Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RwISTA
STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi
le messale des opérations « CluysantIJeme» et «Bouge-Bose »
Avec les rafles de novembre, le ministre de j'intérieur, Charles Pasqua, lance
un avertissement allX mouvements clandestins installés dans l'Hexagone
Les noms de code policier des
coups de filet réalisés contre les
islamistes algériens, puis contre les
Kurdes de Turquie, étaient d'inspiration
florale: l'opération «Chrysanthème»
visant les islamistes, le
9 novembre, avait été suivie par
l'opération «Rouge-Rose », le
18 novembre, contre les milieux
kurdes. Adressé aux mouvements
clandestins installés en France, le
message de Charles Pasqua à l'issue
de ces opérations met en avant des
considérations policières, même si
les motivations gouvernementales
sont politiques et les arrière-pensées
diplomatiques.
Evaluées à l'aune policière, les
rafles de novembre ont pourtant
donné des résultats contrastés. L'action
dirigée contre les sympathisants
du Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK) a conduit à l'incarcération
de vingt Kurdes qui ont
été mis en examen pour «association
de malfaiteurs en relation avec
une entreprise terroriste» et
«extorsion de fonds». Presque tous
appartenaient à l'une des deux
associations dissoutes, commentet-on
du côté des enquêteurs: le
Comité du Kurdistan et le Yekkom
leur servaient de paravent; le premier,
comme interface entre le
PKK et les milieux politico-médiatiques;
le second, pour faire fonctionner
un vaste réseau d'extorsion
de fonds prélevant 1'«impôt révolutionnaire»
au profit du PKK, de
gré ou de force, dans la communauté
kurde.
La moisson de documents similaires
saisis lors des perquisitions
'opérées dans une trentaine de
départements - des listes de noms
de Kurdes, commerçants ou parti-
.culiers relativement aisés, avec des
sommes d'argent et des dates en
face de chaque nom, ainsi que des
récépissés de versement et des
talons de chèques - a renforcé cette
conviction, précise-t-on de même
source.
A Montpellier, une liste portant
cinquante-deux noms kurdes a
ainsi été découverte. Au niveau
central, dans l'appartement parisien
de l'un des responsables associatifs
les plus influents de la communauté
kurde, un document manuscrit
récapitulant les sommes
recueillies dans l'Hexagone de janvier
à septembre - 5 millions de
francs à Paris et 2,2 millions en
province - a été découvert. Des
virements de fonds entre la France
et des associations kurdes en
Europe, notamment en Allemagne,
ont été relevés. 11restera à obtenir
les témoignages des «victimes»
d'extorsions de fonds, opérées avec
ou sans menaces physiques. Les
Kurdes soumis au racket s'y refusent
généralement, comme l'attestent
les instructions judiciaires
engagées, à Rouen, à Strasbourg ou
à Paris, contre d'autres militants
kurdes. Enfin, des documents du
PKK ont été trouvés chez .la plupart
des Kurdes écroués, ainsi
que - chez certains d'entre eux -
des échanges de correspondance
avec des chefs historiques de ce
parti.
Réseaux
embryonnaires
L'opération «Chrysanthème»
s'était soldée par un bilan moins
éloquent. Les informations collectées
lors des perquisitions ont
certes permis aux services de renseignement
- la Direction de la
surveillance du territoire (DST) et
les Renseignements généraux (RG)
- de préciser leur connaissance des
milieux favorables au FIS. 11s'agissait
en particulier .de sonder l'importance
prise, en leur sein, par
ceux qui seraient étroitement liés
aux «militaires» du mouvement.
Des éléments concrets - télécopies
ou courriers - prouvant le rôle
de courroie de transmission joué
par la Fraternité algérienne en
France (FAF) auprès des instances
dirigeantes du FIS à l'étranger ont
bien été réunis. Mais trois personnes
seulement ont été écrouées,
et huit assignées à résidence.
Conclusion : les réseaux proches du
FIS n'existent guère qu'à l'état
embryonnaire dans l'Hexagone.
Seule la découverte de composants
électroniques pouvant permettre le
déclenchement d'explosifs à distance,
dans un appartement d'Orléaps,
a pu donner un début de
consistance à l'hypothèse d'une
aide logistique au noyau «militaire»
des Algériens. Tout cela
explique que la FAF n'a pas été
dissoute, pour l'heure, même si ses
principaux acteurs sont désormais
sous haute surveillance policière.
