les familles… » 8
Deux résolutions importantes du congrès national de l’Uprona
avaient conclu à l’urgence de « combattre les croyances et pratiques
superstitieuses ainsi que leurs propagateurs. Essayer de rééduquer et
de critiquer dans les réunions du Parti ceux qui colportent ces croyances
superstitieuses, qui s’adonnent à des pratiques rétrogrades et de leur
réserver des châtiments exemplaires conformément à la loi. »
Mais les conflits de sorcellerie persistent et se manifestent un peu
partout dans le pays en milieu rural et en milieu urbain, dans les
catégories de populations non instruites et instruites y compris de
formation universitaire.
8 République du Burundi, Actes du Premier Congrès National du Parti UPRONA,
Bujumbura, novembre 1980.
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