L'évaluation des politiques publiques urbaines. - Centre de ...

En introduction aux travaux de ce colloque, Anicet Le Pors, secrétaire d’Etat chargé de la
Fonction publique et des réformes administratives, soulignait d’emblée que : « la définition
même du champ et du contenu du présent thème ne sont pas exempts de difficultés, ce que
les travaux rassemblés ici soulignent d’ailleurs fort bien, manifestant d’emblée nombre de
contradictions. Mais enfin, le parti pris de quantification que suggère « l’évaluation » et
l’identification de l’objet : « les politiques publiques », ont au moins le mérite d’une certaine
simplicité solide qui ne peut manquer de caractériser les écrits sur le sujet ». Par ailleurs, il
rappelait d’emblée que la réflexion sur l’évaluation a pris corps dans un contexte de
crise grave affectant les bases matérielles de nos sociétés développées, mais aussi
tous les secteurs de la vie sociale.
Dans un tel contexte, un certain nombre d’interrogations surgissent :
- Mettre d’emblée l’accent sur l’évaluation, souvent considérée ex post, n’est-ce pas
accepter de s’installer de façon privilégiée dans une optique de gestion de la
pénurie, au risque de négliger l’essentiel : la définition et l’évaluation de politiques
nouvelles susceptibles de contribuer à la recherche d’une issue à la crise En arrière-plan
de toute évaluation (ex ante ou ex post), il importe de ne jamais perdre de vue qu’il y a
l’appréciation de l’utilité sociale et du coût social des politiques publiques.
- N’y a-t-il pas un risque à établir presque naturellement un lien entre les notions
d’évaluation et de contrôle Il importe de bien distinguer ces deux fonctions, pour ne pas
courir le risque, sous prétexte de contrôle, de flatter en même temps la propension à
l’autoritarisme au détriment de la recherche patiente de solutions fondées sur le dialogue
permanent entre les différents acteurs de la prise de décision et de la mise en oeuvre que
devrait précisément favoriser la démarche évaluative
- N’y a-t-il pas une contradiction entre la volonté ostensiblement affichée d’évaluation
des politiques publiques et le peu d’intérêt généralement porté à l’évaluation des
fonctions collectives et particulièrement à l’instrument qui les met en oeuvre et les
coordonne : la fonction publique. Il ne faut pas hésiter à ouvrir le débat sur la fonction
publique considérée comme lieu de création de services, voire de quelques produits
marchands : la fonction publique met en oeuvre des forces de travail, consomme des biens
intermédiaires et utilise du capital fixe et, par ce qu’on pourrait qualifier comme étant « sa
fonction de production », transforme ces ressources humaines et matérielles en services
public nécessaires à la reproduction de la société.
Ces interrogations accumulées ne doivent cependant pas faire obstacle à la nécessité
d’évaluer, mais peuvent utilement éclairer le choix de la démarche évaluative à privilégier en
matière d’évaluation de politiques publiques, qui ne peut se réduire à une évaluation ex post
(a posteriori) : il doit s’agir d’une évaluation in itinere (en continu), réalisant avec les
rétroactions nécessaires entre réflexion et action le bouclage effectif de la préparation des
décisions, du suivi de leur exécution et de l’appréciation de leur impact. Une telle démarche
évaluative s’accorde pleinement avec une approche systémique permettant d’apprécier une
politique dans l’ensemble de ses dimensions en la situant par rapport aux autres politiques
poursuivies et/ou envisagées et en développant la concertation entre tous les acteurs qui
conçoivent, élaborent et appliquent les politiques publiques.
• Des avancées significatives
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