Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi
Le Courrier - 3 (lé(~elllhre 1Y~);3
SOLIDARITÉ
Les défenseurs des droits de
l'homme sont aussi réprimés
Hier à Genève, deux Turcs ont témoigné sur les arrestations arbitraires, les
meurtres Ou la torture organisés par le nouveau Gouvernement turc.
Fin 1991, le nouveau Gouvernement
turc s'était engagé à com-
. battre les violations des droits
de l'homme. Il semblerait
pourtant que depuis deux ans
la police turque aurait intensifié sa
répression et s'en prendrait également
aux défenseurs des droits de l'homme.
Hier à Genève, deux responsables de
l'Association des droits de l'homme de
Turquie (IHD) sont venus apporter de
nouveaux témoignages sur les méthodes
de la police turque. Akin Birdal,
président de l'IHD et Ercan Kanar,
vice-président de la même association
et président de sa section d'Istanbul,
étaient en effet invités par la Ligue
suisse des droits de l'homme, Amnesty
International, le Centre Europetiers-monde
(CETIM) et l'Association
pour la prévention de la torture.
Akin Birdal dresse un macabre bilan
des activités du nouveau Gouvernement.
Ainsi, 17 perSonnes auraient
disparu en garde à vue, plus de 250
seraient mortes lors d'arrestations et
29 pendant la répression de manifestations
pacifiques. Selon lui, la torture
est quotidiennement utilisée et 22 personnes
en sont mortes. La presse est
également dans le collimateur des autorités
puisque 13journalistes et 4 distributeurs
de journaux auraient été
assassinés. Quant au total des
condamnations prononcées contre les
journalistes, il se monterait à une
peine de 222 ans de prison.
Les membres d'associations de défense
des droits de l'homme ne sont
pas à l'abri de cette répression. Tout
récemment d'ailleurs, la section de
l'IHD d'Istanbul.s'est vue poursuivie
en justice par le procureur de la région.
Son crime était d'avoir organisé une
réunion sur le thème de la question
kurde. Cette section risque donc de
devoir fermer ses portes le 7 décem bre,
date du verdict. «Au cours des deux
dernières années, 40 sections de l'IHD
ont été fermées, raconte Ercan Kanar.
Pourtant, elles s'étaient créées conformément
aux lois et avaient des activités
culturelles.» Depuis plusieurs années,
l'IHD a subi d'innombrables
procès, cinq de ses dirigeants ont été
assassinés et IOde ses avocats sont en
prison. Quant au quotidien, il est com-
La répression s'abat également
sur les responsables de droits de
l'homme •.AP.
posé de perquisitions sans mandats,
d'interdictions multiples ou d'arresta- .
tions arbitraires.
NOUVELLES LOIS
Un paquet de lois censé favoriser la
lùtte contre le terrorisme, qui devra
être voté par le Parlement la semaine
prochaine, menace encore plus dure-.
ment l'avenir des défenseurs des droits.
de l'homme. Ercan Kanar explique
que ces lois n'ont pas été concoctées
par des juristes, mais par des généraux ..
Et si elles entrent en vigueur, «Iesjournaux
qui écrivent contre le Gouverne-'
ment seront interdits pendant une année.
Les personnes qui dénoncent les
violations des droits de l'homme à
l'étranger auront une peine de 3 à 6 ans
à leur retour en Turquie. Et les pouvoirs
extraordinaires accordés au gouverneur
de la province kurde seront
étendus à tous les gouverneurs.»
LE PROBLÈME KURDE
Les deux présidents de l'IHD n'oublient
pas de rappeler le problème
kurde (eux-mêmes ne sont pas de cette
nation). «Depuis dix anß, il n'y a pas
de reconnaissance de ce peuple, qui ne
jouit d'aucun droit démocratique. Les
Kurdes se mobilisent donc pour leurs
droits et le Gouvernement répond par
la répression», explique Akin Birdal.
Florian Rochat, membre du CETIM,
rappelle que ce peuple subit une violente
offensive depuis .Ie printemps,
«avec l'accord de l'Occident qui voit
dans la Turquie de nouveaux marchés.
Ce qui se passe en France et .en Allemagne
contre les mouvements kurdes.
est très grave. Ce sont les associations
du tiers-monde qui sont visées, dans le
but d'atomiser l'immigration.»
DENIS INKEI
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