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Le Monde de Sophie - Jostein Gaarder (En pdf) - Oasisfle

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156 LE MONDE DE SOPHIE<br />

400 avant Jésus-Christ. Il avait été l'élève <strong>de</strong> Socrate et avait<br />

surtout retenu la leçon <strong>de</strong> frugalité <strong>de</strong> Socrate.<br />

<strong>Le</strong>s cyniques mettaient l'accent sur le fait que le bonheur<br />

n'est pas dans les choses extérieures comme le luxe matériel, le<br />

pouvoir politique et la bonne santé. <strong>Le</strong> vrai bonheur est <strong>de</strong><br />

savoir se rendre indépendant <strong>de</strong> ces conditions extérieures,<br />

acci<strong>de</strong>ntelles et instables. C'est justement parce que le véritable<br />

bonheur ne dépend pas <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> choses qu'il est à la portée<br />

<strong>de</strong> tous. Et une fois atteint, c'est pour toujours.<br />

<strong>Le</strong> cynique le plus célèbre fut Diogène, qui fut un élève<br />

d'Antisthène. On raconte qu'il vivait dans un tonneau et ne<br />

possédait qu'un manteau, un bâton et un sac pour son pain.<br />

(Difficile dans ces conditions <strong>de</strong> l'empêcher d'être heureux!)<br />

Un jour qu'il était assis <strong>de</strong>vant son tonneau à profiter du soleil,<br />

il reçut la visite d'Alexandre le Grand. Celui-ci s'arrêta <strong>de</strong>vant<br />

le sage et lui <strong>de</strong>manda s'il désirait quelque chose. Diogène<br />

répondit : « Je veux bien que tu fasses un pas <strong>de</strong> côté pour laisser<br />

le soleil briller sur moi. » Il démontra par là qu'il était à la<br />

fois plus riche et plus heureux que le grand conquérant,<br />

puisqu'il avait tout ce qu'il désirait.<br />

<strong>Le</strong>s cyniques pensaient que l'homme ne <strong>de</strong>vait se préoccuper<br />

ni <strong>de</strong> sa propre santé, ni <strong>de</strong> la souffrance, ni <strong>de</strong> la mort. Ils ne<br />

<strong>de</strong>vaient pas non plus se laisser troubler en prêtant attention<br />

aux souffrances d'autrui.<br />

De nos jours, les termes « cynique » et « cynisme » s'emploient<br />

pour exprimer le manque <strong>de</strong> compassion envers<br />

autrui.<br />

<strong>Le</strong>s stoïciens<br />

<strong>Le</strong>s cyniques eurent une gran<strong>de</strong> importance pour les stoïciens<br />

dont la philosophie vit le jour à Athènes vers 300 avant<br />

Jésus-Christ. <strong>Le</strong>ur fondateur fut Zenon, qui était originaire <strong>de</strong><br />

Chypre, mais se joignit aux cyniques à Athènes après que son<br />

navire eut fait naufrage. Il avait coutume <strong>de</strong> rassembler ses disciples<br />

sous un portique. <strong>Le</strong> nom « stoïcien » vient du mot grec<br />

(portique). <strong>Le</strong> stoïcisme exerça par la suite une gran<strong>de</strong><br />

influence sur la culture romaine.<br />

Comme Heraclite, les stoïciens pensaient que tous les<br />

hommes faisaient partie intégrante <strong>de</strong> la raison universelle ou<br />

L'HELLÉNISME 157<br />

du « logos ». Chaque individu est un mon<strong>de</strong> en miniature, un<br />

« microcosme » qui est le reflet du « macrocosme ».<br />

Cela permettait d'établir un droit valable pour tous les<br />

hommes, le « droit naturel ». Parce que le droit naturel est<br />

fondé sur la raison intemporelle <strong>de</strong> l'homme et <strong>de</strong> l'univers, il<br />

ne change pas en fonction du temps et du lieu. Ils prirent ainsi<br />

le parti <strong>de</strong> Socrate contre les sophistes.<br />

<strong>Le</strong> droit naturel est le même pour tous, même pour les<br />

esclaves. <strong>Le</strong>s stoïciens considéraient les livres <strong>de</strong> lois <strong>de</strong>s différents<br />

États comme <strong>de</strong> pâles copies du « droit » inhérent à la<br />

nature.<br />

De même que les stoïciens gommaient la différence entre<br />

l'individu et l'univers, ils rejetaient aussi toute idée <strong>de</strong> contradiction<br />

entre l'« esprit » et la « matière ». Il n'y a qu'une nature<br />

et une seule, disaient-ils. On appelle une telle conception le<br />

« monisme » (en opposition par exemple au « dualisme » <strong>de</strong><br />

Platon, c'est-à-dire au caractère double <strong>de</strong> la réalité).<br />

<strong>En</strong> dignes enfants <strong>de</strong> leur époque, les stoïciens étaient <strong>de</strong><br />

vrais « cosmopolites ». Ils étaient plus ouverts à la culture <strong>de</strong><br />

leur temps que les « philosophes du tonneau » (les cyniques).<br />

Ils soulignaient l'aspect communautaire <strong>de</strong> l'humanité, s'intéressaient<br />

à la politique et plusieurs d'entre eux y jouèrent un<br />

rôle important, comme l'empereur romain Marc Aurèle (121-<br />

180 après Jésus-Christ). Ils contribuèrent à étendre la culture<br />

et la philosophie grecques dans Rome, comme ce fut le cas <strong>de</strong><br />

l'orateur, du philosophe et <strong>de</strong> l'homme politique Cicéron (106-<br />

43 avant Jésus-Christ). C'est lui qui créa le concept d'« humanisme<br />

», c'est-à-dire d'un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie qui place l'individu au<br />

centre. <strong>Le</strong> stoïcien Sénèque (4 avant Jésus-Christ-65 après<br />

Jésus-Christ) déclara quelques années plus tard que « l'homme<br />

est quelque chose <strong>de</strong> sacré pour l'homme ». Cela est resté la<br />

<strong>de</strong>vise <strong>de</strong> tout l'humanisme après lui.<br />

<strong>Le</strong>s stoïciens faisaient d'ailleurs remarquer que tous les phénomènes<br />

naturels — comme par exemple la maladie et la<br />

mort — suivent les lois in<strong>de</strong>structibles <strong>de</strong> la nature. C'est pourquoi<br />

l'homme doit apprendre à se réconcilier avec son <strong>de</strong>stin.<br />

Selon eux, rien n'arrive par hasard. Tout ce qui arrive est le<br />

fruit <strong>de</strong> la nécessité et rien ne sert <strong>de</strong> se lamenter quand le <strong>de</strong>stin<br />

vient frapper à la porte. <strong>Le</strong>s heureuses circonstances <strong>de</strong> la<br />

vie, l'homme doit aussi les accueillir avec le plus grand calme.

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