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Le Monde de Sophie - Jostein Gaarder (En pdf) - Oasisfle

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140 LE MONDE DE SOPHIE ARISTOTE 141<br />

différentes formes réussies d'État. La première est la monarchie,<br />

où il n'y a qu'un seul chef d'État. Pour que cette forme<br />

d'État soit bonne, elle ne doit pas succomber à la « tyrannie »,<br />

c'est-à-dire à la mainmise sur l'État d'un seul dirigeant pour<br />

son bien personnel. Une autre forme d'État est l'aristocratie.<br />

Dans une aristocratie, on trouve un nombre plus ou moins<br />

important <strong>de</strong> dirigeants. Cette forme d'État doit veiller à ne pas<br />

<strong>de</strong>venir un jouet entre les mains <strong>de</strong> quelques hommes <strong>de</strong> pouvoir,<br />

on dirait aujourd'hui une junte militaire. La troisième<br />

forme d'État, Aristote l'appelait<br />

démocratie. Mais cette forme d'État elle aussi a un revers. Une<br />

démocratie peut rapi<strong>de</strong>ment dégénérer en état totalitaire.<br />

L'image <strong>de</strong> la femme<br />

(polis) ce qui signifie<br />

Pour finir nous dirons un mot concernant sa conception <strong>de</strong> la<br />

femme. Elle n'est malheureusement pas aussi sublime que celle<br />

<strong>de</strong> Platon. Aristote n'était pas loin <strong>de</strong> penser qu'il manquait<br />

quelque chose à la femme. Elle était un « homme imparfait ».<br />

Dans la procréation, la femme est passive et reçoit tandis que<br />

l'homme est actif et donne. L'enfant, selon Aristote, n'hérite<br />

que <strong>de</strong>s qualités <strong>de</strong> l'homme. Il croyait que toutes les qualités <strong>de</strong><br />

l'enfant se trouvaient telles quelles dans la semence <strong>de</strong><br />

l'homme. La femme était comme la terre qui se contentait<br />

d'accueillir et <strong>de</strong> faire pousser la semence alors que l'homme<br />

était lui le « semeur ». Ou encore, pour reprendre les termes<br />

d'Aristote : l'homme donne la « forme » et la femme la<br />

« matière ».<br />

Qu'un homme aussi intelligent qu'Aristote puisse se tromper<br />

aussi lour<strong>de</strong>ment sur les rapports entre hommes et femmes est<br />

bien entendu surprenant et tout à fait regrettable. Mais cela<br />

prouve <strong>de</strong>ux choses. Premièrement, Aristote ne <strong>de</strong>vait pas avoir<br />

une gran<strong>de</strong> expérience <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong>s enfants;<br />

<strong>de</strong>uxièmement, cela montre à quel point il est dangereux <strong>de</strong><br />

laisser les hommes entièrement souverains en matière <strong>de</strong> philosophie<br />

et <strong>de</strong> science.<br />

L'erreur <strong>de</strong> jugement d'Aristote sur les hommes et les<br />

femmes fut particulièrement désastreuse, car c'est sa conception<br />

— et non celle <strong>de</strong> Platon — qui prévalut jusqu'au Moyen<br />

Âge. L'Église hérita ainsi d'une conception <strong>de</strong> la femme qui<br />

ne reposait aucunement sur la Bible. Jésus, lui, n'était pas<br />

misogyne !<br />

Je ne t'en dis pas plus! Mais tu auras bientôt <strong>de</strong> mes<br />

nouvelles.<br />

Quand <strong>Sophie</strong> eut lu et relu le chapitre sur Aristote, elle<br />

rangea les feuilles dans l'enveloppe jaune et, jetant un coup<br />

d'œil sur sa chambre, fut frappée du grand désordre qui y<br />

régnait. <strong>Le</strong> sol était jonché <strong>de</strong> livres et <strong>de</strong> classeurs. L'armoire<br />

débordait <strong>de</strong> chaussettes, <strong>de</strong> collants, <strong>de</strong> chemisiers et <strong>de</strong><br />

jeans. Sur la chaise <strong>de</strong> son bureau s'entassaient pêle-mêle <strong>de</strong>s<br />

vêtements à mettre au sale.<br />

<strong>Sophie</strong> sentit monter en elle une irrésistible envie <strong>de</strong> ranger.<br />

La première chose qu'elle fit fut <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>r toutes les étagères<br />

<strong>de</strong> l'armoire. Elle étala tout par terre. Il était important<br />

<strong>de</strong> tout reprendre à zéro. Puis elle s'appliqua à plier soigneusement<br />

tous ses vêtements et à les remettre sur les étagères.<br />

Son armoire en comptait sept. <strong>Sophie</strong> en réserva une pour ses<br />

maillots <strong>de</strong> corps et ses T-shirts, une pour ses chaussettes et<br />

ses collants et une pour ses pantalons. Elle finit par les remplir<br />

toutes les unes après les autres. Elle savait exactement où<br />

ranger chaque chose. Quant aux vêtements qui allaient au<br />

sale, elle les fourra dans un sac en plastique qu'elle trouva sur<br />

l'étagère du bas.<br />

Elle arriva à tout ranger, sauf une chose : un mi-bas<br />

blanc. D'abord il n'y en avait qu'un et <strong>de</strong> plus il n'était pas<br />

à elle.<br />

Elle l'examina sous toutes les coutures. Aucun nom n'était<br />

indiqué, mais <strong>Sophie</strong> avait <strong>de</strong> sérieuses présomptions quant à<br />

l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> sa propriétaire. Elle le jeta sur l'étagère du haut<br />

où se trouvaient déjà le <strong>Le</strong>go, la cassette vidéo et le foulard<br />

en soie rouge.<br />

Puis ce fut au tour du plancher. <strong>Sophie</strong> tria les livres, les<br />

classeurs, les revues et les posters — exactement comme<br />

l'avait décrit le professeur <strong>de</strong> philosophie dans son chapitre<br />

sur Aristote. Quand tout fut enfin rangé, elle fit son lit puis<br />

s'attaqua à son bureau.

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