Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

ndevrait regrouper les islamistes
chiites et les nationalistes
arabes, aujourd'hui violemment
anti-oœidentaux.
- Si l'ONU décidait de lever
l'emburo pétrolier SUI
l'Irak, quelles seraient les répereuIIiona
pour la popalatiCIII,
qui 80IIffre aujoard'hu i
terril:ll--t?
- Cela accroîtrait la marge de
manœuvre de SaddamHussein ,
npourrait organiser la pénurif
dans telle région, l'abondanœ
dans telle autre. Cela a toujour; ,
été sa stratégie: développer un
territoire contre un autre.
Aujourd'hui, on trouve de tout i:;
Bagdad, à condition d'avoir l~
moyens. Lafrontière avec l'Iran
est grande ouverte. Qui 11
aujourd'hui la haute main sur
la distribution des denrées alimentaires?
Le clan de Saddam
qui s'est approprié les réseaux
d'approvisionnement ,PrivéS.
La levée de l'embargo n entraînera
pas une amélioration du
niveau de vie mais un durcissement
du régime qui aura reçU le
signal clair de sa reconnaissance
par l'Occident.
Recueilli par
Jean-Christophe PLOQUIN
(1) Les chiites représentent environ
40 % de la populaqon irakienne et
sont ~ .811. awl dll pays;
~
La Croix - 16 décembre 1993
IITEIVIEW
Pierre Martin
Spécialiste de l'Irak
Patiemment, le régime
irakien se rapproche
des g6uvernemebts
occidentaux.
Peut-il se targoer
diun changement dans
sa politique de répresBion à
l'égard de sa propre population?
Pierre Martin : Certainement
pas. La situation est particulièrement
grave aujourd'hui
dans le sud du pays, à dominance
chüte (1), où des campagnes
militaires se poursuivent.
L'opposition a affirmé, en septèinbre,
que des gaz toxiques
avaient été utilisés par l'armée
itakienne. C'est . certain.
Unemissiondel'~ qui s'est
rendue à la frontière irako-iranienne
a estimé ne pas pouvoir
confirmer. L'absence d'une
colllÙlrnnation par les Nations
Unies, alors même que l'Irak
estcensé, sous leur supervision,
se débarrasser de tout son arsenal
chimique, est très grave.
Cela signifie que de tels agissements
peuvent se réitérer. La
situation des chütes est aujourd'hui
alarmante. Environ
lOOfXH:m 2 de terre'ontété lISBér
chés entre Amara, Nasiriyya et
Bassorah, jusqu'à la frontière
iranienne. Et une lente normalisation
entre Téhéran et Bagdad
rend plus délicat l'accueil
par l'Iran de réfugiés irakiens.
Depuis plusieurs mois, des
purges frappent en outre l'appareil
sunnite, qui constitue
"~on
des chiites
est particulièrement
alarmante
pourtant l'assise de Saddam
Hussein. Deux vagues, au printemps
et en août, ont particulièrement
tôuché deux fiefs de
Saddam, Tikrit, sa ville natale,
et MoSsoul. Les purges visaient
notamment des militaires. n
semble qu'il y ait des luttes de
clans dont sortiraient vainqueurs
lesMajid, proches, par le
sang, de Saddam. La répression
touche aussi des notables traditionnels
: l'un des cheikhs de la
tribu des Shammar a été récemment
exécuté dans la Djezireh,
une région frontalière de la Syrie;
ou des religieux: des oulé-
'mas ooté.tétfl~~ Jlbur
avoir critiqué les programmes
du réseau privé de télévision appartenant
à Odaï, l'un desfils de
Saddam, .et qui diffuse beauco~p
de feuilletons américams
...
-Qu'enest-ildesK~qui
contrôlent le nord de l'Irak
80usla surveillance aérieone
des OccioonUiu:?
- Ds sont toujours soumis à
un embargo irakien même s'ils
viennent de signer un aœord
avec Bagdad leur permettant
d'acheter du fuel en Irak. De
plus en plus, les alliés occidentaux
leur conseillent de reprendre
contact avec Saddam. Ce
qu'ils ont fait. Eux qui figuraient
parmi les plus ardents
défenseurs des positions américaines
et européennes, au sein
de l'opposition irakienne, réévaluent
leur position. Le soutien
de la Turquie, seule fenêtre
sur l'extérieur, leur paraît
moins acquis car l'opinion et le
Parlement turcs poussent à une
reprise des relations diplomatiques
entre Ba2dad et Ankara.
Par ailleurs, les Kurdes ont
réinterprété l'attitude des
États-Unis.
Malgré les visites répétées de
dirigeants de l'opposition à
Washington, ceux-ci estiment
que l'administration Clinton
considère en fait le régime de
Saàdam séDmme 'SOnl:t~l,
«La levée de l'embargo provoquera un durcissement du régime»
interlocuteur. L'envoi de quelques
missiles Cruise sur Bagdad,
au printemps, constituait
en fait une sorte qe dialogue
dans lequel les Etats-Unis
fixaient quelque limites à Bagdad.
Cela est aujourd'hui très
clair pour les Kurdes.
- L'oppositionirakieunereprésente-t-elle
aujourd'hui
une alternative cftdible au
régime de s.t.dam.?
- On assiste à l'effondrement
des tendances pro«cidentales.
Le Congrès national irakien,
basé à Londres et qui aréussiun
temps à réunir la plupart des
grandes organisations de résis-
. tance kurdes, chiites ou nationalistes
arabes, est aujourd'hui
déserté. Les Kurdes font cavalier
seul et un Front patriotique
est en constitution sous le patronage
de la Syrie et de l'Iran.
Une intégrité territoriale souhaitée
par l'Occident
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