L'évaluation des politiques publiques urbaines. - Centre de ...

commande, négociation préalable des conditions de réalisation et, d’autre part, des
différentes postures des chargés d’évaluation.
• Evaluation et recherche
Fruit indirect de ce séminaire, il convient de renvoyer au numéro spécial des Annales de la
recherche urbaine consacré à l’analyse des rapports qu’entretiennent l’évaluation et la
recherche. Anne Querrien souligne dans son avant-propos que : « l’évaluation dans la
mesure où elle se fait locale, où elle se confronte à la singularité des territoires, non
seulement dans leur dimension de victimes de la crise, mais également dans leurs
productions originales, renoue avec la tradition ethnographique et analyse la force des
singularités locales autant que les effets des politiques centrales. Dotée d’un temps suffisant
pour se mener correctement et d’un espace de publication, elle peut ouvrir une voie au
renouvellement des sociétés urbaines. La réponse à la commande des initiateurs de
politiques publiques soucieux de mesurer les effets de leurs actions, ou d’abord de connaître
leurs points d’application, produit une photographie de la réalité sociale d’aujourd’hui et donne
une base à la réflexion sur les réformes de demain. C’est ainsi qu’une grande enquête,
diligentée sur les besoins de l’école par Victor Duruy en 1866 a permis à Jules Ferry de
fonder l’école de la République en 1882, et fait aujourd’hui les joies des historiens et amateurs
d’archives » 37 .
L’EVALUATION DES REGIES DE QUARTIER
Avec l’évaluation des Régies de quartier on est passé, selon la formule de Claire Gillio 38 , de
l’expérimentation à la généralisation. De 1985 à 1989, en s’appuyant sur l’expérience de
l’Alma-Gare à Roubaix, un groupe de pilotage réuni autour de la Commission nationale de
développement des quartiers (CNDSQ) et du Plan urbain a initié un programme expérimental
de « Régies de quartier », dispositifs le plus souvent associatifs, mettant en oeuvre le travail
rémunéré des habitants pour assurer des tâches de gestion quotidienne : entretien,
surveillance, accueil des nouveaux locataires... Avec le concours de chercheursexpérimentateurs,
cette évaluation transversale à plusieurs sites a accompagné le processus
d’expérimentation, avec l’objectif de vérifier dans quelle mesure cette initiative permettait de
répondre à trois ordres de préoccupations : améliorer la gestion de proximité, favoriser le
développement économique local et l’insertion sociale et professionnelle, faire du quartier le
niveau de régulation des politiques sociales.
L’évaluation a constitué une aide à la formalisation et à la conceptualisation de la réflexion
collective par une mise en relation régulière des porteurs de projets, animateurs de régies ou
« équipes-pilotes ». Elle s’est attaché à estimer, à un moment donné, les résultats
d’opérations déterminées ; à assurer le suivi, c’est-à-dire le repérage et le décryptage des
évolutions de ces opérations ; à analyser chacune d’entre elles, tout en visant à dégager une
problématique et les interrogations qui en découlaient.
Cette démarche a mis en évidence les difficultés liées aux différences de temporalités, dans
la mesure où la mission de suivi-évaluation s’est achevée alors que le processus se
développait avec la généralisation des Régies de quartier à travers la constitution d’un Comité
national de liaison des Régies de quartier (CNLRQ). Responsable de l’évaluation du dispositif
37 QUERRIEN Anne, Evaluation et recherche, Annales de la recherche urbaine, n° 47, juin-juil. 1990 (CDU)
38 GILLIO Claire, Gros plan sur expérimentation et évaluation, Les Chroniques du Plan urbain, n° 5, avril 1993.-
pp.4-11 (CDU)
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