Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RwISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN OZETÎ
Turquie
Députés et journalistes kurdes
sous la menace
~
0'1-
Quatre élus du Parti de
la démocratie risquent
la peine de mort. Un
j(luTl..a1d'Istanbul est
suspendu: Leur crime
est de dénoncer la
répression et de prôner
une solution politique.
LA commission de la
Constitution et de la Justice
de l'Assemblée nationale
turque a demandé,
jeudi, la levée de l'immunité
parlementaire de quatre des députés
kurdes du Parti de la démocratie
(DEP). Leur groupe
comprenait dix-huit élus jusqu'à
l'assassinat de Mehmet Sincar,
le 4 septembre dernier, par un
escadron de la mort.
Hatip Diele, le président du
parti, Leyla lana, Ahmet Turk
et Mahmut Alinak risquent
d'être inculpés de sédition et
passibles de la peine capitale. Le
procureur de la Cour de sûreté
de l'Etat d'Ankara entend en
poursuivre un cinquième que la
commission parlementaire a,
pour l'instant, refusé de sanctionner.
Depuis leur élection en 1991,
les Kurdes sont en butte à l'hostilité
des autres membres de
l'Assemblée. Gens de droite ou
sociaux-démocrates, les députés
font tous assaut de nationalisme.
Ils refusent un règlement
politique de la question kurde
que préconise le DEP. rintimidation
n'ayant pas réussi à les
faire taire, le pouvoir les accuse
d'appartenir au Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK),
qui anime la lutte armée dans le
sud-est de l'Anatolie.
Les quatre élus menacés nient
catégoriquement tout lien avec
le PKK. Lors du congrès du
DEP qui, ce mois-ci, l'a élu à sa
présidence, Hatip Diele a néanmoins
souligné l'évidente représentativité
du PKK. Ces propos
raisonnables sont jugés par le
gouvernement de M'" Tansu Ciller,
le président Souleyman Demirel
et l'état-major militaire
comme la preuve évidente d'une
activité subversive et terroriste.
« Notre pays est transformé
en un bain de sang. Chaque
jour, des dizaines de personnes
sont assassinées », déclarait, le
23 novembre dernier. à Paris,
Sirri Sakik .. député du DEP,
venu, à l'invitation de la Ligue
des droits de l'homme, témoigner
avec son collègue Sedat
Yurtdas de la répression saue
vage exercée par l'Etat turc. En
plus de Mehmet Sincar, huit autres
dirigeants du DEP ont été
tués depuis juin dernier par les
militaires. Quarante-sept autres
membres de cette formation
- interdite au printemps dernier
sous le nom de Parti du
travail du peuple et à nouveau
légale sous l'appellation de
Parti de la démocratie - ont
été exécutés par les tueurs à la
solde d'Ankara.
La Cour de sûreté de l'Etat
d'Istanbul a ordonné, jeudi, la
fermeture pendant quinze jours
du quotidien « Ozgur Gundem
», qui exprime le point de
vue de la communauté kurde.
Le rédacteur en chef et le directeur
de la publication ont été
inculpés. Six autres membres du
personnel sont encore détenus.
Depuis le début de sa parution,
en avril 1992, ce journal, distribué
à 30.000 exemplaires environ,
a été saisi deux cents fois,
poursuivi soixante-dix fois et
frappé d'amendes s'élevant à des
millions de livres turques. Seize
de ses journalistes et distributeurs
ont été assassinés. Quatre
de ses directeurs successifs sont
emprisonnés. Le pouvoir lui reproche,
cette fois-ci, d'avoir publié
une interview d'Abdallah
Ocalan, le principal dirigeant
du PKK. De là à présenter
« Ozgur Gunden » comme l'organe
du parti qualifié de terroriste,
il n'y avait qu'un pas, aisément
franchi par la justice
turque. rétat-major exige que
le journal soit interdit.
Un journal
appelle à l'aide
A la suite de la perquisition menée
le 10 décembre dernier au
siège central du quotidien « Ozgur
Gundem », à Istanbul, et
dans ses bureaux de province,
l'équipe rédactionnelle, des
journalistes et des écrivains
connus en Turquie ont lancé un
appel à l'aide à leurs collègues
européens. Ils leur proposent :
- de venir travailler quelque
temps à la rédaction du
journal menacé de fermeture;
- d'envoyer des articles
contre toute forme d'atteinte à
la liberté de la presse qui seront
publiés par le quotidien d'Istanbul;
- de dénoncer dans leur~
journaux les atteintes aux droits
de l'homme en Turquie.
La suspension d'« Ozgul
Gundem », l'inculpation de
deux des dirigeants de la rédaction,
1£ maintien en garde à vue
de plusieurs de ses employés rendent
cette aide encore plus urgente.
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