Le Monde de Sophie - Jostein Gaarder (En pdf) - Oasisfle
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168 LE MONDE DE SOPHIE<br />
Elles se lancèrent quelques vannes et rirent <strong>de</strong> bon cœur<br />
pendant qu'elles traversaient le lac. <strong>Sophie</strong> veilla à bien tirer<br />
la barque sur la rive <strong>de</strong> l'autre côté et elles se retrouvèrent<br />
<strong>de</strong>vant la porte. Jorunn tourna la poignée, mais il était clair<br />
qu'il n'y avait personne dans le chalet.<br />
— C'est fermé... Tu ne t'imaginais quand même pas que<br />
c'était ouvert?<br />
— Attends, peut-être qu'on va trouver une clé, dit <strong>Sophie</strong>.<br />
Elle se mit à chercher entre les pierres du mur.<br />
— Non, allez, on s'en va, dit Jorunn après quelques minutes.<br />
Mais au même instant <strong>Sophie</strong> s'écria :<br />
— Ça y est, je l'ai trouvée !<br />
Elle brandissait triomphalement une clé. Elle la mit dans la<br />
serrure et la porte s'ouvrit.<br />
<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux amies se glissèrent rapi<strong>de</strong>ment à l'intérieur<br />
comme <strong>de</strong>s voleuses. Il faisait froid et sombre à l'intérieur.<br />
— On n'y voit goutte, dit Jorunn.<br />
Mais <strong>Sophie</strong> avait tout prévu. Elle sortit <strong>de</strong> sa poche une<br />
boîte d'allumettes et en gratta une. Cela leur suffit juste pour<br />
se rendre compte que le chalet était complètement vi<strong>de</strong>.<br />
<strong>Sophie</strong> en gratta une autre et eut le temps d'apercevoir une<br />
bougie dans un chan<strong>de</strong>lier en fer forgé posé sur le bord <strong>de</strong> la<br />
cheminée. Elle l'alluma et elles purent enfin inspecter la<br />
pièce.<br />
— N'est-ce pas étonnant à quel point une petite lumière<br />
peut éclairer une telle obscurité? <strong>de</strong>manda <strong>Sophie</strong>.<br />
Son amie acquiesça.<br />
— Mais il existe un endroit où la lumière se perd dans le<br />
noir, poursuivit <strong>Sophie</strong>. <strong>En</strong> fait, l'obscurité n'existe pas en<br />
tant que telle. Elle n'est que l'absence <strong>de</strong> la lumière.<br />
— Mais qu'est-ce qui te prend <strong>de</strong> parler comme ça? Allez<br />
viens, on s'en va...<br />
— Non, on va d'abord se regar<strong>de</strong>r dans le miroir.<br />
<strong>Sophie</strong> indiqua le miroir en laiton resté au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />
commo<strong>de</strong>.<br />
— Qu'il est beau...<br />
— Oui, mais c'est un miroir magique.<br />
LES CARTES POSTALES 169<br />
— « Miroir magique, dis-moi qui est la plus belle ? »<br />
— Je ne plaisante pas, Jorunn. Je t'assure que tu peux regar<strong>de</strong>r<br />
<strong>de</strong> l'autre côté du miroir et apercevoir quelque chose.<br />
— Mais tu m'as dit que tu n'étais jamais venue ici auparavant.<br />
Arrête, ça t'amuse <strong>de</strong> me faire peur?<br />
<strong>Sophie</strong> resta silencieuse.<br />
— Sorry!<br />
Ce fut au tour <strong>de</strong> Jorunn <strong>de</strong> découvrir quelque chose qui<br />
traînait par terre dans un coin. C'était une petite boîte. Jorunn<br />
se pencha pour la ramasser.<br />
— Tiens, <strong>de</strong>s cartes postales !<br />
<strong>Sophie</strong> poussa un petit cri :<br />
— Touche pas à ça ! Tu m'entends ? Touche pas, je te dis !<br />
Jorunn sursauta. Elle laissa tomber la boîte comme si elle<br />
venait <strong>de</strong> se brûler. <strong>Le</strong>s cartes s'éparpillèrent sur le sol. Après<br />
quelques secon<strong>de</strong>s, elle se mit à rire :<br />
— Mais ce ne sont que <strong>de</strong>s cartes postales.<br />
Jorunn s'assit par terre. Elle commença à les ramasser et<br />
<strong>Sophie</strong> aussi.<br />
— Du Liban... du Liban... encore du Liban... Elles ont<br />
toutes été postées du Liban, constata Jorunn.<br />
— Je sais, ne put s'empêcher <strong>de</strong> dire <strong>Sophie</strong> dans un<br />
souffle.<br />
— Tu es donc déjà venue, n'est-ce pas?<br />
— Euh... oui.<br />
Elle se dit qu'après tout ce serait plus simple d'avouer. Quel<br />
mal y avait-il à mettre son amie un peu au courant <strong>de</strong> toutes<br />
les aventures étranges qu'elle avait vécues ces <strong>de</strong>rniers jours ?<br />
— Je n'avais pas envie <strong>de</strong> t'en parler avant d'être ici.<br />
Jorunn s'était mise à lire les cartes postales.<br />
— Elles sont toutes adressées à une certaine Hil<strong>de</strong> M0ller<br />
Knag.<br />
<strong>Sophie</strong> n'avait pas encore regardé les cartes.<br />
— Il n'y a rien d'autre comme adresse?<br />
Jorunn lut à haute voix :<br />
— Hil<strong>de</strong> M0ller Knag, c/o Alberto Knox, Lillevann,<br />
Norvège.