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Le Monde de Sophie - Jostein Gaarder (En pdf) - Oasisfle

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246<br />

LE MONDE DE SOPHIE<br />

Vinci. Il se heurta à l'opposition d'autres humanistes, tel<br />

Érasme <strong>de</strong> Rotterdam, qui jugeaient sa conception <strong>de</strong><br />

l'homme par trop négative. Luther soulignait en effet que<br />

l'homme était un être totalement détruit après la Chute. Seule<br />

la grâce <strong>de</strong> Dieu peut « rendre justice » à l'homme. Car le<br />

prix à payer pour le péché, c'est la mort.<br />

— C'est pas très gai, tout ça.<br />

Alberto Knox se leva, prit la bille sur la table et la fourra<br />

dans sa poche <strong>de</strong> chemise.<br />

— Oh ! il est déjà plus <strong>de</strong> quatre heures ! s'écria <strong>Sophie</strong>.<br />

— La prochaine gran<strong>de</strong> époque dans l'histoire <strong>de</strong> l'humanité,<br />

c'est le baroque. Ce sera pour une autre fois, ma chère<br />

Hil<strong>de</strong>.<br />

— Qu'est-ce que tu viens <strong>de</strong> dire? cria <strong>Sophie</strong> en sautant<br />

<strong>de</strong> sa chaise. Tu as dit « ma chère Hil<strong>de</strong> » !<br />

— Je me suis trompé, c'est tout.<br />

— On ne se trompe pas par hasard.<br />

— Tu as sans doute raison. Peut-être que le père <strong>de</strong> Hil<strong>de</strong><br />

est parvenu à parler à travers nous. Je crois qu'il profite <strong>de</strong> la<br />

situation quand il nous sent fatigués et moins armés pour nous<br />

défendre.<br />

— Tu as dit que tu n'étais pas le père <strong>de</strong> Hil<strong>de</strong>. Peux-tu me<br />

jurer que c'est vrai?<br />

Alberto fit un signe <strong>de</strong> la tête.<br />

— Mais Hil<strong>de</strong>, c'est moi?<br />

— Je suis fatigué à présent, <strong>Sophie</strong>. Tu dois comprendre<br />

ça. Cela fait plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux heures que nous sommes ensemble<br />

et j'ai parlé presque tout le temps. Tu ne <strong>de</strong>vais pas rentrer à<br />

temps pour le repas ?<br />

<strong>Sophie</strong> avait l'impression qu'il cherchait à la mettre<br />

<strong>de</strong>hors. Tout en se dirigeant vers la porte d'entrée, elle se<br />

<strong>de</strong>manda encore une fois pourquoi il s'était trompé <strong>de</strong> prénom.<br />

Alberto la raccompagna à la porte.<br />

Sous une petite pen<strong>de</strong>rie où étaient suspendus toutes sortes<br />

<strong>de</strong> vêtements bizarres qui faisaient penser à <strong>de</strong>s costumes <strong>de</strong><br />

théâtre, Hermès sommeillait. Alberto désigna <strong>de</strong> la tête le<br />

chien en disant :<br />

LA RENAISSANCE 247<br />

— Il viendra te chercher.<br />

— Merci pour le cours d'aujourd'hui, dit <strong>Sophie</strong>.<br />

Elle fit un petit saut et embrassa Alberto.<br />

— Tu es le prof <strong>de</strong> philo le plus intelligent et le plus gentil<br />

que j'aie jamais eu, ajouta-t-elle.<br />

Puis elle ouvrit la porte d'entrée. Avant que la porte ne se<br />

referme, elle entendit Alberto lui dire :<br />

— On se reverra sous peu, Hil<strong>de</strong>.<br />

Là-<strong>de</strong>ssus, elle se retrouva livrée à elle-même.<br />

Il s'était encore trompé <strong>de</strong> prénom, oh ! le lâche ! <strong>Sophie</strong><br />

eut furieusement envie <strong>de</strong> remonter frapper à la porte, mais<br />

quelque chose la retint.<br />

Une fois dans la rue, elle se rendit compte qu'elle n'avait<br />

pas d'argent sur elle. Elle allait être obligée <strong>de</strong> faire tout le<br />

chemin du retour à pied. Oh ! zut ! Sa mère lui ferait une <strong>de</strong><br />

ces scènes si elle n'était pas rentrée à six heures...<br />

Elle avait à peine fait quelques mètres que ses yeux tombèrent<br />

sur une pièce <strong>de</strong> dix couronnes sur le trottoir. C'était<br />

exactement ce que coûtait un billet <strong>de</strong> bus.<br />

<strong>Sophie</strong> trouva le prochain arrêt et attendit un bus qui allait<br />

en direction <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Place. De là, elle prendrait un autre<br />

bus qui la ramènerait tout près <strong>de</strong> chez elle.<br />

Tandis qu'elle attendait le second bus sur la Gran<strong>de</strong> Place,<br />

elle se dit qu'elle avait vraiment eu <strong>de</strong> la chance <strong>de</strong> tomber<br />

sur une pièce <strong>de</strong> dix couronnes au moment où elle en avait<br />

besoin.<br />

Et si c'était le père <strong>de</strong> Hil<strong>de</strong> qui l'avait déposée là exprès ?<br />

Quand il s'agissait <strong>de</strong> laisser traîner <strong>de</strong>s objets aux endroits<br />

les plus invraisemblables...<br />

Mais comment s'y prenait-il, s'il était au Liban?<br />

Et pourquoi Alberto s'était-il trompé <strong>de</strong> prénom? Pas seulement<br />

une fois, mais à <strong>de</strong>ux reprises...<br />

<strong>Sophie</strong> en eut froid dans le dos.

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