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Le Monde de Sophie - Jostein Gaarder (En pdf) - Oasisfle

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178 LE MONDE DE SOPHIE<br />

(sagesse), en allemand wissen (savoir). <strong>En</strong> norvégien, nous<br />

avons le mot viten (savoir). <strong>Le</strong> terme norvégien viten a donc la<br />

même racine que les termes vidya en indien, en grec et<br />

vi<strong>de</strong>o en latin.<br />

De manière générale, nous pouvons constater que la vue est<br />

le sens le plus important pour les Indo-Européens. Chez les<br />

Indiens, les Grecs, les Iraniens et les Germains, la littérature a<br />

toujours été caractérisée par <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s visions cosmiques.<br />

(<strong>En</strong>core une fois ce terme <strong>de</strong> « vision » est justement formé à<br />

partir du verbe latin vi<strong>de</strong>o.) Un autre signe distinctif <strong>de</strong>s cultures<br />

indo-européennes, c'est d'avoir sculpté et peint <strong>de</strong>s représentations<br />

et <strong>de</strong>s histoires <strong>de</strong> leurs dieux telles que nous les rapportent<br />

les mythes.<br />

Pour finir, les Indo-Européens ont eu une conception<br />

cyclique <strong>de</strong> l'histoire. Cela signifie qu'ils vivent l'histoire<br />

comme un perpétuel recommencement, une succession <strong>de</strong><br />

« cycles », exactement comme dans le cycle <strong>de</strong>s saisons le printemps<br />

succè<strong>de</strong> à l'hiver. L'histoire ne connaît donc ni commencement<br />

ni fin. Il est souvent question <strong>de</strong> différents mon<strong>de</strong>s qui<br />

naissent et disparaissent dans une succession éternelle <strong>de</strong> vie et<br />

<strong>de</strong> mort.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s religions orientales, l'hindouisme et le<br />

bouddhisme, ont toutes <strong>de</strong>ux une origine indo-européenne.<br />

C'est aussi le cas <strong>de</strong> la philosophie grecque, et nous pouvons<br />

faire plusieurs rapprochements entre, d'un côté, l'hindouisme<br />

et le bouddhisme et, <strong>de</strong> l'autre, la philosophie grecque. De nos<br />

jours, l'hindouisme et le bouddhisme sont fortement marqués<br />

par une réflexion <strong>de</strong> type philosophique.<br />

Dans l'hindouisme et le bouddhisme, on met souvent l'accent<br />

sur l'omniprésence du divin dans tout ce qui est (panthéisme) et<br />

sur la possibilité offerte à l'homme <strong>de</strong> s'unir à Dieu grâce à un<br />

savoir religieux. (Rappelle-toi Plotin, <strong>Sophie</strong> !) Un grand retour<br />

sur soi, c'est-à-dire une méditation, est souvent requis pour y<br />

accé<strong>de</strong>r. <strong>En</strong> Orient, une attitu<strong>de</strong> passive et réservée peut par<br />

conséquent former un idéal religieux. Chez les Grecs aussi,<br />

beaucoup pensaient que l'homme <strong>de</strong>vait vivre en ascète ou<br />

retiré du mon<strong>de</strong> pour le salut <strong>de</strong> son âme. Ce sont <strong>de</strong> telles idées<br />

du mon<strong>de</strong> gréco-romain qui peuvent expliquer <strong>de</strong> nombreux<br />

aspects du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s monastères au Moyen Âge.<br />

On retrouve également dans un grand nombre <strong>de</strong> cultures<br />

DEUX CULTURES 179<br />

indo-européennes la croyance dans la transmigration <strong>de</strong> l'âme.<br />

Pendant plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille cinq cents ans le but <strong>de</strong> la vie a été<br />

pour l'individu <strong>de</strong> se libérer <strong>de</strong> la réincarnation. Nous avons vu<br />

d'ailleurs que Platon croyait lui aussi à la réincarnation.<br />

<strong>Le</strong>s Sémites<br />

Passons à présent aux Sémites, <strong>Sophie</strong>. Nous voici face à une<br />

tout autre culture avec une tout autre langue. <strong>Le</strong>s Sémites viennent<br />

à l'origine <strong>de</strong> la péninsule arabe, mais ils ont aussi émigré<br />

dans différentes parties du mon<strong>de</strong>. Durant plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mille<br />

ans, les juifs ont vécu éloignés <strong>de</strong> leur patrie d'origine. L'histoire<br />

et la religion sémitiques sont allées le plus loin <strong>de</strong> leurs<br />

racines par le biais du christianisme et <strong>de</strong> l'islam.<br />

<strong>Le</strong>s trois religions qui ont influencé l'Occi<strong>de</strong>nt, le judaïsme,<br />

le christianisme et l'islam, ont un fond commun sémitique. <strong>Le</strong><br />

texte sacré <strong>de</strong>s musulmans, le Coran, ainsi que l'Ancien Testament<br />

sont écrits dans <strong>de</strong>s langues sémitiques parentes. Un <strong>de</strong>s<br />

termes <strong>de</strong> l'Ancien Testament pour « Dieu » a ainsi la même<br />

racine linguistique que Allah chez les musulmans.<br />

<strong>En</strong> ce qui concerne le christianisme, c'est un peu plus compliqué.<br />

Bien sûr, le fond est lui aussi sémitique. Mais le Nouveau<br />

Testament a été rédigé en grec, aussi quand la théologie ou la<br />

croyance chrétienne se sont développées, elles ont subi<br />

l'influence <strong>de</strong> la langue grecque et latine, et partant <strong>de</strong> la philosophie<br />

<strong>de</strong> l'époque hellénistique.<br />

<strong>Le</strong>s Indo-Européens croyaient, nous l'avons dit, à toutes<br />

sortes <strong>de</strong> dieux. Pour ce qui est <strong>de</strong>s Sémites, il est frappant <strong>de</strong><br />

constater que très tôt ils ont vénéré un Dieu et un seul. C'est ce<br />

qu'on appelle le monothéisme. Que ce soit dans le judaïsme, le<br />

christianisme ou l'islam, la pensée clé est qu'il n'existe qu'un<br />

seul Dieu.<br />

Une autre caractéristique sémitique est que les Sémites ont<br />

eu une vision linéaire <strong>de</strong> l'histoire. Ce qui revient à dire que<br />

l'histoire est conçue comme une ligne droite. Dieu créa un jour<br />

l'univers et ce jour marque le début <strong>de</strong> l'histoire. Mais un jour<br />

viendra où l'histoire arrivera à son terme, c'est le « Jour du<br />

jugement <strong>de</strong>rnier », lorsque Dieu reviendra juger les vivants et<br />

les morts.<br />

<strong>Le</strong> rôle joué par l'histoire constitue justement un autre trait

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