L'évaluation des politiques publiques urbaines. - Centre de ...
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privilégiée pour contribuer à la rénovation du service public et à la mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong><br />
l’Etat. La définition <strong>de</strong> l’évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>politiques</strong> <strong>publiques</strong>, donnée par le décret <strong>de</strong> janvier<br />
1990 4 , insiste ainsi sur la mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> effets : « évaluer les <strong>politiques</strong> <strong>publiques</strong> consiste à<br />
mesurer les effets qu’elles engendrent et à chercher si les moyens juridiques, administratifs<br />
et financiers mis en oeuvre produisent les effets qu’on en attend ».<br />
La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante d’évaluation s’explique par l’élargissement du rôle <strong>de</strong> l’Etat et surtout<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> collectivités locales, par la crise <strong><strong>de</strong>s</strong> dépenses <strong>publiques</strong> et le développement <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
sciences humaines au service <strong>de</strong> la clarification <strong><strong>de</strong>s</strong> décisions <strong>publiques</strong> pour faire face aux<br />
risques d’immobilisme et <strong>de</strong> gaspillages d’une politique reconduite sans évaluation. On prend<br />
conscience alors que toute politique peut avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> effets inattendus ou pervers qu’il importe<br />
<strong>de</strong> déterminer et <strong>de</strong> corriger. Les contrôles administratifs portant sur la régularité <strong>de</strong><br />
l’utilisation <strong><strong>de</strong>s</strong> fonds publics, les estimations spontanées <strong>de</strong> l’efficacité <strong><strong>de</strong>s</strong> gestionnaires, les<br />
statistiques et les données quantitatives sont impuissants à donner la mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages<br />
et <strong><strong>de</strong>s</strong> inconvénients d’une politique. Quant aux étu<strong><strong>de</strong>s</strong> et recherches menées par<br />
l’administration, elles fournissent <strong><strong>de</strong>s</strong> constats et non <strong><strong>de</strong>s</strong> évaluations. « Au total, ce n’est<br />
qu’au moment où l’on prend conscience <strong><strong>de</strong>s</strong> effets d’une politique et qu’on les analyse<br />
que cette politique existe véritablement : l’intérêt profond <strong>de</strong> l’évaluation est d’obliger le<br />
déci<strong>de</strong>ur à prendre la mesure <strong><strong>de</strong>s</strong> conséquences <strong>de</strong> ses actes, donc <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r par la suite<br />
en connaissance <strong>de</strong> cause » 5 .<br />
UN OUTIL DE REMISE EN CAUSE DIFFICILE A MANIER<br />
ET POTENTIELLEMENT RISQUE<br />
Cela explique, pour une part, que l’évaluation reste malgré tout une pratique encore peu<br />
répandue et que le mot lui-même fasse peur et soit trop souvent compris comme synonyme<br />
<strong>de</strong> sanction. Incontestablement, l’évaluation est un outil <strong>de</strong> remise en cause difficile à manier<br />
et potentiellement risqué. Vingt ans après la prise <strong>de</strong> conscience qui a eu lieu dans notre<br />
pays au début <strong><strong>de</strong>s</strong> années 80 cela explique la relance, à tous les niveaux <strong>de</strong> l’Etat, qui<br />
caractérise la fin <strong><strong>de</strong>s</strong> années 90.<br />
En effet, les obstacles et les difficultés ne diminuent en rien l’importance cruciale <strong>de</strong><br />
l’évaluation dans la gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> collectivités <strong>publiques</strong>. Les responsabilités nouvelles<br />
dévolues aux collectivités territoriales par les lois <strong>de</strong> décentralisation et les contraintes<br />
budgétaires accrues les confrontent à <strong><strong>de</strong>s</strong> choix inédits pour elles et à la nécessité <strong>de</strong> gérer<br />
au mieux <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources toujours trop faibles par rapport aux besoins et à la difficulté<br />
d’assumer les aléas <strong>de</strong> l’expérimentation. De plus, le recours <strong>de</strong> plus en plus généralisé à la<br />
contractualisation renforce la nécessité et l’importance <strong><strong>de</strong>s</strong> procédures d’évaluation.<br />
Certaines <strong>politiques</strong> présentées comme contractuelles ne seraient que <strong><strong>de</strong>s</strong> directives<br />
décidées a priori, si elles n’étaient accompagnées d’analyses réelles <strong>de</strong> la situation locale du<br />
moment, ou bien si elles se contentaient d’obéir aux pressions d’acteurs particulièrement<br />
déterminés. L’absence d’évaluation interdit <strong>de</strong> savoir dans quelle mesure la politique prévue a<br />
été réellement mise en oeuvre, et comment elle pourrait être améliorée.<br />
L’évaluation a ainsi vocation à <strong>de</strong>venir un outil d’accompagnement <strong>de</strong> l’action politique et<br />
administrative.<br />
4 Décret n° 90-82 du 22 janvier 1990 (JO du 24 janvier 1990), portant création du Comité interministériel <strong>de</strong><br />
l’évaluation<br />
5 MOULINIER Pierre, L’évaluation au service <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>politiques</strong> culturelles locales : éléments pour la réflexion et<br />
l’action, Département <strong><strong>de</strong>s</strong> étu<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong>de</strong> la prospective du ministère <strong>de</strong> la Culture (DEP)/Observatoire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
<strong>politiques</strong> culturelles, Paris, La Documentation française (Collection du DEP), 1994 (CDU 30451)<br />
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