Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETÎ
KURDES
..
Lettre a mon
~ A
eveque
« Je reviens du ministère de l'Intérieur
où je suis allé plaider la
cause d'un jeune résistant Kurde
que j'ai connu à la prison et qui va
être livré par la France aux Turcs.
J'ai dit ma honte aujourd'hui d'être
français.
J'apprends ce soir (20 nov.) que
la police a chassé les Kurdes de
Notre-Dame ... Si cela n'en est pas
une, dites-moi, Père, ce qu'est une
profanation ?
Ce soir, j'ai honte... mais j'ai
beaucoup plus honte que ce matin
à cause de l'Evangile que l'on va
lire dimanche dans le même lieu.
Que penser ? Que croire de tous
ces beaux textes ? J'ai honte et j'ai
mal. Très mal. TIfallait que je vous
le. dise pour essayer de mieux dorrrur.
»
Dominique Frigaux
Aumônier de Prison (Val d'Oise)
Libération - 7 décemhre 1993
Expulsés
de Notre-Dame
« Le dimanche 21 novembre ce
passage de l'Evangile selon St Matthieu
a été lu « J'étais étranger et
VOlL\' m'avez accueilli ».
Le vendredi 19 des Kurdes réfugiés
dans la cathédrale de Paris ont
été expulsés par des CRS à la demande
du clergé de Notre-Dame.
Qu'en pensez-vous Monseigneur
Lustiger ?
En ce qui nous concerne nous
sommes profondément troublés. »
Gabrielle et René Logeay
(Membres ile l'aumônerie de
l'hôpital de Pontoise et de la
Maison d'arrêt du Val d'Oise)
Et. les Kurdes
d'Irak ?
« Suite au dossier très intéressant
sur les Kurdes dans « TC » du 13
TÔlloigllage Chrétien - 4 décembre 1993
novembre, je souhaite apporter
quelques' précisions en tant que présidente
de l'Association « Les
Amis du Peuple Kurde » et auteur
de « Questions sur le Moyen-
Orient, le Kurdistan » 1992, édition
Prospective 21.
En France, l'arrestation massive
de Kurdes de Turquie braque les
projecteurs sur une communauté
déjà fortement éprouvée par la
guerre civile qui règne dans la partie
kurde de Turquie où un peuple
de 15 à 20 millions d'individus (et
non 7 millions) endure les pires sévices
de la part de l'armée turque
qui incendie, bombarde et déporte
les populations de villages et villes,
la dernière en date étant Lice dans
la province de Diyarbakir.
Quant aux Kurdes d'Irak, ils
souffrent d'un double embargo, celui
des alliés dans la guerre du Golfe
de 1991 contre l'Irak et celui du
gouvernement irakien contre la partie
kurde qui, suite à des élections,
s'est dotée d'un gouvernement
d'Union nationale au priiltemps
1992. Tout se passe comme si ce
gouvernement, au regard des alliés,
n'existait pas. La situation des
Kurdes d'Irak est donc liée à la
protection des alliés tant que celleci
s'exercera et, en ce cas, le terme
« d'autonomie » est lui-même sans
fondement réel.
Pour ce qui est des Kurdes iraniens
(les plus nombreux après
ceux de Turquie), après les élections
dans le Kurdistan d'Irak, un
camp de peshmergas iraniens retranché
en zone libre kurde irakienne
a été bombardé par l'Iran sans
protestations de la part des grandes
puissances. Des attentats commis
par les services secrets iraniens sont
perpétrés en Europe, ainsi les assassinats
à Berlin de trois .leaders du
PDKl (Parti démocratique kurde
d'Iran) dont le secrétaire général de
ce parti, M. Sharafkandi. »
Michelle Meyer
Strasbourg (Bas-Rhin)
Lice, ville kurde interdite
Ismail Besikci, emprisonné dans la petite ville d'Iskilip
depuis le 13 novembre, risque 115 années de prison pour
une quarantaine de délits d'opinion. II a déjà passé plus de
doule ans dans les prisons turques sous les régimes
militaires pour «atteinte à l'unité nationale» et «insulte à
la mémoire de Mustafa Kemal".
Les opérations lancées le 22 octobre à Lice (ville kurde
de Turquie) par l'Etat turc ont le mérite de mieux faire
comprendre le système de souveraineté turc. Ces opératio~s
~nitiées au pré!ex.te q~e ~le.sterroristes 01l~tué
WI Kelleral» ont dure cmq a SIX JOurs. Dès le debut
de ces opérations, l'accès à Lice a été interdit, toutes
les lignes téléphoniques coupées, la ville a été complètement
isolée des bourgades et villages des alentours.
La méthode avait déjà été utilisée à Simak, Çukurca, Varto,
Kulp, Yüksekova, Dogubeyazit, etc. (villes kurdes total~ment
ou partiellement détruites par l'arnlée turque depUIS
1992). Les forces étatiques interdisent l'accès à ces agglomérations,
et en deux ou trois jours d'opérations les incendient
et les détruisent. Des annes de guerre comme des
chars, des canons, des obus, des hélicoptères sont utilisées
avec une grande efficacité: Les forces de sécurité présentent
toujours ce genre d'opérations comme «des affrontements
avec le PKK ». (...)
Dans la mort du général Bahtiyar Aydin, deux points méritent
réflexion et analyse. Le premier est que dès l'annonce
PAR ISMAIL BESIKCI *
de cette mort, le PKK a publié un communiqué affinnant:
«Nous n'avollS pas tué le général et aucune un;té de guérilla
n'est re/ltrée à Lice le 22 octobre selon Cem;1 Bayik,
/' UII des commandants de /'ARG K (Année de libération nationale
du Kurdistan, branche militaire du PKK). c'est
/' Etat qui a tué le gélléral. Le deuxième point est la déclaration
faite par le président de la République, Suleyman Demirel,
le 22 octobre à la télévision nationale. Demirel affinne
que le général Bahtiyar Aydin a été tué par une balle
accidentelle. La presse turque n'a fait aucune investigation
sur ces déclarations; elle les a même soigneusement écartées,
ignorées. Même le président de la République, qui apporte
pourtant un soutien fenne à la terreur de l'Etat, a par
sa déclaration pris le soin de ne pas établir de lien entre les
opérations de Lice et la mort du général.
En analysant l'escalade de la terreur d'Etat à Lice, il faudrait
aussi retenir le fait qu'au cours de ces jours les parlementaires
n'ont pas été autorisés à entrer dans Lice. Pendant
les opérations, le président général du Parti républicain
du peuple (CHP, opposition du centre-gauéhe), Deniz BaykaI
se trouvait à Diyarbakir (capitale kurde située à environ
70 km de la ville de Lice). Le 23 octobre, la délégation du
CHP se met en route pour Lice. Elle veut mener sa propre
enquête sur ce qui s'est passé. Elle est accompagnée de
journalistes. A 25 km de Lice, la délégation est arrêtée par
les forces de sécurité qui lui indiquent que l'accès à la ville
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