Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE~PRESS REVIEW~BERHEVOKA ÇAPÊ~RNISTA
STAMPA~DENTRO DE LA PRENSA~BASIN ÖZETi
Le Monde - 15 décembre 1993
Les Kurdes sont victimes de plusieurs conflits régionaux
Alors que l'aviation. turque
bombarde par intermittence,
depuis la fin ,novembre, des
cibtes dans le Kurdistan irakien,
déOx attentats, qui pourraient
avoir été commis à l'instigation
du' régime de Bagdad, ont visé,
lundi 13 décembre, des locaux
.d'organisations humanitaires, à
~ouleimanivé, faisant plusieurs
victimes.
Les avion turcs ont attaqué,
lundi 1.3 décembre, des basés du
parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK), dans le nord de
l'Irak, a 'indiqué un responsable
turc à J'agence Reuter. Le raid a
'été mené à la suite d'une attaque
:des séparatistes kurdes de Tur-
,quie, la veille, contre un poste
militaire à Uzumlu, dans la province
de Hakkari. Le 29 novem-
,bre déjà, l'aviation turque avait
;effectué des raids dans le nord de
:l'Irak, contre des rebelles kurdes
~qui«s'apprêtaient à perpétrer des
lactions» sur le territoire turc,
selon la version officielle d'Ankara.
Le Kurdistan irakien est ainsi
devenu l'abcès de fixation des
:conflits qui opposent les régimes
.turc et iranien à leurs' minorités
kurdes. Il est vrai que, placé sous
:le parapluie aérien de la coalition
;occidentale anti-irakienne
ldepuis avril 1991, il est le refuge
d'un certain nombre de combattants
de ces minorités.'
Cela autorise-t-il pour autant,
sans susciter d'autre réaction
öccidentale que verbale - et
encore du bout des lèvres! - les
bombardements aériens et terrestres
auxquels se livrent les Iraniens
et les Turcs? Car quoi
qu'en disent les porte-parole de
Téhéran ou d'Ankara, ces pilonnages
ne sont pas vraiment « chirurgicaux»;
ce sont' des civils
kurdes irakiens qui sont tués ou
blessés. C'est également la souve-
.f.;lineté du territoire irakien qui
est ainsi bafouée. Le 29 novembre
déjà, le représentant du
«gouvernement» kurde irakien à
Paris, Mohamad Ismaïl, s'était
indigné des «al/égations» turques
a,u sujet de la présence du PKK
en territoire irakien. «Il y a environ
deux semaines, et en la présence
d'un 'observateur turc, les
Kurdes 'irakiens ont entrepris un
véritable ratissage de l'ensemble
du Kurdistan, de Zakho jusqu'à la
frontière iranienne. Cela nous a
permis de constater qu'il n'y avait
aucun camp d'entraînement, ni
aucune présence militaire de combattants
du PKK», nous avait
déclaré M. Isman.
Selon lui, le «gouvernement»
kurde irakien respecte à la lettre
l'accord conclu avec la Turquie à
l'automne 1992,. à la suite de la
vaste offensive turque en territoire
irakien contre le PKK. Et
cet accord avait mis fin à la présence
militaire de ce dernier dans
le Kurdistan irakien.
Mais M. Ismaïl demeure perplexe.
Sauf à admettre, dit-il,
qu'il existe au sein du gouvernement
et des forces armées turques
des fractions qui sont hostiles
à de bonnes relations entre
Ankara et les Kurdes d'Irak,
comment comprendre, en effet,
que la Turquie envoie d'une part
une assistance humanitaire à ces
derniers - 13 millions de dollars
ont été consacrés à cette fin - et
.pilonne d'autre part des localités
du Kurdistan.
Car, affirme notre interlocuteur,
ce sont bien des agglomérations
civiles qui ont "té victimes
des raids aériem turcs, le
29 novembre. L'un a visé la localité
de Barzan - à une cinquantaine
de kilomètres de la frontière
turque - au moment même
où les deux principaux dirigeants
kurdes irakiens, Massoud Barzani
et Jalal Talbani, tenaient une réunion
à Silopi, avec des responsables
militaires turcs. Les raids
turcs, précise-t-i1, ont tué quatre
èivils et blessé six a1;1tres.
Les Kurdes irakiens s'inquiètent
au demeurant de la consultation
périodique instaurée entre
Ankara, Téhéran et Damas sur la
situation dans le Kurdistan irakien
dont la «liberté» relative
risque de donner des idées à
leurs propres minorités kurdes.
