L'évaluation des politiques publiques urbaines. - Centre de ...

METHODES ET OUTILS D’EVALUATION
Michel Setbon (CNRS, membre du GAPP à l’ENS de Cachan) souligne, dans son
introduction à l’ouvrage issu du colloque sur l’évaluation des politiques publiques tenu à
Cachan en février 1997 17 , que : « La méthodologie représente un problème et un enjeu vers
lequel convergent bien des attentes et des contraintes de l’évaluation. L’importance qui lui est
accordée traduit un dilemme stratégique qui pourrait se résumer de la façon suivante :
comment parvenir à concilier l’indispensable robustesse de la liaison méthodologie-résultats
qui exige des compétences expertes affirmées et l’ouverture plus ou moins large de
l’évaluation à des acteurs impliqués par la politique publique évaluée et par ses résultats La
fragilité des fondements méthodologiques expose à la contestation des résultats, la
fermeture de la démarche d’évaluation aux non-experts risque d’en détourner ceux que ses
résultats concernent ».
Au cours de l’analyse à laquelle nous venons de nous livrer, présentant la prise de
conscience progressive :
- de l’importance et de la nécessité de l’évaluation,
- de la mise en place en place des théories et des pratiques,
- puis des outils administratifs et professionnels indispensables,
nous avons vu surgir nombre d’éléments et de principes relevant de la méthodologie et des
techniques d’évaluation.
Ce chapitre propose un retour synthétique sur un certain nombre de principes, de méthodes
et de techniques d’évaluation incontournables, regroupés par grands thèmes et propose un
certain nombre d’éclairages conceptuels et théoriques. Il aurait pu s’intituler, en reprenant ce
titre au Rapport Viveret : « Clarifier et distinguer ».
CHARGES D’EVALUATION ET INSTANCES D’EVALUATION
« Définie comme fonction et enjeu du processus démocratique, l’évaluation de l’action
publique ne peut se réduire à un métier spécifique : la société politique ne peut se dessaisir
de ses responsabilités en confiant à un corps de professionnels de l’évaluation la tâche de
porter des jugements sur la valeur d’une action publique au nom d’un pur savoir technique.
Cependant, la qualité scientifique des évaluations exige la mise en oeuvre de compétences
spécifiques et un réel professionnalisme de la part de ceux qui sont chargés de conduire de
telles études » 18 . Patrick Viveret soulignait ainsi, dès 1989, la nécessité de distinguer les
fonctions professionnelles de ceux qu’il nommait les « chargés d’évaluation », du rôle des
« instances d’évaluation », qui ont vocation à porter un jugement sur la valeur d’une politique
en utilisant les matériaux rassemblés par les professionnels et disposent pour cela d’une
légitimité démocratique directe (Gouvernement, Parlement, Juridictions administratives,
17 KESSLER Marie-Christine(sous la direction de), LASCOUMES Pierre, SETBON Michel, THOENIG Jean-
Claude, Evaluation des politiques publiques, Paris, L’Harmattan, 1998 (CDU 36795)
18 VIVERET Patrick, L’évaluation des politiques et des actions publiques. Propositions en vue de l’évaluation du
Revenu minimum d’insertion, rapport au Premier ministre, Paris, La Documentation française (Coll. des
Rapports officiels), 1989 (CDU 22363)
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