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Le Monde de Sophie - Jostein Gaarder (En pdf) - Oasisfle

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454 LE MONDE DE SOPHIE<br />

— Mais il n'existe qu'une seule espèce d'homme.<br />

— Oui, car l'être humain a une extraordinaire faculté<br />

d'adaptation quelles que soient les conditions <strong>de</strong> vie extérieures.<br />

Darwin fut frappé <strong>de</strong> voir les Indiens <strong>de</strong> la Terre <strong>de</strong><br />

Feu réussir à vivre dans un tel froid. Cela ne veut pas dire<br />

pour autant que tous les hommes sont semblables. Si les<br />

hommes qui vivent près <strong>de</strong> l'équateur ont la peau plus sombre<br />

que ceux qui vivent plus au nord, c'est parce que leur peau<br />

doit se protéger contre les rayons du soleil. <strong>Le</strong>s Blancs qui<br />

exposent souvent leur peau au soleil risquent davantage<br />

d'avoir un cancer <strong>de</strong> la peau.<br />

— Est-ce un avantage d'avoir la peau blanche quand on<br />

habite au nord ?<br />

— Il faut croire que oui, sinon tous les hommes auraient la<br />

peau foncée. Un type <strong>de</strong> peau blanche permet plus facilement<br />

<strong>de</strong> prendre la vitamine D du soleil, ce qui n'est pas négligeable<br />

sous <strong>de</strong>s latitu<strong>de</strong>s où il y a peu <strong>de</strong> soleil. Cela a moins d'importance<br />

<strong>de</strong> nos jours car nous pouvons compenser les vitamines<br />

du soleil par notre nourriture. Mais rien dans la nature n'est le<br />

fait du hasard. Tout est le fruit d'infimes transformations au fil<br />

<strong>de</strong>s générations.<br />

— C'est extraordinaire, quand on y pense!<br />

— Oui, n'est-ce pas? Bon, je crois que nous pouvons pour<br />

l'instant résumer la pensée <strong>de</strong> Darwin...<br />

— Eh bien?<br />

—... en disant que la « matière première » ou le matériau <strong>de</strong><br />

la vie sur la Terre, ce sont les constantes variations entre les<br />

individus d'une seule et même espèce, et le taux <strong>de</strong> natalité<br />

élevé n'est là que pour permettre aux plus forts <strong>de</strong> se développer.<br />

Ce « mécanisme » ou cette énergie <strong>de</strong> vie à l'origine <strong>de</strong><br />

toute l'évolution, c'est la sélection naturelle dans la lutte pour la<br />

vie. Cette sélection a pour conséquence que seuls les plus forts<br />

ou les « mieux adaptés » survivent.<br />

-— Je trouve que ça paraît aussi logique qu'un calcul en<br />

mathématiques. Quel fut l'accueil <strong>de</strong> ce livre sur l'Origine <strong>de</strong>s<br />

espèces ?<br />

— Il souleva un tollé général. L'Église éleva les protestations<br />

les plus vives ; quant au milieu scientifique anglais, il restait très<br />

partagé. Ce qui au fond n'a rien d'étonnant, si l'on pense que<br />

Darwin avait retiré à Dieu une bonne partie <strong>de</strong> la Création.<br />

DARWIN 455<br />

Certains pourtant firent à juste titre remarquer que c'était plus<br />

extraordinaire <strong>de</strong> créer quelque chose possédant ses propres<br />

facultés <strong>de</strong> transformation que <strong>de</strong> créer une fois pour toutes<br />

chaque chose dans ses moindres détails.<br />

Soudain <strong>Sophie</strong> sursauta <strong>de</strong> sa chaise :<br />

— Regar<strong>de</strong> là-bas! hurla-t-elle en montrant du doigt<br />

quelque chose <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> la fenêtre.<br />

Près du lac, un homme et une femme marchaient main dans<br />

la main. Tout nus.<br />

— C'est Adam et Eve, dit Alberto. Il fallait bien qu'ils acceptent<br />

un jour ou l'autre d'avoir le même <strong>de</strong>stin que le Petit Chaperon<br />

rouge et Alice au pays <strong>de</strong>s merveilles. Cela explique leur<br />

présence ici.<br />

<strong>Sophie</strong> alla à la fenêtre et les regarda se glisser entre les<br />

arbres.<br />

— Parce que Darwin pensait aussi que les hommes <strong>de</strong>scendaient<br />

<strong>de</strong>s animaux ?<br />

— <strong>En</strong> 1871, il publia le livre The Descent of Man and Selection<br />

in Relation of Sex (la Descendance <strong>de</strong> l'homme et la Sélection<br />

sexuelle), traitant <strong>de</strong> la généalogie <strong>de</strong> l'homme. Il montre<br />

toutes les gran<strong>de</strong>s ressemblances qui existent entre les hommes<br />

et les animaux et en conclut que les hommes et les hommessinges<br />

doivent bien <strong>de</strong>scendre d'un ancêtre commun. On venait<br />

à cette époque <strong>de</strong> retrouver les premiers crânes d'Un être<br />

humain, d'abord dans une carrière <strong>de</strong>s falaises <strong>de</strong> Gibraltar et<br />

quelques années plus tard à Nean<strong>de</strong>rtal en Allemagne. Par un<br />

fait étrange, ce livre rencontra moins d'opposition que son premier<br />

livre en 1859 sur l'origine <strong>de</strong>s espèces. Il faut dire qu'on<br />

trouvait déjà en germe dans ce livre l'idée que l'homme <strong>de</strong>scendait<br />

<strong>de</strong> l'animal. Toujours est-il que lorsqu'il mourut, en<br />

1882, Darwin eut droit à <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s funérailles solennelles en<br />

tant que pionnier en matière <strong>de</strong> sciences. '<br />

— Il finit donc par récolter tous les honneurs?<br />

— A la fin, oui- Mais il fut considéré un temps comme<br />

« l'homme le plus dangereux d'Angleterre ».<br />

— Ça alors !<br />

— « Espérons que tout ceci n'est pas vrai, avait dit une dame<br />

comme il faut, mais si cela <strong>de</strong>vait être vrai, espérons que cela<br />

puisse rester entre nous. » Un scientifique d'une certaine notoriété<br />

avait quelque peu exprimé la même chose en disant :

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