la justice de proximite au burundi realites et perspectives

La justice de proximité au Burundi, réalités et perspectives
3. POURQUOI LES CONFLITS DE COMPETENCES ?
Nous venons de présenter les principaux conflits de compétences qui
opposent les différents acteurs de la justice de proximité malgré
l’existence de lois qui définissent les prérogatives des uns et des autres.
On pourrait alors s’interroger sur les raisons de ces conflits.
L’ignorance de la loi et la distorsion entre dispositions légales et
pratiques sociales constituent les causes essentielles de ces conflits.
3.1 L’ignorance de la loi
Le nombre et l’intensité des conflits de compétences sont en partie
liés au fait que la population ignore la loi et que les acteurs de la justice
de proximité ne connaissent suffisamment pas les dispositions légales
ou ne les respectent pas.
La population n’est pas encore suffisamment informée sur les lois en
vigueur. Les textes de loi sont promulgués en français et restent peu
accessibles au profane d’autant que le taux d’analphabétisme est
important au Burundi. Par ailleurs, il est très rare que les pouvoirs
publics organisent des débats de société sur les lois en préparation et
les exposés des motifs.
En dehors des juges des Tribunaux de Résidence et des OPJ, les
autres acteurs de la justice de proximité sont généralement dépourvus
d’une culture générale en matière de droit.
Les responsables administratifs et les bashingantahe fondent leurs
décisions et leurs actions sur ce qui leur semble juste et bon, sur
l’équité, le bon sens, la coutume et les pratiques locales.
Mais l’ignorance de la loi n’explique pas tout. La justice est rendue
par des humains. Les populations et les autorités locales peuvent
résister ou s’approprier le droit de diverses manières. Chacun, selon son
histoire, ses croyances, son niveau social développe des stratégies
d’opportunisme face aux différentes sources normatives qui coexistent
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