Fissuration des mortiers - CSTB
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Étude <strong>des</strong> phénomènes chimiques et physiques agissant sur le comportement <strong>des</strong> <strong>mortiers</strong><br />
peu profonde en surface. De nombreux paramètres influencent la cinétique et l’amplitude de ce<br />
retrait, citons par exemple la contraction Le Chatelier, le ressuage, le taux d’évaporation ou la<br />
taille <strong>des</strong> pores (Turcry 2004 [25]).<br />
Ce retrait peut assez facilement être évité en protégeant la surface du béton de tout séchage<br />
brutal avant la prise.<br />
5.2 Le retrait de <strong>des</strong>siccation<br />
Le retrait de <strong>des</strong>siccation ou retrait de séchage est la conséquence directe de l’évaporation<br />
de l’eau vers l’extérieur du matériau. Il est donc entièrement dépendant <strong>des</strong> conditions en<br />
température, vent et humidité relative extérieure. L’évaporation de l’eau sous forme vapeur<br />
et sa diffusion au travers de la structure va quant à elle, dépendre de la distribution de la<br />
taille <strong>des</strong> pores et de leur connectivité au sein du matériau, mais également de la dimension<br />
de l’échantillon et de la taille de la surface exposée au séchage.<br />
Différentes forces sont responsables du retrait et il est encore aujourd’hui impossible<br />
d’établir une théorie unifiée pouvant expliquer le phénomène sur toute la plage d’humidité<br />
relative. Néanmoins, on peut classer ces forces en trois gran<strong>des</strong> catégories, chacune étant plus<br />
ou moins prédominante à une certaine échelle et pour une plage d’humidité relative interne<br />
donnée, grâce aux travaux de synthèse de Baroghel-Bouny (Baroghel-Bouny 1994 [15]) :<br />
– HR < 40 % : variation d’énergie superficielle du solide. Sur toute la surface solide du<br />
réseau poreux, un film d’eau plus ou moins épais est adsorbé. L’énergie superficielle<br />
du solide notée γ augmente lorsque l’humidité relative diminue. Cette augmentation est<br />
contrebalancée par une contraction de la surface spécifique du solide. Dans le cas de<br />
matériau à grande surface spécifique comme la pâte de ciment, les déformations induites<br />
sont macroscopiques. Wittmann (Wittmann 1968 [26]) a proposé une modélisation analytique<br />
de ces déformations en utilisant la relation de Bangham (1.1), qui exprime le<br />
gonflement du solide dû à l’adsorption d’eau :<br />
∆l<br />
l = λ.(γ0 − γ) (1.1)<br />
Avec :<br />
• ∆l<br />
l : gonflement linéique dû à l’adsorption d’eau<br />
• γ : L’énergie superficielle du solide, avec eau adsorbée [J.m−2 ]<br />
• γ0 : L’énergie superficielle du solide, sans eau adsorbée [J.m−2 ]<br />
• λ : Constante dépendante du matériau [J−1 .m2 ]<br />
– 40 % < HR < 70-80 % : variation de la pression de disjonction. L’action de cette pression<br />
est très bien illustrée par l’expérience de Splittgerber qui est citée comme référence par<br />
de nombreux auteurs comme : (Wittmann 1972 [27]) ou (Buil 1979 [28]). Elle consiste à<br />
mettre en contact une très fine lamelle de quartz sur un support en quartz. Pour une humidité<br />
relative proche de zéro, les deux surfaces sont en contact. Lorsque l’humidité relative<br />
augmente aux alentours de 50 %, l’eau se condense entre les deux surfaces et les écarte<br />
grâce à <strong>des</strong> effets couplés <strong>des</strong> forces de Van der Waals, <strong>des</strong> forces électrostatiques et <strong>des</strong><br />
interractions stériques. L’écartement mesuré augmente avec l’humidité relative. Dès lors,<br />
on comprend que le retrait est simplement la conséquence de la chute d’humidité relative,<br />
diminuant ainsi la capacité de la résultante <strong>des</strong> différentes forces appelée pression de dis-<br />
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