Indifférence,
des Océidentaux
Sans faire de concessions à la
thèse du «complot», il existe en
effet une certaine similitude entre
le comportement de la Turquie et
celui de l'Iran. Depuis la mi-novembre,
indique M. Isman, il n'y
a plus eu de bombardements iraniens
sur le Kurdistan irakien.
Mais tout laisse à penser que ce
n'est qu'un répit, car depuis le
printemps dernier, l'armée iranienne
a régulièrement pilonné ce
secteur, sous le prétexte qu'il
abrite une base des rebelles
kurdes iraniens.
Selon des témoignages recueillis
l'été dernier par !Jne commission
d'enquête de la Fédération
internationale des ligues des
droits de l'Homme (FILDH) et
de la Fondation France-Libertés,
les Iraniens utilisent l'aviation et
l'artillerie à longue portée.
En juillet dernier il y a même eu
une incursion de l'armée en territoire
irakien. « Nous rapportons
tous les incidents au commandement
militaire de la coalition
occidentale à Zakho. Les Occidentaux
nous affirment qu'ils font
pression par les voies diplomatiques»,
indique M. IsmaïI. Ces
pressions ne paraissent pas très
efficaces.
Les Kurdes irakiens sont d'autant
plus amers que les bombardements
iraniens et turcs ne font
que compliquer une situation
déjà très difficile. A l'instar du
reste de la population irakienne,
les Kurdes demeurent en effet
soumis à l'embargo imposé par la
communauté internationale à
l'Irak, mais qui se double d'un
embargo arbitraire pratiquép.ar
le gouvernement irakien luimême,
qui contrôle la distribution
de l'assistance alimentaire.
Sans oublier les attentats que
les Kurdes irakiens imputent
aussi bien à Bagdad qu'à Téhéran,
selon les circonstances.
Lundi 13 décembre encore, selon
un communiqué de l'organisation
humanitaire Handicap International,
une charge de 10 à 20 kilos
d'explosif, placée à l'intérieur du
centre d'appareillage tenu par
Handicap à Souleimaniyé, a
détruit totalement les locaux et
fait au moins une vingtaine de
victimes parmi les patients. Le
même jour, un attentat à l'explosif
a visé les bureaux de l'organisation
australienne CARE dans la
même ville, blessant grièvement
deux employés.
Handicap international, qui
n'identifie pas les auteurs de ces
attentats, indiquent néanmoins,
que, selon un communiqué du;
contingent de l'ONU eR Irak, des.
combats auraient opposé le
même jour «des partis politiques
rivaux» qui seraient manipulés
« en sous-main par l'Irak ou
l'Iran ».
«Alors que les Kurdes ont été à
l'origine d'une résolution - 'du
Conseil' de sécurité (688) - considérée
par certains comme l'ex.
pression d'un devoir d'ingérence
de la Communauté internationale,
ils ont le sentiment aujourd'hui
d'être tragiquement abandonnés»,
écrit la ,commission'
d'enquête de la FILDH. Les responsables
kurdes irakiens nourrissent
également des craintes de,
voir progressivement réhabilité le
régime irakien, après sa récente
acceptation de la résolution 715
du Conseil de sécurité lui imposant
une surveillance à long
terme de son désarmement. Cela
se fera, disent-ils, aux dépens de
l'ensemble de l'opposition irakienne
et de la minorité kurde en
particulier.
MOU NA NAïM'
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turquie:
Hassana,
village chrétien,
n'existe plus
Le 7 novembre, le maire de Hassana (Kösrali,
en turc), petit village assyrien catholique
de deux cent dix habitants, dans le
sud-est de la Turquie, lançait un appel urgent
à la communauté internationale: l'armée
turque, affirmait-il, a averti que le v.illage
serait bombardé s'il n'était pas évacué
avant le 20 novembre.
La seule réponse à l'appel a été la mise à
exécution de la menace... Dans un communiqué
publié deux jours plus tard à Zurich,
l'organisation de défense des droits de
l'homme, Christian Solidarity International
(CS!) a annoncé que Hassana avait été
rasé et ses habitants provisoireme.nt accueillis
dans les trois villages assyriens qui
subsistent dans cette région où s'affrontent
forces de sécurité turques et militants du
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
L'Association des mésopotamiens de Suisse
a dénoncé pour sa part «l'intolérance
politique et religieuse» de l'Etat turc, l'accusant
de vouloir vider la région de toute
présence chrétienne.