S'appuyant sur ces deux opérations
policières au bilan nuancé,
M. Pasqua a surtout voulu adresser
un « message» aux groupes clandestins
installés dans l'Hexagone. Si
le ministre ne les a pas cités, on
peut considérer que le coup de
semonce s'adressait notamment
aux Basques d'ET A, aux Moudjahidins
du peuple iraniens, aux
Tamouls sri-lankais et aux Sikhs
indiens: « La France n'acceptera
pas, quelles que soient les motivations
ou les idéologies, que soit installée
sur son sol une quelconque
organisation qui ne respecterait pas
les lois de la République ou qui se
livrerait à des activités de nature
terroriste ou délic/uelle, a asséné
M. Pasqua, mardi 30 novembre.
Elle n'acceptera pas que des organisations
puissent entreprendre, à partir
de son sol national, des actions
terroristes ou délictuelles contre
d'autres Etats.»
kurde», dont «chacun sait tes souf
fiances et les difficultés ~~.
Prise quatre jours après l'interdiction
du PKK et de ses satellites
en Allemagne, la décision française
n'en apparaît pas moins comme le
fruit de la campagne diplomatique
lancée par la Turquie en Europe (le
Monde daté 28-29 novembre). Réunis
lundi 29 novembre à Bruxelles,
les ministres de la police des
Douze ont d'ailleurs évoqué les
affaires de terrorisme en Europe,
lors d'une séance à huis clos du
conseil des affaires intérieures.
Paris « n 'a pas /'intention de prendre
parti dans les conflits qui peuvent
opposer un certain nombre de
mouvements kurdes aux gouvernement
des Etats qui sont concernés »,
a indiqué M. Pasqua, au moment
où l'aviation turque bombardait
des positions kurdes en Turquie et
en Irak.
Cette fermeté gouvernementale
risque en tout cas d'aviver les
menaces terroristes contre des ressortissants
ou des intérêts français.
Du côté islamiste, les risques d'attentats
sont 'd'abord évidents sur le
territoire algérien. Du côté kurde,
les spécialistes français de la lutte
antiterroriste ont observé avec
inquiétude la simultanéité des
attentats commis ces derniers
mois - en France et en Angleterre,
Politiquement, Charles Pasqua
fait le pari d'un soutien populaire à
une stratégie de fermeté contre les
étrangers qui ne respectaient pas - en Suisse et au Danemark - contre
la police le savait depuis des des intérêts turcs (des locaux
années - les lois républicaines. Au consulaires ou des agences bancaires);
cette capacité d'actions à
risque, bien sûr, de raviver les
réflexes xénophobes de ceux qui caractère militaire inquiète d'autant
sont prompts aux amalgames communautaires.
Le ministre prend més à la dure loi du marxisme-léni-
plus qu'elle émane de militants for-
pourtant soin de justifier son action nisme de guerre. Or, les menaces
contre le PKK en soulignant « la du PKK ont déjà été exprimées
pression constante accompagnée après l'interdiction prononcée en
d'utilisation de moyens qui confinent
à la terreur pour extorquer des le Front de libération nationale du
Allemagne: sa branche politique -
fonds à la communauté kurde [qui Kurdistan - avait alors annoncé
a] le droit de vivre en liberté et en que «l'Allemagne et les intérêts allemands
[allaient] attirer la colère du
sécurité sur notre territoire, sous la
protection de nos lo;s». M. Pasqua peuple kurde», dans un communiqué
diffusé vendredi 26 novembre
parie aussi sur la démobilisation
d'une gauche française, qui pouvait à Paris par le Comité du Kurdistan.
Si des menaces devaient viser
difficilement manifester de la sympathie
pour des islamistes partisans la France, elles ne passeraient plus
du FIS, mais pourrait se montrer par le truchement de cette organisation,
puisque le Comité du Kur-
plus solidaire avec les opprimés du
Kurdistan. 11a donc précisé que les distan est à présent dissous.
dissolutions n'étaient « en aucune
ERICH INCIYAN
façon dirigées contre le peuple
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